chapitre sept

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Aurélien rentre chez lui avec hâte.
Ce n'est pas que sa journée de travail était horrible,
mais il est si pressé de retrouver son lit, sa bière, et son Guillaume.
Son Guillaume, tout ça est assez drôle tout de même.

Il rentre dans l'appartement, pose son manteau pour laisser apparaître la marinière qu'il s'est acheté une semaine auparavant. Les lumières sont éteintes, il s'avance.
Il trouve sur la table du salon, trois parts de pizzas froide, une bière, et le bonnet de Guillaume.
Il en déduit que son ami ne l'a pas attendu pour manger, mais peu importe, il est quand même assez tard, et le soleil est déjà couché, tout comme lui.
Il se dirige vers sa chambre non sans murmurer un "bonne nuit" en passant devant la porte de son meilleur ami.

Malgré une longue journée de travail, Aurélien ne parvient pas à s'endormir.
Il écoute le silence.
Quand soudain, il entend des pas. Il se dit que Guillaume s'est sûrement levé pour aller aux toilettes.
Seulement, il ne l'entend pas revenir.
Aurélien se lève.
Il se dirige nonchalamment vers le balcon, il ouvre la porte-fenêtre et remarqué Guillaume, accoudé en train de fumer.

-Guillaume? Qu'est-ce que tu fais là?

L'interpelé ne répond pas. Aurélien s'approche de lui et s'installe.
Guillaume lui tend son paquet de cigarettes. Aurélien en prend une et l'allume.
Soudain, le brun passe la main dans ses cheveux, pas couvert d'un bonnet pour changer.
Il ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose.

-J'attends qu'le soleil se couche pour pouvoir exister, je sais, c'est idiot, mais j'préfère vivre la nuit, connaître les rêves éveillés, voir les étoiles, en espérant les atteindre un jour, ou plutôt une nuit. C'est le moment où j'y crois, où j'ai de l'espoir, où je me dis que j'ai encore mes raisons d'être là.

- J'suis content que tu penses avoir le droit d'être là. Moi j'pense beaucoup trop à la mort.

-Pourquoi tu penses à la mort?, s'étonne le brun.

-J'sais pas, p't-être parce que j'fume depuis quinze ans, p't-être parce que j'crache du sang.

-Honnêtement, j'ai longtemps pensé que fuir était la solution. Mais j'me suis trompé. Je sais qu'il faut faire plus que ça pour que nos démons meurent.

- Moi j'veux pas qu'ils meurent, c'est ma seule compagnie quand je sombre, mes nuits sont blanches, mes idées noires tu vois.

-Mais, je suis là moi.

- J'veux pas être dépendant d'un être humain. J'veux pouvoir vivre, et me dire que du jour au lendemain je peux partir sans regrets.

-T'as pensé au fait que, même si c'est le cas, moi je souffrirai de ton départ?, murmure Guillaume, impassible, en s'allumant une autre cigarette.

- Je sais, je suis désolé, des fois j'agis comme si j'avais plus rien à perdre. Tu sais Guillaume, j'veux jamais t'faire de mal pourtant j'le fais quand même.

-J't'ai jamais demandé de te préoccuper de tout ça. J'ai l'impression d'avoir un but invisible.

-De chercher l'invisible.

- Ouais.

-J'cours après mon ombre, crachent-ils en choeur en même temps que la fumée.

- Tu crois qu'on sera des loosers toute notre putain de vie?, dit Guillaume en balançant sa clope du haut du balcon.

Aurélien retourne à l'intérieur, revient avec deux bières.

-J'porte un toast!, dit-il en levant sa bière au dessous des étoiles.

-Un toast à quoi?, ricane Guillaume mais imitant tout de même son geste.

-À tout c'que j'laisserai...

-À tout c'que j'laisserai..., répète le brun, les yeux brillants.

-Inachevé.

-Inachevé.

Il fait beau [orelxgringe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant