-22-

495 29 10
                                    

Une douleur fulgurante dans la tête me réveille. J'ouvre les yeux mais les referme aussitôt, aveuglée par la lumière et la blancheur du lieu où je me trouve. Les odeurs de détergent et de médicaments chatouillent mes narines. Je sais où je me trouve. Je remets les événements en place dans ma mémoire , essayant de comprendre à quel moment j'ai échoué. Mais ce n'est pas moi qui a provoquer cette accident.

J'ouvre mes yeux cette fois, plus lentement. Un goût amer envahit ma bouche. J'ai l'impression que mes sens se réveillent un par un, sans trop se presser alors que moi, je veux aller le plus vite possible. Je suis perdue. Quand mes yeux se sont acclimatés à la lumière, je reconnais une chambre d'hôpital. Je tourne douloureusement la tête. Raphaël est là, endormi. Je laisse une larme couler le long de ma joue.

Le destin est une drôle de chose de chose, je voulais le fuir mais, au final, au péril de ma vie, nous voilà réunis.

- Raphaël, j'essaie de dire.

Ma voix ressemble à un robot tout rouillé. Je racle ma gorge, mais cela provoque plus de douleur qu'autre chose. À peine je provoque ce bruit que Raphaël se réveille paniqué. Quand il me voit, il se précipite vers moi.

- Éléana, Éléana...

Il pose ses lèvres sur mon front alors que j'essaie de me redresser. Cela provoque une immense douleur dans ma cage thoracique.

- Attends ne bouge pas, il faut appeler les infirmières.

Je hoche la tête par automatisme. Je l'observe appuyer sur le bouton rouge au dessus de ma tête. Je pourrai presque l'atteindre si j'avais plus de force.

- Ne le refait plus jamais ça Éléana, je t'aime.

Ses mots me touchent en plein cœur. J'ai des millions de questions à lui poser. Quel jour sommes nous, quelle heure, que s'est-t-il passé, et tout un d'autre chose. Mais je veux savoir où sont mes amies.

- Où est Claudia, j'essaie d'articuler avec ma voix de robot.

- Tu es à Lille, un hélicoptère t'as amenée ici, Kenza est ici aussi, elle a pu rentrer en ambulance et...

Il est coupé par l'infirmière. Elle est habillé d'un blanc plus éclatant que les murs. Je vois qu'elle tient un grand pichet d'eau. Je tends les mains vers l'eau et elle me sert un verre. Elle a un sourire plus que bien veillant. 

- Bonjour mademoiselle, nous sommes le vingt- cinq août il est actuellement dix-huit heures. Vous avez eu un accident il y a une semaine. Vous avez eu un poumon de perforé, un fracture ouverte au tibia et beaucoup d'ecchymoses.

- Où est Claudia ?

Même si toutes ces informations sont dures à accepter je veux savoir où se trouve mon amie. Raphaël s'avance et me prends la main. Il s'est passé quelque chose et j'imagine le pire. 

- Elle est actuellement dans le coma.

Une larme perle le long de ma joue. Tout ce qui arrive est de ma faute. J'aurai dû attendre de partir en temps et en heure, j'aurai dû faire le chemin en deux étapes. Raph et l'infirmière échangent deux mots et elle sort aussi paisiblement que lorsqu'elle est entrée. 

- Tu m'as fais horriblement peur. 

Il souffle et avance sa chaise plus près de mon lit. Il prends ma main dans la sienne et pose ses lèvres sur mon front. 

- Excuse moi pour le transfert j'aurai dû t'en parler mais le Real c'est le rêve de beaucoup de footballeur et c'est aussi le mien. Laisse moi vivre mes rêves car si tu veux pas j'accepterai le transfert.

Je suis bouche bée. Je m'attendais à des remontrances pas à ça.

- Vis ton rêve alors, je chuchote pour ne pas faire souffrir ma gorge encore plus. Je t'aime. 

Il pose son front contre le mien et j'enroule sa nuque de mes bras, lourds. Tout mon corps est lourd. Tout mon corps me fait mal. Et encore plus ma poitrine. Je me suis faite opérée du poumon. C'est certain. Je me demande ce qui l'a perforé.  Soudain je pense à mes parents. 

- Où sont papa et maman, je lui demande.

- On vient de les appeler, ils sont heureux que tu te sois réveillée mais ils n'ont pas dormi depuis trois jours alors je leur ai dit de rentrer dormir un peu juste avant que tu te réveilles.

- Toi, tu as dormi ?

- Près de toi, je ne suis pas parti de ta chambre, que pour les soins qu'ils te font. Je ne veux pas rentrer en Espagne tant que tu ne peux pas venir en Espagne. 

Je suis touchée par ses mots. Je n'ai pas le courage et la force et le courage de lui dire de rentrer sans moi. Je pense à Claudia et un flot de larmes dégouline le long de mes joues. Mes nerfs lâchent. Raphaël entoure ma tête de ses bras et je lui en suis reconnaissante. Plus les larmes coulent et plus la douleur dans ma poitrine se fat sentir. A ça se rajoute une envie de vomir. Je repousse l'homme que j'aime et pose une main sur mon thorax. 

- Appuies sur le bouton rouge, je lui demande en pleine détresse. 

Il s'exécute et  je lui prends la main pour essayer d'atténuer la douleur. Chaque seconde passée augmente la douleur. Je me tords dans un sens puis dans l'autre sans trouver répit. Je voudrais juste un peu d'anti-douleur. 

Deux infirmières entrent. Une essaie de me calmer mais je l'envoie valser. L'autre parle avec Raph mais je ne capte que des bribes de conversation. 

- Elle a mal... douleur... non. 

- Je... docteur... tourner.

Raph pose une main gentiment sur mon épaule et je me bat pour me concentrer sur le son de sa voix.

- Elles vont te tourner pour atténuer la douleur, fais moi confiance ça va aller. 

Les deux femmes retournent et la douleur disparaît pour revenir à la charge. J'ai tout de même moins mal. Une des deux sort et l'autre échange encore une fois des mots avec Raphaël. Quand elle sort, je le regarde avec de la peur dans les yeux. Je lui tends ma main et il l'attrape. Le silence entre nous n'est pas gênant. C'est nécessaire. Ça l'apaise et par la même occasion, mon angoisse diminue. L'infirmière entre le sourire aux lèvres. Cette fois il faut que je laisse le mal de côté pour tout entendre. 

- Le docteur refuse de vous donner des anti-douleur à cause du bébé. Vous auriez du nous prévenir. 

Raph se lève et, si je le pouvais, je ferais de même. Ou je tomberai dans les pommes.  La première option est plus envisageable.

- Le bébé, je lâche, vous devez vous tromper de chambre. 

Ma gorge est de moins en moins douloureuse et cela me permet de parler doucement mais à voix haute.

- Oui, vous êtes enceinte de trois semaines.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant