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- Tu es sûr que je ne vais pas être de trop, tu sais je te fais confiance, j'aurai pu rester à la maison.

Depuis la visite du parc il y a deux jours, Raphaël ne me quitte plus. Partout où il va, je vais. Partout où je vais, il va. Je sais que c'est ce que je voulais, mais je ne veux pas bouleverser ces habitudes. C'est pourquoi, je me trouve avec lui dans sa voiture vers un restaurant que je ne connais pas, avec une des seules robes de soirée que j'ai prise, et ma seule paire de talon. Il n'a pas voulu que je reste seule.

- Élé ne t'en fais pas, Cris est très sympa. Il sera sûrement seul en plus. Ça va bien se passer. Tu ne veux pas que je change mes habitudes, alors je les adaptes.

Il me lance un clin d'œil et je lui tape la joue gentiment. Mon téléphone vibre, signe de réception d'un nouveau message. A ma grande sœur, il provient de Kenza. J'ai beaucoup parlé avec Claudia et je pense que même le temps aura du mal à faire passer la haine qu'elle ressens pour Kenza. Elle rejette tous les tords sur elle.

Hola! comment ça va en Espagne ?
Je sais que tu apprécies Claudia mais crois moi tout n'est pas de ma faute."

Je l'appelerai demain. En attendant, je relativise en pointant tous les point positifs de ce repas.

Raphaël se gare entre deux voitures, aussi magnifiques que la sienne. Je comprends que ce restaurant n'est pas le même style que ceux de nos familles.

- Donne moi ta main si tu veux, me souffle-t-il a l'oreille en fermant la voiture.

Je suis soulagée. Je ne sais pas pourquoi, mais j'angoisse à chaque pas que je fais. Ma main dans la sienne, je me sens un peu moins faible. Le restaurant est tout simplement magnifique, du sol habillé d'un tapis rouge infini, au plafond, maquillé de magnifiques lustres en cascade. Raph' échange quelques mots avec le serveur pendant que j'admire ce qui se déroule devant moi. Il rattrape ma main et nous tire vers la table. J'aperçois Cristiano à un mètre de nous. Claudia serait folle. En pensant à elle, je ressens un petit pincement. Je me tiens un peu plus droite et rougit légèrement quand Raphaël me présente comme sa copine.

- Holà, je me présente doucement. 

- Un plaisir de te rencontrer. Raph n'a que ton nom à la bouche. 

Je rigole et m'assois face à son fils. 

- Nous avons acheté un paquet de bonbons pour toi, il est dans la voiture. 

Il me fait un énorme sourire et saute sur sa chaise, ce qui lui vaut un regard désapprobateur de  son père. Je lui fait un clin d'œil, qu'il me rend.

- Que prendras-tu ? 

- La même chose que Raph'. 

Je ne connais aucun plat de ce restaurant et je n'ai pas envie de me ridiculiser en commander un plat trop simple pour être servis ici. Cristiano commande et repose son regard sur moi. 

- Et donc tu vas commencer tes études en septembre. 

Je jette un coup d'oeil sur Raph'. Il est dans le même état que moi. Aucun de nous deux ne veux savoir comment va se passer notre vie après ces vacances. J'entrecroise nos mains sous la table et réponds le plus posément.

- Oui en médecine sportive.

Il hoche la tête et la conversation des deux hommes reprends son cours. Je me sens à ma place. Je me sens forte; c'est très étrange. Je suis là près de lui comme je pourrais être là pour L'épauler chaque jour. L'aider à gérer une vie palpitante mais dangereuse. Une vie où chaque déviance est punit par une privation de plus. Soudain son téléphone sonne. Il ignore l'appel et je me replonge dans une fade réalité ou tout a une fin mais peu de début. Malgré tout, la soirée se termine comme elle a débuté, bien. 

J'ai la tête lourde au réveil. Je passe ma main sur l'oreiller près de moi. Il est froid. Je me réveille prise de panique puis je me rappelle que Raph avait un entrainement ce matin. Je soupire longuement puis me décide à appeler mes parents. Ça fait bientôt une semaine que je suis là et je ne les ai pas appelé une seule fois. Ma mère décroche au bout de deux sonneries, à croire qu'elle attendait mon appel.

- Allô maman.

- Ma chérie comment ça va ?

- Très bien et vous ?

- La routine, alors l'Espagne ?

J'ai beau avoir le sentiment que ma mère est heureuse de m'avoir au téléphone, j'ai comme l'impression qu'elle me cache quelque chose. Je décide de passer au dessus et je lui raconte ma vie ici. Elle me réponds avec de simple "oui", "intéressant", " hum hum". Je mets fin à l'appel dix minutes plus tard.

Aujourd'hui j'opte pour une combinaison short. En me préparant, je ne cesse de penser à l'intonation de la voix de ma mère. Il se passe quelque chose mais je ne peux rien découvrir tant que je suis ici. Peut être que je me trompe.

Je suis assise sur le canapé, concentré sur mes mails quand Raph rentre. Il sent le gel douche.

- Ça va ? me demande-t-il.

-Bien et toi, réponds en embrassant ses lèvres.

Il balance son sac dans la chambre et me rejoint sur le canapé. Nous discutons de tout, de rien, et au bout de quelque minutes, la tête posée sur mon épaule, Raphaël s'endort. Il y a des jours où il doit être épuisé par les entraînements. Cinq minutes plus tard, son téléphone vibre. Je l'attrape mais il me le prends des mains en sursaut.

- C'est sûrement rien, soupire-t-il, je vais aller dormir un peu.

Il se lève et fouille dans les poches de son jeans.

- Tiens, dit-il en me balançant ses clés, va faire un tour.

Je souris et enfile une paire de sandale. Je ne sais pas encore où je vais aller, mais quand je rentre dans sa voiture, sa réaction me reviens en pleine face. Que veut-il me cacher ? Je remonte dans l'appartement sans faire de bruit. Son téléphone est resté sur le plan de travail. Mon cœur se rassure quand je nous vois en fond d'écran. Je fait un petit tour parmi ses messages et retombe vite sur terre.

Heureuse de t'avoir vu à l'entraînement. Passes boire un coup dans la semaine.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant