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- Je suis enceinte, je répète pour la centième fois.

J'ai l'impression qu'une tonne de responsabilités m'assaillent d'un seul coup. Pour empirer le phénomène, Raphaël à préféré rentrer chez ses parents pour réfléchir. J'ai peur qu'il le manipule. Depuis que je sors avec des garçons je me suis dis que si un incident devait se produire, en l'occurrence un bébé, je le garderai. J'ai une vie en moi et je ne peux me soustraire à la mort. Tuer son propre enfant, aussi petit qu'il soit, c'est pire que tous les génocides du monde. 

Qu'est ce qu'on a mal fait ? Mais nous le savons tous il suffit d'une fois. J'ai beau aimer Raph, j'ai pur qu'il prenne la mauvaise décision et qu'il me laisse seule. J'ai bien compris que sa carrière était son projet, son but et que pour le moment il ne fallait pas changer ses plans. Et l'enfant qui se trouve en moi change ses plans. Mon téléphone vibre. Raph me l'a donné avant de partir. 

- Allô maman , je réponds avec ma voix cassée. 

- Ma chérie, hurle-t-elle au téléphone, ne nous fais plus jamais ça. Quand tu étais dans le coma j'a cru mourir.

Je réalise soudain que l'infirmière m'a dis que nous étions le vingts-cinq. J'ai moi aussi été dans le coma. Un trou noir de ma vie, je n'ai aucun souvenir. Je vais rater ma rentrée, et sûrement mon année à cause des blessures. Et du bébé. 

- Maman tu peux venir s'il te plaît, avec papa si tu veux. J'ai quelque chose à vous dire et je préfères vous avoir en face. 

- On arrive. 

Elle raccroche. Elle doit paniquer. Je stresse et j'aurai préféré que Raphaël soit là, à me tenir la main. C'est un geste simple mais il m'apaise tellement. En réalité, tout de Raph me calme. Les vingts minutes qui suivent l'appel de ma mère sont les pires de ma vie. La porte s'ouvre enfin et Maman se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras. Elle me prends délicatement comme si j'étais l'objet le plus fragile du monde. C'est peut-être le cas. 

- Ça va ? Où est Raphaël ? demande mon père resté à l'écart. 

- Justement, c'est pour ça que je vous ai appelé. 

Ma mère se recule et mon père prends un air dur. Il doit être vingts heures passé mais je dois leur dire ce soir. 

- Je suis enceinte de lui. 

Ils n'ont aucune réaction puis explosent de rire. 

- Nous sommes contents de voir que tu n'as pas perdu ton sens de l'humour. 

- J'ai l'air de rire, je lâche un peu trop fort pour ma gorge. 

Je pose une main dessus immédiatement. Ma mère pose une main sur son cœur et mon père prends sa tête dans ses mains. Ils réalisent que je n'ai pas la tête à rigoler et que suis plus que sérieuse. 

- Je t'avais dis , il dit en pointant un doigts vers ma mère. Je t'avais dis cette "histoire de jeunesse" comme tu aimes si bien l'appeler prendrait un autre tournant. Tu m'avais dis que le transfert les briserai et regardes ta fille est enceinte de cet enfoiré. 

Je regarde ma mère. Je suis blessée de ce que vient de dire mon père. Je ne peux pas le croire. Pourtant elle baisse la tête, coupable. Les paroles de mon père me reviennent en mémoire et je sors de mes gongs. 

- L'enfoiré comme tu dis, il était là pour me défendre quand toi tu n'étais pas capable de régler le problème d'harcèlement que je subissait. Il était là quand toi tu étais en "voyage d'affaire". 

Mon père semble plus énervé qu'avant et il sort sans un regard en arrière. 

- Quant à toi, comment as-tu pu, je crache mes mots au visage de ma mère. J'avais confiance en toi. Pourquoi personne ne veut que l'on s'aime merde. Qu'ais-je fais ? 

Elle me fixe ne sachant que faire. Puis elle ramasse son sac au sol. Avant d'ouvrir la porte et de partir, elle me lance un dernier regard. 

- N'en veux pas à ton père. Il est sous le choque. Quoique tu décides nous soutiendrons ta décision Eléana. Nous t'aimons. 

Puis elle refermes la porte derrière elle. Je n'en peux plus et je meurs de faim. Je réunis les dernières forces en moi pour appuyer sur le bouton rouge et j'attends l'infirmière patiemment. J'ai déjà hâte d'être chez moi alors que cela ne fait que quelques heures que suis réveillée. Enfin, je ne sais même plus où est mon chez moi. Chez mes parents ? Sûrement pas, j'ai dix huit ans, je dois prendre mon envol. En Espagne ? Je ne sais même pas si Raphaël veut encore de moi. A Nice ? Ce n'est pas chez moi.  

Une infirmière entre et me demande ce que je veux. Je lui réponds avec le sourire le plus faux du monde. Non pas que je ne l'aime pas. C'est juste que je n'ai pas la tête à être heureuse. Elle revient une demi heure plus tard avec un plateau repas. La viande et les légumes ont le goût de l'eau mais je les dévore. Le yaourt mangé, je suis repus. J'attrape mon téléphone et repousse la tablette à roulette sur lequel est placé le plateau. J'ai reçu beaucoup de message sur twitter. Je décide de rassurer tout le monde en postant une photo de moi dans moi lit d'hôpital. Je prends compte de on état. Mes cheveux sont gras, ma peau sèche. J'ai d'énorme cernes et des bleus. Je change de sens à la caméra et poste une photo de la couverture. 

Je reçoit une notification de mes messages. Il s'agit de Kenza. En ouvrant son message, je découvre que j'en ai une bonne dizaine. Je lui réponds en lui disant qu'elle peut passer le lendemain. Je prends de répondre à tous les messages quand un s'affiche en tête de liste. Il vient d'être reçut. Il s'agit de Raphaël. 

Quoique qu'il se passe sache que mon amour pour toi ne changera jamais. 

Je prends mon courage à deux mains. Au fond de moi, je sais où se trouve mon chez moi. 

Je veux venir vivre en Espagne.

𝒲𝒽ℯ𝓃 ℐ𝒲𝒶𝓈 ℋℯ𝒾ℊ𝒽𝓉ℯℯ𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant