- Pardon ?
Je ne bouge plus. Je suis totalement paralysée. Je ne la crois pas. Il n'a pu me faire ça.
- Ce n'est pas pour le défendre mais c'est son rêve le Réal.
Je ne peux pas y croire. Tout le monde pense à ses rêves à lui. Mais les miens ? Personne ne me demande si je voudrais être plus près de lui, si je voudrais créer ma propre famille avec lui. Je vois toujours trop grand. Trois semaines de rêve pour une vie de cauchemar.
- Quand est-ce que ton frère rentre, je demande.
- Dans deux semaines.
- Je vais être cruelle Annabelle et tu as le droit de me détester après ça. Je m'en vais dès lundi, je viens de recevoir un mail pour me prévenir que mon appartement était près. Je t'en prie ne dis rien.
Elle hoche simplement la tête. Elle ne doit pas me comprendre. Je n'ai pas signé pour vivre dans le doute de la vérité et du bon choix. J'arrête tout, je rends les armes. Je m'en vais lâchement.
Je l'embrasse et retourne chez moi. J'espère que ma mère ne va pas m'en vouloir. Je suis contente de la trouver avec mon père, de retour, dans le salon. Ils se trouvent à la place que j'occupais avec Kenza hier.
Je les embrasse et me place en face d'eux, soudainement prise de nausées. Je ferme les yeux puis secoue la tête.
- Je suis désolé de vous dire ça comme ça, alors que je viens juste de rentrer.
Ma mère se redresse, comme prise de panique.
- Quoi ? Tu es enceinte, lance mon père.
- Hein, mais bien sûr que non, je veux emménager lundi.
Ils se regardent et haussent les épaules. Puis ma mère prend la parole.
- Tu n'attends pas le retour de Raphaël ?
- C'est justement pour ça que je pars. Il a refusé une proposition du LOSC.
Mon père baisse les yeux. Je comprends que plus de personnes étaient au courant que je ne le croyais. Je prends les mains de ma mère.
- C'était une belle histoire mais je crois que sur le long terme ça n'est pas une bonne chose, je lui dis.
Je suis moi même choquée par mes paroles. Hier, jamais je n'aurais pu dire cela mais aujourd'hui, cela me paraît plus simple. Je fuis mes problèmes, je sais que c'est lâche mais c'est tout ce que j'arrive à faire.
- Tu vas gâcher une belle histoire, lâche ma mère.
- Je sais, je conclus en me levant pour rejoindre ma chambre.
Le plus dûr lorsqu'on est fille unique, c'est qu'il n'y a que nous. Il n'y a personne pour vous dire que trop boire n'est pas une bonne chose, car, cette personne est passé par là. Il n'y a personne pour vous dire qu'un mal de cœur passera. En réalité, je ne sais pas si je veux finir cette histoire maintenant. Je sais juste que je veux réfléchir sur ce qu'il se passe. J'aurai aimé qu'il revienne ici. Mais je n'aurai pas le privilège de l'avoir près de moi. Je lui en veux.
En tout cas, je sais que je vais rabibocher une amitié en déménageant. Claudia et Kenza doivent reprendre contact. Je me lance un immense défi, je sais. Mais je vais réussir.
Mon téléphone vibre et je décroche, sans savoir de qui il s'agit.
- Bonjour Bébé.
Mon cœur rate un battement quand j'entends la voix de Raphaël. Ma langue me brûle. Je veux lui cracher ses actes à la face. Je brise la promesse que j'ai fait à Annabelle et je lui parle du transfert.
- Le LOSC Raphaël.
- Quoi le LOSC?
- Tu n'as pensé bon de me dire que tu avais refusé le transfert, je réponds plus froidement.
- Putain mais qui t'a dis ça tu n'avais pas besoin de savoir ça.
- Non mais tu te moques de moi, j'avais besoin de savoir. Les valeurs d'une relation c'est la confiance mais apparemment ce n'est pas ce qui règne ici. Tu veux quoi à la fin ? En fin de compte la distance t'arranges bien. Tu peux te taper d'autres filles quand je ne suis pas là.
J'entends sa respiration rapide dans le combiné, callé sur le rythme de la déception qui monte en moi. Il m'a caché le transfert, je vais lui cacher mon départ.
- Tu sais quoi Varane ? Va te faire foutre !
Je raccroche et ignore les autres appels. Les projecteurs de Madrid m'ont forgé un caractère. Cette fois je ne veux pas pleurer devant des photos. Je veux reprendre ma vie en main. Je ne veux plus dépendre de quelqu'un. Car au final, c'est ce que je fais depuis petite. Quand ça n'était pas mes parents, il s'agissait de Raphaël ou de mes amis.
J'envoie un message à Kenza et Claudia les invitant à m'accompagner à Nice. Elles acceptent, sans savoir qu'elles vont devoir cohabiter pendant une semaine dans un vingts mètres carré.
Je remet de l'ordre dans la chambre que j'occupe depuis dix huit ans. Chaque mur respire et a respiré mon histoire, ma vie.
J'ai hâte de rejoindre mon appartement. J'ai surtout hâte de créer mon propre chez moi, avec ma décoration, mon train de vie... Au final, y arriver trois semaines avant la rentré m'arrange. Je vais prendre le temps de découvrir la ville, la fac, pour ne pas être perdue le jour J.
J'attrape des livres, des indispensables à mon armoire et je remplie ma voiture avant le repas. Je vois dans les yeux de mes parents qu'ils regrettent mes actes. Mais je ne trouve pas d'autre issue. Dans deux semaines Raphaël sera là pour me voir. Mais moi, je ne serai plus là.
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𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃
FanfictionJ'entends encore sa voix sur mon joyeux anniversaire. J'avais passé dix-huit ans de ma vie sous sa protection. Qu'allait-il en être désormais. Nous partions tous les deux. La distance, la passion et l'attirance pourront-ils faire bonne route ? Mais...