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La semaine passe aussi vite que la précédente, avec des nouvelles de Raphaël en plus. Il m'a demandé de ne plus m'approcher de Maëlan, chose plutôt simple. Il ne me traîne plus autour depuis samedi soir.

Le vendredi soir quand je quitte le lycée, fière de mes résultats aux orals blancs, une boule de forme dans mon estomac. Je dois aller prendre Raphaël à la gare. La dernière fois que j'ai pris cette route, je suis revenue déprimé.

Musique à fond dans la voiture, je ne met que quelques minutes à rejoindre le parking de la gare où je l'attends. Lunettes de soleil sur le nez, trop de questions m'assaillent. Comment lui dire bonjour ? Comment va-t-il réagir ?

Mon téléphone vibre, et je lis un mail du propriétaire de l'appartement que j'ai réservé pour le mois d'août. Nous n'avons pas visité, mais ce vingt mètres carré me semble un bon investissement. J'ai contacté les anciens locataires, très heureux de la locations.

Je sursaute quand on cogne à ma fenêtre. Raphaël me fait face grand sourire sur le visage. J'ouvre ma fenêtre, un peu moins sur de moi.

Il embrasse mes lèvres avec fougue et je me recule. Je ne m'y attendais pas du tout. Je relève les yeux, mais il n'est plus là. Le coffre de la voiture s'ouvre et je l'entends poser sa valise. Je prends ma tête dans mes main. La portière passager claque et je le regarde. Il ne doit pas percevoir mes yeux à cause de mes lunettes de soleil.

- Il faut qu'on mette les choses au clair, je lui dis. Je ne sais plus quoi faire.

Il tape sur le tableau de bord. Je ne l'ai jamais vu autant énervé.

- Moi je sais ce que je veux merde Éléana, ses mâchoires se crispent, combien de fois vais-je devoir te le dire ? Je t'aime.

- Mais je ne veux pas que tu prives de vivre ta vie là bas à cause de moi ici.

Il rigole d'un rire mauvais et je fixe la voiture devant nous.

- Ce qui m'empêche de vivre sereinement c'est ce que tu me fais. Un week-end tu couches avec moi et le week-end d'après tu t'affiches avec un enfoiré.

Je secoue la tête. Il rejette la faute sur moi. Je démarre le moteur et sors du parking. Un silence de plomb s'abat sur nous.

- Dis moi que je ne suis pas le seul à sentir ça entre nous, je tourne la tête et vois qu'il fixe la route.

Si j'avais la capacité de pouvoir lui faire du mal je lui mentirai. Mais j'en suis incapable. J'aimerai lui dire qu'il se trompe et que ce qu'on a vécu ensemble n'a rien d'une histoire d'amour. Mais pendant dix-huit ans de ma vie j'ai vécu refoulant mes sentiments.

- Non, tu n'es pas le seul.

Il lâche un long soupir. Plus aucun de nous deux ne parle. Je me concentre sur la route, lui écoute la musique de la radio. Je tourne la tête discrètement, mais il le remarque. Le pull qu'il porte épouse ses formes à la perfection mais je me demande comment il fait pour ne pas avoir trop chaud.

- Tu repars quand ?je demande.

Il me regarde avec des yeux noirs.

- Ça t'intéresse maintenant.

Je recule dans mon siège mal à l'aise. Je ne dis plus rien et attrape mon téléphone sur le côté. Je sais que c'est interdit par la loi, mais j'ai un réel besoin de parler à Claudia. Je lui dis que je passe dans vingt minutes.

- Je suppose que tu ne veux pas venir avec moi chez Claudia.

Il se tourne soudainement vers moi le visage décomposé.

- Tu ne viens pas à la maison avec moi.

Ça me fait de la peine de le voir comme ça, mais il m'a trop blessé durant ce trajet. Je freine devant sa maison.

- On se voit demain, je souris tant bien que mal.

- Tu peux me montrer que tu es triste Élè.

Il me connais trop bien. Je relève mes lunettes de soleil, dévoilant mes yeux, proche d'une overdose de larmes. Il s'avance et me prends dans ses bras. Je ne le comprends pas. Mais peut-être que dans cette histoire, je ne suis pas la seule à souffrir.

- Tu m'as manqué, je lâche.

Je passe mes mains autour de son cou. J'adore faire ça. Il s'éloigne et me regarde un moment, le temps que j'essuie des larmes que je n'avais pas senti couler.

- Éléana Kenzy, je te promet que je vais trouver un solution à tout ça, mais je te promet aussi que ça ne sera pas la solution que tu veux.

Je hoche la tête incapable de parler. Il descend, prends sa valise et me fait un signe de main. Je lui promet de revenir le lendemain.

Appuyant sur l'accélérateur, je renvoie un message à Claudia, lui disant que j'ai un imprévu. En réalité, je rentre chez moi, prise d'un coup de fatigue.

Mes parents sont assis devant la table, plusieurs papiers les entourent. Ils se retournent parfaitement coordonnés quand je claque la porte.

- Tu ne devais pas manger avec Raphaël ? demande ma mère.

- Si mais on a changé nos plans, il était fatigué.

Ma mère hoche la tête. Elle a l'air fatiguée. Ils doivent avoir quelques soucis au boulot. Ils sont souvent comme ça, à oublier des choses et travailler tard quand ils ont des problèmes. C'est leur façon de vivre. Moi je m'apitoie sur mon sort jusqu'à ce que quelqu'un me ramène à la surface.

- Si tu veux manger, il reste de la salade de riz et des sushis dans le frigo.

J'hoche la tête, et après avoir obtenu la permission de manger dans ma chambre, je file dans la cuisine préparer un plateau repas. Beaucoup de personnes ne comprennent pas comment je fais pour manger des sushis, mais j'en raffole. Et encore, ceux-ci sont fais par... Uber Eats a en croire la boîte. En tout cas, j'aimerai, au moins une fois dans ma vie, manger des sushis traditionnels.

Je monte dans ma chambre, et mange devant une série, tout en regardant mes réseaux sociaux. Mon téléphone vibre m'indiquant que j'ai reçu un message de Claudia. Je suis un peu déçu, j'aurai préféré que ça soit Raphaël. Je réponds rapidement et me repongle dans ma série, avant dans me laisser porter dans les bras de Morphée.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant