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Le bruit des couloirs me tire de ma tourmente. Mais je me sens horriblement seule sans lui. J'avais l'habitude de rentré et de sortir du lycée avec lui.

Hier il m'a envoyé plusieurs photos de sa chambre, de lui, du soleil. Moi je lui ai répondu avec de simples smileys. Quand il a compris que je n'allais pas bien il m'a appelé mais j'ai ignoré chaque appels. Alors il m'a envoyé un mail avec le diapo de mon anniversaire et une photo de nous deux ce soir là, dans ma chambre.

Une vague de sentiments à déferlé en moi et je me suis rendu chez Claudia. Elle est la seule au courant de tout et cela me fait mal. J'aime Kenza autant qu'elle,mais pour une raison qui m'échappe je me sentais incapable de lui en parler. Peut être une raison de confiance ?

J'ai attaché mes cheveux en chignon lâche et pour la première fois depuis longtemps, j'ai juste maquillé mes cils. Tout le groupe avait une bande de casier dans cet ordre ; Kenza, Kévin, Claudia, Raph et moi. Mais maintenant, quelqu'un a récupéré ce casier. Je me sens introvertie de tout.

Classeur en main, je rebrousse chemin vers ma salle d'étude. Le bac approche et il faut absolument que je travaille. Rien ne m'empêchera d'atteindre ma bourse et mon école.

La salle d'étude est vide. Avec ce soleil, tout le monde doit travailler dehors. Cette petite salle me paraît immense. La seconde porte, celle au fond de la pièce, s'ouvre.

Ici, chaque classe à deux entrées, pour une raison que j'ignore. Je pose mon sac Eastpak sur la table puis lève les yeux vers la personne qui est entré.

- Maëlan, je lâche de surprise.

Il sourit.

- Je savais bien que je te trouverais ici.

Maëlan est un vieil ami d'enfance. Du haut de son mètre quatre vingt quinze, avec ses yeux gris, ses cheveux bruns, son visage carré et son teint hâlé, ce garçon m'a toujours impressionné. Il est plus vieux que mon d'un an. L'école n'a jamais été son fort, mais, quand il a raté son bac l'année précédente, il s'est mis au travail.

- J'ai été heureux d'être invité à tes dix-huit ans.

Je ne sais pas s'il s'agit d'un reproche ou d'une remarque ironique.

- Désolé j'ai demandé à Kenza de faire les invitations et tu sais à quel point elle... Enfin.

Il rigole et hoche la tête en s'approchant.

- Mais ne t'en fais pas, elle m'en veut toujours autant.

- Tu l'as largué il y a moins de six mois.

Il hausse les épaules. Comment lui en vouloir ? Mais même s'il a changé, Kenza et Raphaël ne l'ont jamais aimé.

- Je vois que tu es tout seule ça ne te dérange pas si je viens bosser ici ?

Je secoue la tête en signe d'approbation. Je pose mes affaires, sors mes fiches de mon classeur pose mon téléphone et le met en silencieux. Ma tête est entièrement plongée dans les révisions.

J'aime cette capacité que j'ai à me vider la tête pour travailler. En une heure, j'ai révisé trois chapitre de Physique et deux chapitre d'Anglais.

- Je vais y aller, j'annonce à Maëlan.

- Pas de souci moi aussi.

Je lui souris et, regarde mes notifications le temps qu'il range ses affaires. Cinq appels manqué de Raphaël, il y a deux minutes. Mon téléphone sonne dans mes mains et je reponds lançant un regard désolé à mon collègue.

- Enfin, souffle mon interlocuteur.

Je lève les yeux au ciel.

- J'ai le bac à réviser.

- C'est vrai, lâche Maëlan.

Je le regarde en secouant la tête et il hausse les épaules en rigolant.

- Qui est avec toi ? Demande Raphaël, d'une voix dure.

- Moi aussi ça va j'espère que ton installation c'est bien passé, je réponds.

J'entends un long souffle à l'autre bout du fil. Je ferme mon sac et fais un signe de main Maëlan.

- On se voit plus tard, il me demande.

Je hoche la tête puis sors de la pièce pour filer vers les toilettes. La journée touche à sa fin les cars arrivent dans une bonne demi heure, mais je file dans ma voiture pour être en paix.

- Tu étais avec quelqu'un, il souffle comme si une catastrophe venait de m'arriver.

Je secoue la tête et me la cogne contre le volant.

- Tu sais que ce qui est valable pour toi est aussi valable pour moi, je lui réponds en effacer ma mine triste.

J'allume le moteur lui demandant de patienter, le temps que je mette le Bluetooth.

- C'est bon ? il me demande au bout d'un certain temps.

J'hoche la tête et réalisant qu'il ne m'entends pas je lui réponds positivement. Le soleil tape et je suis obligée de mettre mes lunettes de soleil.

- Je ne veux pas que ce soir valable pour toi comme pour moi.

Je soupire. Il n'a pas l'air de comprendre qu'en me disant ça il empire les choses.

- Comment tu sens, je lui demande.

- Hormis le fait que je suis hors de moi car tu me rends fou, je suis super bien. C'est un peu dûr mais j'adore.

Un sourire se place sur mon visage. Son rêve se réalise enfin et ça me rends plus que bien.

- Et toi, finit-il par dire.

Je laisse la question dans le vide. Comment je me sens. Étrange, je sais comment je me sens mais je n'arrive pas à poser un mot dessus.

- C'est bizarre sans toi ici, mais je m'en sors plutôt bien. Claudia organise une soirée entre filles samedi soir mais je passe le week-end là bas.

Il me fait la conversation pendant un long moment. Je rigole à ces blagues. Il rigole aux miennes. Comme avant. Comme il y a deux jours à peine.

- Raph je suis arrivée depuis dix minutes donc avant que mes parents pensent que j'ai fait un infractus, je vais rentrer.

Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûre qu'il ne sourit plus. Il est tombé amoureux de la mauvaise personne, au mauvais moment.

- OK, je t'aime.

- Trouve quelqu'un d'autre, je lui réponds en raccrochant.

En réalité mes parents ne sont pas là mais je ne voulais pas, m'éterniser au téléphone. D'une part parce que j'ai beaucoup de travail, et d'une autre part, parce que je ne veux avoir mal plus que je ne l'ai déjà.

Un peu plus tard dans la soirée, Claudia m'envoie un message pour m'annoncer que la soirée entre filles c'est transformée en fête.

Mes parents remarquent pas mon humeur vacillante mais rejettent la faute sur la bac. Ce bac va réellement me sauver la vie. Dans quelques semaines je serai indépendante, libre de faire ce que je veux.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant