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- Enceinte ? Mais c'est juste trop bien, s'exclame Kenza.

- Contente que ça te plaise à toi, je souris. 

Le médecin vient juste de me prévenir que la première échographie aurait lieu cette après midi. J'ai envoyé plusieurs message à Raphaël. J'espère qu'il sera là pour voir ça. Depuis hier, c'est un fantôme. Je ravale ma tristesse et profite de mon amie.

- Il fait qu'on parle de ce qu'il s'est passé, elle souffle.

Je baisse les yeux vers mes mains. Mes ongles, habituellement longs et manucurés ne ressemblent plus à rien. Je ne fais que les ronger.

- Je sais, je lui réponds.

Elle s'assoit à la place qu'occupait Raph hier.

- Nous nous expliquions elle et moi, et, ça commençais à chauffer entre nous et voilà, elle termine avec une faible voix.

- Ça n'est pas de ta faute Kenza. D'accord ?

Je lui tends mon petit doigts comme nous le faisions quand nous étions petites. Claudia me manque énormément. Quelque part au fond de moi, je suis heureuse de ne pas l'avoir vu endormie. Je pense que quand ce moment arrivera, je vais m'effondrer. On frappe à la porte et je tourne la tête, persuadée de voir une infirmière.

Raphaël entre, le visage fatigué. Ses cernes prennent beaucoup de place sur son visage. Il salue Kenza et pose un rapide baiser sur mes lèvres. J'ai enfin pu me brosser les dents. En fait, j'ai pu me lever avec l'aide de deux infirmières. C'était désagréable et légèrement douloureux, épuisant aussi, mais pour moi c'est un pas vers la guérison.

- Ça va, il me demande en s'asseyant sur le bord de mon lit.

J'hoche la tête. Je suis heureuse de le voir là mais j'ai peur de ce qu'il va me dire. Cet enfant est le sien, mais le mien et je refuse de faire comme s'il s'agissait d'un détail à supprimer.

- Je repasse demain, me prévient Kenza en enfilant son manteau.

Je lui fais un signe de main quand elle se retourne avant de fermer la porte. Je repose mon regard sur l'homme fatigué face à moi.

- Alors ?

- Ton père a débarqué hier soir. Tu aurais dû attendre.

Je soupire et prends ma tête entre mes mains. Attendre quoi ? Ils l'auraient découvert à tout moment. Un ventre de femme enceinte, ça ne se cache pas.

- Ils l'auraient découvert.

- Non, il me répond. On ne peut pas le garder. On est trop jeune et je ne suis pas près.

Au fond de moi je savais mais je persistait à croire qu'il voudrait bien d'une vie à trois.

- Pars alors, je souffle. Je t'ai tout donner Raphaël. Mon amour, mon temps, même mon envie de te rejoindre en Espagne. Mais je ne te donnerai pas la mort de cette enfant. Qui plus est, notre enfant. Que tu veuilles le croire ou non, si j'avorte je le tue.

Il secoue la tête. Quelque chose l'empêche de me dire que j'ai raison. Je ne sais pas s'il s'agit de ses parents, de son agent, de lui même. Je ne veux pas le perdre. Soudain, j'ai envie de prendre le choix de la facilité. Pourquoi ne pas laisser ma vie reprendre son cours normal en avortant.

- Attends au moins la première échographie et ensuite on avisera. OK ?

Il réfléchi et j'espère qu'il va accepter. Je ferai n'importe quoi pour ne pas le perdre. Il est devenu tout pour moi. Je sais ce que je veux maintenant. Je le veux lui avec ses défauts et ses qualités. Et je le veux lui avec son passé, son présent et son futur. Je suis amoureuse je le sais. C'est une sensation étrange mais plaisante.

- OK.

Je prends sa main. J'aimerai lui dire je t'aime mais je vais attendre un peu. Je pose mon autre sur mon ventre. Un peu d'amour fait battre mon cœur plus fort. Trois. Ça pourrait pourtant être tellement bien.

***

Raphaël pousse mon fauteuil roulant. Interdiction de marcher pendant une semaine, le temps que mes poumons et que mon corps reprennent des forces. Nous ne parlons pas. Tous les deux, nous sommes entre impatience et angoisse. Pire que de nouveaux parents, nous sommes surtout très innocents.

Il frappe à la porte du gynécologue qui nous accueille avec un grand sourire. Je me sens un peu plus à l'aise.

- Bonjour, première fois c'est ça, il demande en m'aidant à m'allonger sur la table d'auscultation. Raphaël répond à ma place et je le remercie en silence.

Le gynécologue commence son travail et je sens une sensation désagréable dans mon bas ventre. Il nous explique ce qu'il fait mais je ne suis absolument pas concentré sur ce qu'il dit. Je pense à plein de chose. J'espère au plus profond de moi que cette échographie va faire changer l'avis de Raphaël.

Un liquide froid - gelé - atterrit sur mon ventre et je sursaute légèrement. Le médecin l'étale et sort une énorme sourit qu'il fait rouler sur mon ventre.

- Voila, il nous dis, vous pourrez le voir d'ici une minute.

Cette fois-ci, c'est Raph qui attrape ma main. Il l'a presse légèrement. Je lui lance un regard plein d'amour et il me sourit.

- Le rond ici, c'est votre bébé.

C'est comme si, toute ma vie j'avais attendu ça. Une bouffée d'air envahit chaque parcelle de mon corps. J'ai créé ça. Mon Dieu !

- C'est quoi ce qui bouge là, demand Raph en pointant un rond dans notre bébé qui palpite.

- C'est le cœur.

Je pousse un soupir de bonheur et Raph palît. Il me croit enfin, quand je lui dis que si j'avorte je tue.

- Vous êtes enceinte de trois semaines donc le bébé est prévu pour le... Cinq mai prochain.

Aucun mot ne sors de ma bouche. La seule chose que mon corps fait, c'est répéter en boucle dans mon crâne "je le garde".

- On peut écouter le cœur, demande Raphaël.

Le gynécologue hoche la tête. J'observe l'environnement autour de moi pour la première fois depuis que je suis dans cette pièce. Son bureau est personnalisé avec des diplômes accroché çà et là. Sur son bureau, à l'autre bout de la pièce, trône une photo de lui et de sa famille. Je me demande si c'est lui qui s'est occupé des examens de sa femme durant ses grossesses. Soudain un bruit de tambour de ramène à la réalité.

Le cœur de mon bébé. Le bruit le plus beau du monde entier. Raphaël et clairement en train de pleurer.

- Je vous laisse un peu d'intimité, lâche le médecin en baissant le son de la machine.

Il sort et alors je regarde l'homme qui se tient à mes côtés. Il dit ne pas être prêt mais il pris tellement de maturité en moins de vingts-quatre heures que je suis moi même troublée.

- On le garde, il finit par me dire en continuant de pleurer.

Je ne sais pas où tout cela va nous mener mais je sais que la petit chose qui évolue dans mon ventre est le fruit de notre amour.

- Je t'aime, je réponds simplement incapable de dire autre chose.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant