Chapitre 2

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Hans

Assis à l'arrière du camion je regardais l'horizon plongé dans mes rêveries.

La journée avait été forte en émotions. J'avais participé à ma première rafle. Sans rien pouvoir faire.

J'aurais voulu ne jamais voir tous ces hommes, ces femmes et ces enfants se faire emmener sur le chemin de la mort avec pour seul prétexte à cet enlèvement leur religion.

Je n'ai jamais voulu suivre les pas de mon frère Klaus que tous admirent, que tous envient.

C'était lui qui m'avait envoyé ici, qui m'avait fait intégrer la SS, pour ma protection, pour m'éviter la mort au front. Étant donné qu'il était proche d'Hitler, il possèdait énormément de privilège. Mais je ne voulais pas de cette vie, de ces choix qui n'étaient pas les miens. J'étais un peu comme une marionnette qui en avait assez de se laissait tirer les ficelles.

Arrivé au poste, je m'assis sur une des chaises tout en écoutant les récits de mes camarades. Ils étaient tous plus agés et possèdaient plus d'expérience. Julian avait même participé à la première guerre mondiale en tant que soldat. C'est pour vous dire si ces hommes étaient à eux-mêmes de vrais livres d'histoire.

Pour eux j'étais le petit frère, le novice, celui sans expérience à qui on apprenait tout.

Notre chef Gustav commença à nous donner nos rôles de la soirée. J'étais de sortie, encore.

Après ce court moment de rappel à l'ordre, nous pûmes reprendre nos conversations habituelles. Mais ce soir là je sentais comme une sorte de tension, peut-être de la fatigue ou bien de la tristesse.

Les discours se faisaient très courts et les moments à se dévisager sans un mot plus fréquents. Jusqu'à que Gustav prenne la parole :

- Vous allez pas me croire, les gars mais hier soir j'ai croisé une petite minette qui se promenait seule dans la rue.

Ils se mirent tous à rire. Franz entre deux glousement lui demanda :

- Tu lui a fait quoi à cette petite "minette" ?

- Oh vous savez... Elle n'avait pas ses bons papiers.. Alors je lui ai donné une bonne fessée ! Pour qu'elle ne les oublies pas la prochaine fois, répliqua t-il avant de nous faire un clin d'œil.

- Aahhh.. Tu as enfin trouvé ta proie. Renchérit Erwin de sa voix rauque.

Gustav fit "oui" de la tête avant de rire aux éclats.

- Quoi ? Une proie mais pourquoi ? Dis-je à l'attention de Gustav, mais personne ne me répondit. Je crois bien qu'ils ignoraient ma question.

La nuit passa et je m'apprêtais à partir en patrouille quand j'entendis une voix au dessus de mon épaule. C'était Franz :

- Hans attends.

Je pivotais à gauche pour lui faire face.

- C'est à propos de Gustav... Dans chaque village où il travaille, il choisit toujours une jeune femme, qu'il ne lâche pas, jusqu'à qu'il... La... Viole... Je sais ça peut paraître monstrueux mais reste en dehors de tout ça et tu n'auras pas de problèmes.

Puis il me laissa en plan, sur cette place avec pour seul éclairage les astres. Surpris, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver du dégoût pour cet homme. Comment pouvait-il faire cela ? Pourquoi personne ne lui disait rien ? Quel secret cachaint-t-ils ? Les questions fusaient dans mon crane à me rendre malade. Alors je me mis à marcher dans la nuit noire, laissant mes jambes me guider. Je m'abandonnais à cette légère brise qui carresait mon visage. La fraîcheur de cette soirée d'été ne pouvait pas me faire du mal, au contraire.

Tu tomberas avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant