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Je me sens ridicule dans ce pyjama à côté de cette fille. Raphaël l'invite à rentrer et s'installer pour "boire un café". Il m'ignore et je suis presque obligée de trotinner pour le suivre. Il nous sert une tasse à tous les trois. Je ne connais rien de cette fille et il veut que je passe une soirée avec elle.

- Éléana, je te présente Tia, m'indique Raphaël et s'asseyant.

Je reste bloquée, incapable de m'asseoir. Chassez le naturel, il reviendra au galop. C'est bon pour moi, comme pour lui. Quand ça ne va pas, je me renferme sur moi même. Et lui, il ne peut s'empêcher d'approcher une fille.

- Raph' m'a beaucoup parlé de toi, me dit-elle d'un sourire impeccablement blanc.

- Il a homis de me parer de toi, je réponds en m'assayant enfin.

Je pose mes mains de part et d'autre de la tasse. Il sourit, alors que je ne fais que fixer le fond de ma tasse. Je sens une jambe frotter la mienne. Je recule brusquement ma jambe, avant de les croiser.

- Alors qu'est ce que tu viens faire là, redemandé-t-il vexé.

Je sais qu'il l'est. Ses mimiques le trahissent. Ses sourcils se froncent légèrement, sa mâchoire se crispe, il ronge le bord de ses ongles.

- Eh bien, je passais par là pourquoi ne pas s'arrêter chez mon amie Raphaël, elle rigole.

- Tu as eu raison, il réponds.

Un blanc s'installe entre nous. Je ne veux pas lancer une discussion. Tia s'en charge à ma place.

- Donc tu vas aller faire tes études à Nice ?

Je hoche la tête avec un sourire faux. Même si je ne l'aime pas, je l'a respecte. Chose que Raphaël ne sait apparemment pas faire avec moi. Je voulais tout savoir de ce qui ce passe ici. À vrai dire, je connais ses amis de nom et de photo. C'est peu mais ça me convient. Alors pourquoi il ne m'a pas parlé d'elle.

- J'ai aidé Raphaël à bien s'intégrer ici, m'informe-t-elle d'un sourire qui en dit trop.

- Car tu as besoin d'aide pour t'intégrer toi maintenant, je lui demande en me retournant brusquement.

Il hausse les épaules. J'ai envie d'exploser. Ma tête me fait mal à mourir, je ne veux pas dormir mais c'est le seul moyen que je trouve pour m'éclipser.

- Écoutes, je lance en me le fixant droit dans les yeux, je suis fatiguée du voyage vous devez avoir beaucoup de chose à vous dire alors je ne vais pas vous gêner.

- Je suis de trop, lance Tia, je vais rentrer chez moi. J'avais complètement oublié que tu devais venir.

- Ça serai bête, maintenant que tu es là, de partir , si elle est fatiguée elle peut dormir.

Je tombe des nues. Je fais simple à signe de main à Tia et ignore Raphaël. J'essaie de calmer mes nerfs comme je peux, mais rien n'y fait. Plus j'entends les rire dans la cuisine, plus j'angoisse. Je veux connaître le fin mot de cette histoire. Si c'est une vengeance pour toutes les fois où je l'ai repoussé. Si c'est à cause de quelque chose de j'ai mal fais. Si c'est parce que j'étais loin. Si au moins il y a un si. Je me tourne et me retourne dans ce lit beaucoup trop grand quand on est seul. Je finis par brancher mes écouteurs et lancer des musiques relaxantes. Le bruit des vagues me berce et me fait voyager, ailleurs qu'ici.

Je sens une pression sur mon bras. Mes écouteurs font toujours du bruit, alors je les enlève et les pose sur la table de chevet. Je me retourne les yeux mi-clos pour voir Raphaël. Il est en tee-shirt blanc et en short de sport.

- Je vais pendre un douche, ne t'inquiète pas pour le bruit.

Je fronce des sourcils et somnole jusqu'à son retour dans le lit. La chaleur de son corps me réconforte mais je me rappelle soudainement les éléments de la soirée. Je me retourne, dos à lui et secoue mon corps quand il enroule ses bras autour de moi. Ces gestes d'attentions m'ont manqués mais je ne peux pas me permettre de faire comme si de rien était.

- Éléana tu vas pas faire la tête quand même, chuchote-t-il.

Devant mon silence il me donne un léger coup de bassin dans le bas du dos.

- Allez Élé, je veux juste te prendre dans mes bras.

Ses mots me font fondre mais je ne cède pas. Il soupire et s'étend sur le dos de toute sa longueur. Je referme les yeux et les plisse pour ne pas pleurer.

Je me frotte les yeux. La lumière du jour illumine la chambre. J'ai effectivement oublié de fermer les volets avant de m'emdormir. Je me tourne pour me retrouver sur le dos et écoute la respiration régulière de Raphaël. Notre "altercation" de cette nuit me reste encore sur le cœur. Je me lève sans faire de bruit, ramasse son pull sur le sol et l'enfile pour ne pas avoir froid. Certe, j'ai moi même des pulls ou des sweats mais à défaut d'avoir ses bras, j'aurais son odeur.

Je ferme la porte de la chambre et me faufile vers le canapé. Je ne touche à rien. Je ne suis pas chez moi alors je ne sais pas trop quoi faire. J'ouvre la grande baie vitrée et prends un peu l'air sur le balcon. Même éloigné de la ville, cette appartement n'est pas calme. On entend toujours un bruit de pas dans le couloir, une voiture qui se gare...

Je sursaute en sentant une main sur mon épaule. Je me décale et me retourne. Il paraît plus triste que ce que je n'aurais pensé.

- Désolé pour hier soir, lâche-t-il comme un automate.

Je l'esquive et rentre dans à l'intérieur. Je n'aime pas les conflits et j'ai besoin d'expliquations.

- Le problème Raphaël ce n'est pas hier soir. C'est la fait que tu ne m'as jamais parlé d'elle. Qu'est ce qui s'est passé entre vous pour que tu me l'as cache à ce point. Pour que tu ne réagisses pas quand je pars dans une autre pièce. Comment ce fait-il qu'elle ait les codes d'accès du parking alors que tu ne me les as même pas donnés.

Il arque un sourcil. J'ai pensé à ça une bonne partie de la soirée et de la nuit alors j'ai mis en place une bonne dizaine d'hypothèses.

- Je ne veux pas de mensonges entre nous, commence Raph, alors je vais tout t'expliquer mais il faut que tu me promettes de me comprendre.

J'hoche la tête ce qui lui suffit.

- Quand je suis arrivé là tu n'imagines même pas comment j'étais énervé contre toi. Tu ne voulais pas de moi alors que depuis notre anniversaire et depuis ta fête d'anniversaire, je n'avais que toi en tête. Tu m'as obnubilé pendant des jours et nuits Éléana. Le premier soir, certains joueurs m'ont proposé de sortir pour faire plus ample connaissance. J'ai un peu trop bu et elle est rentrée avec moi. Je n'aurai rien fait si nous avions été ensemble.

- Tu me reproches d'avoir pris le temps qu'il me fallait pour me rendre compte que j'avais besoin de toi, je dis un peu trop fort. Qui me dis que vous n'avez pas recommencé ?

- Personne, juste ta confiance quand je te dis qu'à partir du moment où nous avons trouvé notre solution, je n'ai plus rien fait avec personne hormis toi.

Je pose mes mains sur ma tête. Je pensais vivre un rêve en venant ici, mais c'est loin d'être ça.

- J'ai besoin d'être seule.

Il soupire et reste immobile dans le salon quand je pars m'enfermer dans la salle de bain. J'allume le jet et laisse mes muscles se détendrent avec la chaleur. Je veux lui pardonner. Il n'a pas tort dans ce qu'il dit. Mais je n'accepte pas qu'il lui parle encore. Je sors de la douche, j'enroule une serviette autour de moi et choisis mes vêtements. Un short et un tee shirt Levi's.

Quand j'entre à nouveau dans la cuisine, Raphaël regarde dans le vide, devant la télévision.

- Raph, je dis doucement.

Il se retourne et me rejoint en quelques secondes.

- Écoute, j'ai peut être mal réagis mais je ne veux juste pas de secret ou du moins plus de secret entre nous. Je veux dire, il y a déjà la distance entre nous alors, ne rajoutons pas d'autres obstacles si on veut que ça fonctionne.

Il hoche la tête. J'ouvre mes bras et pour une fois c'est lui qui se réfugit dedans. Mon dieu comme j'aime le sentir contre moi.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant