chapitre un

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Il n'y a rien de plus précieux sur Terre, qu'un ami.
Quelqu'un sur qui on peut compter, quelque soit la décision qu'on a pris, les choix qu'on a fait,
quelqu'un qui nous soutiendra toujours, qui sera compréhensif même si les opinions divergent,
quelqu'un qui reviendra toujours vers nous, qu'on peut appeler au beau milieu de la nuit,
qui viendra nous chercher en sortie de boîte, complètement explosé, qui nous caressera le dos tandis qu'on vomit nos tripes dans les toilettes de l'appart miteux dans lequel nous vivons.
Cet ami là, on le chérit, on le garde près de nous, on lui rend tout ce qu'il saura nous donner,
on lui porte tout l'amour et toute l'attention nécessaire.

De nos jours, ce genre de personne se fait rare.
Mais j'ai la chance d'en avoir un, un ami.
C'est avec lui que, gamin, je faisais le mur pour aller boire de la bière de basse qualité dans le parc de ma ville, c'est avec lui que je me suis retrouvé à pisser derrière les haies de son voisin, hilares à cause de l'herbe fumée quelques minutes plus tôt.
C'est dans ses bras que j'ai pleuré le jour où ma première relation sérieuse s'est terminée,
c'est avec lui que je débats sur les illuminatis, en mangeant de la pizza froide, et en fumant les fins de clopes sur notre vieux canapé dans notre appart pourri.

Seulement voilà, notre relation fusionnelle a pris un autre tournant, et tout au fond de moi, je le savais, oui, je savais comment ça allait se finir.
Le fait que nous nous sommes déjà baigné nus dans une rivière, que nous dormons parfois l'un contre l'autre sur le canap' en rentrant de boîte, les câlins, les délires chelous, ont déclenché en moi tout un tas d'émotions, de sentiments, que personne ne devrait ressentir pour son meilleur ami.
Surtout que nous sommes deux hommes, lui-même ne l'accepterait pas, et le perdre serait la pire chose que je pourrais subir dans ma vie, vie qui ne vaudrait plus la peine d'être vécu si notre amitié parvenait à se terminer un jour.

Alors je me tais, je me mure depuis peut-être trois semaines dans un silence, qui l'inquiète, je le sais. Mais je ne me vois pas lui avouer mon amour pour lui, c'est déjà dur de me l'avouer à moi-même.

Je sais que moi, Aurélien, je ne gouterai ni aux lèvres, ni à l'amour de Guillaume. 
Parce qu'il n'y a rien de plus précieux sur Terre, qu'un ami.   

Il fait beau [orelxgringe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant