-19-

468 25 0
                                    

Le trajet passe très vite. À peine ai-je posé le pied sur le quai de la gare que ma mère me saute dessus.

- Ma petite fille chérie, tu m'as manqué.

Je rigole et l'a prend dans mes bras. Je prends mes affaires et nous partons vers la maison. Je lui raconte Madrid pendant tout le trajet. D'après elle, on a aussi entendu parler de moi en France. Je déteste que tout le monde ait conscience de mon existence. Mais je ne veux pas perdre mon temps là dessus. C'est comme ça c'est tout.

- Ton père est en voyage d'affaire pour l'entreprise. Nous sommes toutes les deux ce soir, m'annonce-t-elle en se garant.

Je saute presque de joie en entendant cette phrase. Tout d'abord parce que cela fait une éternité que je n'ai pas eu une soirée mère-fille, mais aussi parce que cela va me changer les idées. Elle m'aide à monter mes affaires à l'étage. Je les rangerai demain. J'appelle Raph qui décroche instantanément.

- Bien arrivée ?

- Bien arrivée, je réponds. Merci pour la lettre.

Je suis certaine qu'il sourit.

- Mais de rien tout le plaisir est pour moi. Désolé de ne pas avoir pu te le dire en face.

Nous discutons une bonne demi heure, puis je suis obligée de raccrocher quand ma mère frappe à la porte.

- Éléana, Kenza est là. Tu veux bien descendre la voir ?

J'hoche la tête. Avant je lui aurais dit de monter. Mais lorsque l'on reste sous le feu des projecteurs un long moment, les quelques espaces d'intimité que nous avons sont précieux.

Je descends les marches en me préparant à la revoir. Je ne veux pas prendre partie dans cette histoire. Kenza et Claudia sont mes deux meilleures amies. La personnes à qui j'en veux le plus dans cette histoire c'est Kévin.

Kenza est resplendissante dans mon salon. Elle a coupé ses longs cheveux en un carré et elle encore plus belle. Je m'avance et l'a prends dans mes bras. Elle sursaute et me rend mon étreinte. Je me recule et la dévisage quelques secondes.

- Tu es magnifique, je lui dis en souriant.

Elle secoue la tête et prends sa tête dans ses mains. Nous nous asseyons dans canapé en cuire bordeau.

- Ça va ? Tu as pris des couleurs, lâche-t-elle.

Je prends ses mains dans les miennes pour la mettre en confiance. Je sais très bien qu'elle ne vient pas me voir par simple politesse. Elle veut mettre les choses au clair, et je comprends. 

- Racontes moi ce qui ne vas pas, je souffle.

Je vois ses yeux se remplir de larmes. Je m'en veux d'avoir ignorer les appels de mes amis tout le temps que je me trouvais auprès de Raph. 

- Il m'avait dit qu'il le dirait à Claudia mais il ne l'a jamais fait. Elle ne me pardonnera jamais. Il m'avait promis qu'on serait un couple au yeux de tous mais lorsqu'elle l'a su, il a juste tout rejeter sur moi. Qu'il faisait parti de mon tableau de chasse. Mais les garçons d'un soir tu sais, c'était une simple couverture. Je m'en veux pour Claudia mais je suis littéralement tombée amoureuse de lui.

Désormais un flot de larmes arpente ses joues. Elle attend que je dise quelque chose. J'essaie de digérer toutes les informations qu'elle vient de me fournir.  Mon téléphone vibre et je m'autorise d'y jeter un coup d'œil. J'ai reçu un message d'Annabelle. Elle veut sûrement avoir des nouvelles de son frères et je lui réponds que je passerai le lendemain matin. Depuis que j'ai été à Madrid je suis de plus en plus matinale. J'aime ça. Kenza me voit sourire et je réalise qu'elle attend ma réponse.

- Ecoute vous avez tous vos torts dans cette histoire. Mais Claudia et toi êtes mes amis et je ne vous jugerais pas. Mais, de la même façon, je ne m'en mêlerai pas. Par contre si tu as besoin de parler tu peux compter sur moi. 

Je la prends dans mes bras alors qu'elle me remercie. Je frotte son dos pour la calmer avec la paume de ma main, presque maternellement. J'ai l'impression que ça n'a pas été facile pour elle, mais que le pire n'ai pas passé. Mon téléphone vibre mais je l'ignore cette fois ci.

- Allez, me dit-elle en reculant, racontes moi tes vacances maintenant. 

Je lui souris et entame le récit des trois semaines que j'ai passé à Madrid, n'oubliant pas de chercher un pot de glace pour elle et moi.

***

Je suis dans ma voiture, devant chez les Varane depuis vingts minutes. Je n'ose pas sortir. Quelque chose me dit qu'Annabelle ne veut pas uniquement des nouvelles de son frère. C'est stupide. Je finis par sortir, frissonnante. Le temps n'est pas le même ici.

Je marche sûre de moi, vers la porte d'entrée. Je ne toque même pas que la porte s'ouvre sur Annabelle. Elle paraît ravie de me voir. Je me suis sûrement trompée.

- Comment ça va, je demande en entrant.

- Très bien, écoutes mes parents rentrent bientôt je vais aller droit au but.

Je hausse un sourcil rabattant mon sac à main contre moi. J'ai l'impression d'avoir changé, et mes talons talons aiguilles me prouvent que j'ai raison. Avant jamais je n'aurai porté ça pour une visite de courtoisie, mais j'ai comme l'impression qu'à tout moment on peut me prendre en photo.

- Écoutes, n'en veut pas à mon frère.

Mon cœur loupe un battement. Qu'est ce qu'a fait Raphaël. Je pose une main sur une de mes tempes. À peine suis-je rentrée que les problèmes me tombent dessus. Je me suis toujours bien entendu avec Annabelle, mais je savais qu'elle ne m'invitait pas pour fêter mon retour ou mon départ pour la fac.

- Parles, je lâche voyant qu'elle n'ose pas.

- Je ne veux pas détruire votre couple mais je ne veux pas non plus que tu sois mise de côté dans l'inconnu de ce qu'il se passe dans cette famille.

Je tape du pied sur le sol à un rythme régulier. Je fais toujours ça quand je suis nerveuse et angoissé. Il y a peine vingt-quatre heures, je batifolais avec son frère et maintenant je ne sais absolument pas comment je vais réagir.

- Raphaël a eu une demande de transfert pour le LOSC.

Je saute presque sur place. Il revient enfin chez nous. Je peux demander à changer de faculté d'ici un mois, deux grands maximum. Nous allons pouvoir le rêve éveillé que nous avons vécu pendant trois semaines. Je suis tellement heureuse que je ne peux m'empêcher de sourire bêtement.

- Tu m'as fais peur je croyais qu'il avait fait une bêtise.

- Attends, je n'ai pas finis. Il a refusé.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant