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Je déteste être à l'hôpital. Trois jours se sont passés depuis l'échographie. Raphaël à dû repartir mais je sais qu'il reviendra dès que possible. Quant à moi, je passe le temps comme je peux en essayant  de faire comprendre à mes parents que je suis assez grande pour partir en Espagne. Ma mère à quitter le sud pour suivre mon père et elle ne me laisse pas partir. Je soupire en quittant la page internet des études de comptabilités à domiciles. Je ne suis plus du tout dans l'objectif de partir en médecine sportive, nous avons d'ailleurs appelé la faculté pour me désinscrire et ma mère à fait supprimer mon contrat de location. Mon père a digéré la nouvelle mais il semble froid avec toute la famille Varane. J'aurai préféré qu'il m'en veuille à moi. 

Cela dit, je peux enfin me rendre au toilettes seule, marcher seule, recommencer à vivre seule. Aujourd'hui, mon plus grand défi est de quitter ma chambre, mon servie en réalité, pour rejoindre le service de réanimation et voir Claudia. J'en ai parlé à Raphaël et il ne semblait pas enjoué. Mais il me fait confiance et je le remercie pour ça. 

Un médecin et une flopée d'étudiants entrent dans la chambre. Voici mon quotidien depuis quelques jours. Le médecin commence son charabia habituel, il retrace le parcours de mon opération, de mon coma de quelques jours, et de mon rétablissement. Une fois qu'il a terminé, je rentre en jeu. 

- Comment vous sentez vous aujourd'hui, il me demande.

- Mieux qu'hier. Quand pensez vous que je pourrai rentrer chez moi ?

Il semble réfléchir un instant. Chaque seconde qui passe m'effraie un peu plus que la précédente. 

- Je pense que si vous réussissez à changer de service et revenir à pied, vous pourrez sortir demain, avec la visite d'une infirmière à domicile pendant un mois et un rendez-vous à la fin de ce mois pour voir si vous êtes bien rétablie. 

Je souris bêtement. Enfin la sortie. Même si une infirmière doit venir chez mes parents, le confort sera toujours moins précaire que cet hôpital. Après d'innombrables manipulations, ils sortent tous, me laissant seule avec mes préoccupations. Il faut vraiment que je réussisse à rejoindre la chambre de Claudia.

Mon plateau du petit déjeuner arrive quelques minutes après.

- Comment va le bébé, me demande l'infirmière.

Le bébé. Je l'avais oublié. Il est difficile de penser à lui quand il est presque invisible. Je n'ai pas de nausées, aucune envie en particulier, mon ventre est toujours aussi plat et je ne sens rien d'anormal dans mon ventre. Je réponds d'un petit "oui" à l'infirmière. Elle ressort et la solitude s'abat à nouveau sur moi. J'ai envie d'envoyer un message à Raph mais je ne peux pas le harceler juste parce qu'il n'est pas là. 

Les repas ici n'ont pas de goût. En fait, je crois que je n'ai pas le choix. Les autres pensent que je devrais rester à l'hôpital pour ma santé mais en réalité pour aller mieux, il vaut mieux que je sortes.

Une bonne heure plus tard Kenza entre la chambre. Ses yeux sont rouges, elle a pleuré. Je ne lui pose pas la question et je me contente de m'asseoir sur le bord du lit. Ma détermination est à son comble. 

- Les infirmière nous donnent une heure et demi, elle m'annonce avec un demi sourire.  Dès que tu as mal tu me le dis, on revient ici, pour ton bien et celui de ton bébé.

Je hoche la tête mais si je sais pertinemment que je serai de retour chez mes parents dans deux jours. Et je sais aussi que dans moins d'un mois je serai en Espagne. Je ne peux pas me permettre d'échouer. Je vais réussir. Cette visite est bien plus importante qu'elle en à l'air. 

Je glisse mes pieds dans mes chaussons molletonnés et sors de ma chambre Kenza à mes côtés. Il faut que je garde un rythme régulier, pas trop rapide, mais assez pour changer de service le plus vite possible.

Les couloirs sont désert, hormis quand nous passons dans  un couloir adjacent à mon service et celui de Claudia. Kenza m'attrape la main quand nous entrons dans le service de réanimation. Une boule se forme dans mon estomac. Comment se trouve Claudia. Je ne sais pas si elle est blessée physiquement. Mais je suppose que oui. En fait je suis presque sûre. 

Plus j'avance et plus mon corps se tend. La distance est plus longue que ce que je pensais. Kenza me conduit dans un couloir avec peu de chambre. Le plexiglas permet d'avoir une intimité auditive, mais tout le monde peut savoir ce qu'il se passe ici. J'entends un cri de frustration et vois un homme musclé, au cheveux bouclés sortir en trombe, le visage remplit de larme. Quelque chose chez lui me pousse à le fixer. Une femme le suit en courant. 

- Benjamin, attends moi. 

Quand elle s'aperçoit que nous nous fixons, elle me dévisage. Croit-elle que je suis en train de fantasmer sur son homme ? Bien sûr que non. C'est juste qu'il paraît détruit, même de l'extérieur. 

- Benji, c'est une bonne chose tes parents ont raison, elle souffle en lui secouant le bras. 

Il revient à la réalité et reprends son chemin comme si de rien n'était.  

- C'est quoi ça Eléana ? Tu es enceinte de Raph'. 

Je la fixe presque choquée de ses mots. Jamais je ne tromperai Raphaël, comment peut-elle croire une pareille chose. Elle finit par m'ouvrir la porte qui se trouve devant nous. Je pensais que cette chambre était close car les stores étaient fermés. Kenza me pousse à l'intérieur et me dit qu j'ai quinze minutes, si je veux être de retour à temps dans ma chambre. 

Je fixe Claudia. Déjà les larmes coulent sur mes joues. Voir mon amie incapable de parle, de sourire ou de rire ou bien encore de vivre me brise le cœur. Son corps est branché de tous les côtés. Je m'assois et mes sanglots ne se tarissent pas.

- Salut, je lâche, si tu m'entends je suis désolée. Pardonnes moi. Je t'aime Claudia. Tu es la sœur que je n'ai jamais eu. je t'en prie ne nous laisse pas toutes seules avec Kenza. Tu as trop de choses à vivre. Je te promets que si tu te réveilles tu seras la marraine de mon bébé. Je suis enceinte.

Les mots sortent de ma bouche sans que je les contrôle. Je cherche la phrase qui pourra la ramener auprès de nous. Mais rien, elle ne bouge pas. Seul son torse se lève et se baisse au rythme de sa respiration assistée. Je pose ma tête contre sa main et je laisse aller toute ma colère. Claudia n'avait rien demandé. Je pleure comme jamais dans ma vie je n'ai pleuré. 

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant