Chapitre 15

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Marie-Irène



Alongée sur mon lit, la tête légèrement relevée par un cousin, je pensais.

J'avais un affreux coup de blues. Même si j'étais allée de l'avant, il m'arrivait de penser à ma mère avec nostalgie. Et ce jour là c'était le cas.

Je me forçais à bouger à penser à des choses plus positives mais je n'y arrivais pas. La seule chose dont j'avais envie c'était d'abandonner de partir loin de tout loin de cette guerre. D'oublier et de tout recommencer.

Non ! Non ! Arrêtes ça Marie-Irène, tu n'es pas une de ces personnes qui pleurniche sur leur sort, merde la vie continue.

Tu sens l'air dans tes poumons, les battements réguliers de ton cœur, le sang qui coule dans tes veines. Te rends-tu compte de ce cycle si fragile qui te maintient en vie chaque seconde, chaque heure de ton existence ? Bah oui ma vieille autant en profiter.

Je me mis à me taper un fou rire toute seule. Je rêvais ou je ne étais pas seule dans ma tête ?

Après tout mon subconscient avait raison. Sur ces belles paroles je trouvai le courage de me lever mais je ne savais toujours pas quoi faire.
Alors je me mis à réaliser plein d'activité comme le ménage, le rangement, la lecture. Mais je m'ennuyais toujours à mourir.

Tiens pourquoi je n'allais pas rendre visite à Hans. Vraiment l'ennuie nous fait faire des choses stupides.
Mais bon, il y avait quelques minutes je me faisais rouspéter par une personne dans mon crane. Ça ne serait pas la chose la plus folle qui me serait arrivée ce jour-là.

Déterminée je pris la route de sa maison, sa veste blottie entre mes doigts, je l'avais gardée et je trouvais que c'était le bon moment pour lui rendre.

Je n'allais pas venir les mains vides quand même.

Arrivée devant sa porte je toquai trois fois, il n'y eut aucune réponse. Il devait travailler, mince.

J'allais reprendre le chemin du retour quand je sentis des gouttes d'eau sur mes bras nus. Les nuages gris avaient recouvert le bleu du ciel, l'atmosphère était pesante. Je courus en direction de la place du village à la recherche d'une éventuel abrit. J'étais trop loin de chez moi pour rentrer.

Il n'y avait rien, j'étais seule au milieu du rond point désert. Prise par un élan d'euphorie, ma tête se pointa vers le ciel, laissant la pluie l'asperger, ma langue se tira et mes bras se tendirent. Je tournais sur moi même, on aurait dit un enfant.

Je riais à m'en faire mal aux côtes. N'importe qui ayant vu cette scène de l'extérieur aurait pensé que je prenais des substances étranges. Au bout de quelques minutes j'étais complètement trempée, de la tête au pied, jusqu'à la veste de Hans. Mais je continuais à tournoyer tel une princesse.

Quand une voiture manqua de m'écraser, ses fares m'aveuglaient. Je m'apprêtais à me décaler pour laisser passer le véhicule mais le conducteur sortit. C'était Hans.

Mes joues rougirent instantanément. Il avait du voir mon petit moment d'euphorie. Il me souriait, j'étais rassurée et heureuse de le voir :

- Que tu faire ici ?

N'ayant aucune réponse, je lui tendis sa veste trempée avec un sourire aux lèvres :

- Je venais te la rendre ! Surprise !

- Euh... merci, fit-il en prenant le vêtement imbibé d'eau avant de le ranger dans sa berline.

Il s'approcha sans rien dire et me prit la main, amenant mon corps doucement contre le sien.

- C'est le parfait endroit pour danser. S'exclama-t-il.

Je me mis à rire aux éclats avant d'aquiesser. Il posa délicatement ses mains sur mes hanches avant de plonger son regard dans le mien. Mes mains étaient posées sur ses épaules larges et carrés. Nos pas se perdaient dans les flaques d'eau profondes. La lune s'était levée colorant le paysage de gris foncé. Heureusement l'éclairage des fares de la voiture formait comme une scène dans cette masse sombre. Je me noyais dans ses yeux, il était si proche je pouvais sentir son souffle glaciale dans mon cou. Nous rions à gorge d'éployées. Je ne pouvais qu'apprécier ce moment magique, en sa compagnie.

Tu tomberas avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant