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Mes yeux me piquent signe d'une fatigue insupportable. Claudia me donne des coups de coude pour que je suive le cours. Le bac arrive à grand pas et je suis incapable de me concentrer aujourd'hui.

Raphaël est reparti tôt ce matin. Ses parents l'ont amené à la gare. Nous avons décidé de ne pas leur dire ce qu'il se passe entre nous. Mais plus le temps passera, plus les gens s'en rendrons compte. Cette nuit nous avons donc profiter de chaque instant que nous passions ensemble. Je ne regrette ça en aucun cas mais, ce matin je me sens horriblement fatiguée.

La sonnerie me sors de ma rêverie. Je me dépêche de rejoindre la salle d'étude. Je ne veux pas subir une interrogation poussée de mes deux amies qui ont bien vu un changement dans mon comportement ces derniers jours. Je suis passé de la tristesse à l'énervement, puis à l'euphorie et maintenant je ne sais plus où j'en suis.

Je sors mes écouteurs de ma poche et pose ma tête dans mes bras. Je sais que la sonnerie va me réveiller et que j'ai deux bonne heure devant moi. Tant pis pour les révisions je me rattraperai quand je serai plus en forme.

Malheureusement, Kenza me rejoint. Son prof doit sûrement être absent. J'aime bien sa compagnie, mais je vais devoir lui rendre des comptes car je n'ai pas pu aller dormir chez elle hier soir. Et je ne veux pas spécialement lui expliquer pourquoi. Elle déballe ses affaires et mets en position de travail, comme à son habitude. Si un surveillant passe par là, elle pourra lui dire qu'elle travaille, alors qu'en réalité elle me parle.

- Comment ça va ?

J'ouvre mes yeux et lui lâche un faible sourire en me redressant pour ne pas faire la malpolie. Dans le pire des cas, il me restera une heure ensuite.

- J'ai hyper mal dormi.

Elle pose une main sur mon épaule et des yeux je peux voir qu'elle compati.

- On sait toute ce que sais, me dit-elle dans un clin d'œil.

Je me brusque et contracte chaque muscles de mon visage. Comment sait elle que j'ai passé la nuit à batifoler des ailes avec Raphaël.

- De quoi tu parles ?

Elle éclate de rire et je me sens honteuse. Vraiment très honteuse. Exposer ma vie sur le plan intime ne m'a jamais intéressé. Je suis vraiment déçue de ce que j'ai pu laisser voir.

- De tes règles bien sûr, m'informe Kenza entre deux fou rire. Je vois pas ce que ça pourrai être d'autre. Je sais bien que tu n'as jamais aimé parler de ça mais à ce point.

Je sourie en hochant les épaules.

- Ça n'est pas ça crois moi.

À peine ai-je finis ma phrase que son téléphone sonne. Elle s'empresse de répondre, sans même s'excuser.

- Allô, Raph, qu'est ce qu'il t'arrive.

Elle me fait un clin d'œil et sors de la pièce. Un pincement au cœur me réveille. Pourquoi elle ? À peine est-elle sortie, qu'elle me rejoint.

- Qu'est ce qu'il voulait ? je demande bien trop rapidement.

Elle hausse un sourcil et me demande pourquoi je suis si intéressée. J'aurais bien envie de lui dire de se mêler de ses affaires, mais ça ne serai pas convenable.

- Comme ça, pour prendre des nouvelles.

- Il s'excusait d'avoir laissé ses paquets de chips dans ma voiture.

Je tique sur la phrase. Raphaël a passé tout son week-end avec moi ou ses parents. À quel moment aurait il pu être avec Kenza. Rien de tout ça n'a de sens.

- Mais vous ne vous êtes pas vu ce week-end, je lâche sèchement.

- Mais si, réponds cette dernière en rigolant gentiment, je l'ai déposé à la gare ce matin.

Je rigole avec elle. Mon rire est plus nerveux qu'amical. Ce matin je lui ai proposé de le déposer mais il a préféré être avec elle. Mais ce qui me blesse, c'est son mensonge.

- Je ne devrai peut être pas me faire d'idée mais depuis qu'il est parti, j'ai l'impression qu'il ne peut pas se passer de moi.

C'est le coup de grâce. Je m'étouffe et fais diversion en sortant une bouteille d'eau de mon sac. C'est le comble. J'ai juste envie de lui hurler dessus. Mais je ne fais rien de ça et m'oblige à donner mon opinion sur une relation qui n'existera sûrement jamais. 

Ma journée  se termine comme elle a commencé. Je suis fatiguée et triste. Quand je rentre, je file dans ma chambre. Un tas de lettre est posé sur mon bureau. Il doit s'agir des nouvelles de la famille, des cartes d'anniversaires en retard. Mon téléphone vibre. Raph veut me voir en facetime. Pour la première fois depuis longtemps, je prends la bonne discussion. Je ne veux pas tout gâcher, je vais lui parler. Je remets mes cheveux en place et pose mon téléphone sur mon bureau. 

- Hey, répond-t-il quand je décroche.

Une vague d'émotion déferle en moi. Je voudrai pouvoir le toucher, sentir son souffle en rythme avec le mien, voir ses fossettes, entendre son rire dans la même pièce que moi, sans ce fichu combiné. 

- Hey, avant toute chose il faut que je te pose une question. Ça m'a pourrit la journée donc réponds sincèrement. 

Son regard se perd sur l'écran. 

- Pourquoi tu ne m'as jamais dis que tu parlais tout le temps à Kenza ? Pourquoi tu ne m'as pas dis que c'est elle qui t'as accompagné ce matin ?

Il soupire et passe sa main dans ses cheveux. 

- Après cette nuit, je ne pouvais pas me résoudre à te laisser seule sur le pied de la gare. Alors je t'ai menti pour ne pas te vexer. Oui, j'ai été égoïste, mais tu vois, comme tu le dirais, le karma m'a punit. Je regrette de ne pas avoir pu te prendre dans mes bras une dernière fois avant que je rentre. Et en ce qui concerne nos discussions, je parle autant à elle, qu'à Claudia ou Kevin, c'est à dire pas souvent.

Je suis soulagée. C'est ridicule, mais en même temps je me sens plus mature. J'ai tellement l'habitude de m'énerver avant de discuter. Cela m'a coûter des amis, des petit-copains, et un tas d'autre personne auxquels je tenais. Mais je crois que je tiens tellement à Raphaël, que je ne peux pas me permettre de le perdre. C'est comme si depuis quelques temps,je vivais pour deux, comme si je vivais deux vies en une seule. C'est assez étrange je l'avoue. Nous entamons une discussion qui dure une bonne heure avant qu'il ne soit obligé de raccrocher pour une conférence de  presse. 

- Je t'aime, je souffle en même temps que lui.

J'éteins mon portable et tire la boite sous mon lit, laissant les larmes couler un peu plus fort à chaque cliché. Je me rends compte que je l'aime depuis bien plus longtemps que je ne le pense. Je l'aime depuis le jour où il a frappé ce garçon qui me tirait les cheveux à la récréation. Je l'aime depuis le jour où il me sourit  depuis le fond du car. Je l'aime depuis le jour où il mange ma salade de pâte au self. Je l'aime depuis le jour où il sèche mes larmes quand ça ne va pas. Je l'aime depuis le jour où il tient ma main devant un film pour ne pas que j'ai peur. Je l'aime depuis que nos vies se sont croisées. 

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant