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Ma mère s'active en cuisine. J'ai décidé de réunir nos familles avant mon départ en Espagne. C'est à dire dans deux jours. Mon quotidien ici est le même depuis un mois. Lever, visite à l'hôpital, café avec Kenza, inscription à mon CAP à domicile, préparation des choses que j'emporte... Je suis heureuse que les choses changent. Et Raphaël lui est content que les allers retours entre Madrid et ici s'arrêtent. Je le comprends. 

Je monte les marches qui mènent vers ma salle de bain, après avoir mis la table. Je déteste ce moment depuis quelques jours. Voir mon corps se modifier au fil des jours n'est pas la chose la plus facile. Bon nombre de femme enceinte me tuerai d'avoir dit ça. Mais à peine ai-je finis mon adolescence que je replonge dans une phase où toutes mes hormones sont en effervescence. 

Je laisse tomber mon sweat sur le sol et regarde les petite bosse qui se forme timidement sur le bas de mon ventre. En plus de devoir changer physiquement, je suis incapable de manger normalement depuis mon retour de l'hôpital. Mon petit-déjeuner à sauté. Ensuite plus de nourriture liquide. Finit les milk-shake et les soupe. Enfin, j'ai très vite compris que lorsque la nausée montait en moi, je devais éloigner toute forme de nourriture. 

Je rentre dans mon bain et ferme les yeux. J'ai lancé une playlist détente. J'essaie de ne pas stresser. J'ai peur que les choses se passent, que nos deux familles autrefois amies, ne soient désormais destinées qu'à se déchirer. Et je ne veux pas que ma propre famille soit au milieu de ces conflits. 

Les odeurs du plats de ma mère montent jusque dans la salle de bain, alors que je décide enfin à me rincer. Le temps passe et je suis tout juste habillée d'une petite robe verte. Je détache mes cheveux et les laisse onduler librement alors que je m'attaque au maquillage. Cette fois-ci c'est une autre paire de manches. Je dois essayer trois fois sur chaque œil avant d'avoir un trait de liner potable. Je lisse ma robe et file dans ma chambre enfiler une paire de sandale marron. 

Quand je descends, Raphaël est revenu de chez ses parents. Il aide mes parents en cuisine. Je souris en les regardant. Toute cette petite vie me plaît bien. Je dégote un livre dans la bibliothèque et je me pose dans le canapé pour commencer à lire. J'adore lire et je regrette de ne plus prendre le temps pour ça. J'ai arrêté juste avant le bac et je n'ai pas touché à un livre une seule fois depuis. 

Je lis une bonne trentaine de minutes avant que quelqu'un ne frappe à la porte. Ma mère ouvre alors que je repose le livre sur l'étagère du salon. J'ai la subite envie de le lire en entier. Les Varane entre et je suis un peu gênée par leur regard persistant. Surtout celui d'Annabelle. Raph' me rejoint et pose une main sur ma hanche. 

- Maman allez boire un verre dans le salon nous allons finir de préparer le repas avec Raph'. 

Elle les conduit dans la salle à manger et je me replis avec mon homme dans la  cuisine. Il faut que nous parlions avant de rester près de quatre heures avec nos deux familles, à tenter d'expliquer nos choix. 

- Ta sœur me déteste, je souffle en coupant des tranches de pain. 

Il attrape une cuillère en bois et touille la sauce tomate. 

- Elle ne te déteste pas, il me réponds tout en continuant à mélanger la sauce. Elle pense juste que tu as fais exprès de tomber enceinte pour que revienne ici. 

Je secoue la tête énervée. J'attrape la corbeille de pain et m'enfuie vers la salle de repas. Je suis presque choquée en entrant dans la pièce. Tout semble être rentré dans l'ordre. Mon père discute en face de la baie vitrée avec celui de Raphaël. Ma mère montre ses nouvelles décorations à ma belle-mère. Seule Annabelle se trouve assise à table. Elle regarde son téléphone et jette des coups d'œils vers ses parents. 

Je pose le pain à table et m'avance vers elle. Je tire une chaise et m'assois, prise de crampe dans le bas de mon ventre. Elle me regarde dans les yeux, comme si elle attendais des excuses. 

- Je n'ai pas envie de parler Eleana. 

- Si tu penses que j'ai fait exprès tu te trompes. 

Elle secoue la tête, cette fois j'ai comme l'impression que je ne comprends pas ce qu'elle va me dire. 

- Si je suis si passive c'est parce que mes parents vous réserve une sacré surprise aujourd'hui.

- La jalousie ce n'est pas bon, lâche une voix féminine derrière moi. La mère d'Annabelle lui lance un regard noir et s'assois à mes côtés. 

Je lui souris poliment. Elle prends mes mains délicatement. Depuis que je suis enceinte, je suis une poupée de cristal des plus fragile. Tout le monde est doux et gentil. 

- Je suis heureuse que vous fassiez parti de la famille. J'ai hâte que mon fils vous demande en mariage. 

Je souris et hoche la tête pour lui faire plaisir. J'ai déjà assez brûlé d'étapes comme ça. Le mariage n'est vraiment pas d'actualité. Raph' me sauve en entrant avec le plat de lasagne. Sa mère se lève et lui laisse la place. Tout le monde prend place et commence à manger, sans spécialement faire attention à nous. Je trouve ça plutôt étrange étant donné que ce repas et censé être un au revoir. Mais, cela me montre que je laisse derrière moi deux familles enfin réconciliées. Je pose ma main sur celle de Raph. 

Aujourd'hui je sais que rien ne pourra m'arriver si je me trouve près des êtres que j'aime, plus particulièrement près de lui. Je sais qu'il sera toujours la pour me soutenir dans tous mes choix. Je sais aussi qu'il sera un merveilleux père. Pour la première fois mon avenir me paraît simple et clair. Mais nous savons tous qu'un sentiment de sûreté et toujours trop vite remplacé par la peur et l'angoisse. 

  

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant