chapitre douze

392 34 21
                                    

Guillaume était rentré ivre mort. Il a passé une moitié de la nuit à boire, et l'autre moitié à vomir ce qu'il avait bu, tout en pleurant. Encore.
Il s'était senti minable. Une vraie tapette, il s'était dit.
Il était passé par une multitude de sensation.
Il s'est retrouvé heureux, d'avoir pu lui dire je t'aime, ça lui brûlait les lèvres depuis si longtemps. L'instant d'après, il a regretté ses mots, car la souffrance ne venait pas loin derrière. Après il a pleuré de tristesse, d'impuissance. Après, il a arrêté de pleurer, mais il était toujours aussi impuissant.

Et maintenant, en regardant Aurélien, debout devant lui, il ressent une colère, qu'il ne peut exprimer avec des mots.
Et Aurélien ne le regarde même pas dans les yeux. Le brun sait que crier ne servirait à rien alors il s'assoit sur le canapé, Aurélien s'avance, et reste debout devant lui.
Il prend une grande inspiration.

-Je me suis menti à moi-même à cause des vérités qui m'échappent. Mais les choses qui restent enfermées ne peuvent pas le rester pour toujours et quand elles sortent, je te jure que rien n'est facile.

- Oui, mais tu t'attendais à quoi?, dit calmement Guillaume en redressant les yeux vers lui. Tu voulais cacher les conneries de ta vie au monde en attendant qu'on oublie tout? Tellement que tu finisses par tout oublier toi-même?

-Non! J'aurais voulu que rien de tout ça n'arrive, je sais juste pas comment aider mon esprit à se réparer, je n'ai jamais voulu faire souffrir quelqu'un!

-Sauf que c'est trop tard, tu me fais souffrir, et tu en feras souffrir bien d'autres comme ça, et tu dis en avoir conscience mais là encore, tu te voiles la face.

-Et pour toi alors?, se défend Aurélien. Qu'est-ce que je devrais dire? C'est comme si tu me forçais à dire des choses que je ne veux pas dire, tu veux trop jouer au héros.

- Mais je fais ça parce que je tiens à toi! Tu crois franchement que c'est mon but de te perdre?, dit Guillaume commence à élever le ton.

-Non, mais tu l'as fait, comme moi je te fais souffrir: sans le vouloir. Tu vois que c'est pas toujours facile!

- Je sais plus si tu fuis ou si tu affrontes tellement que tu détruis tout, soupire le brun en se levant du canapé pour être face à face avec celui qu'il appelait son meilleur ami.

- Le jour où je trouverai réellement ce que je veux, tu ne souffriras plus.

- Mais il ne s'agit pas seulement de moi, ou de ce que je veux!

- Mais...

- Et ne me dis pas que je parle que de moi, ou alors tu n'as rien compris de tout ce que je t'ai dit!

-Guillaume, je suis perdu, je crois que je ne pourrais jamais te comprendre, souffle Aurélien en se frottant un oeil.

-Il y a pourtant une époque où tu le faisais si bien Orel.

-Alors cette époque n'est plus, on n'a plus quinze ans, répond-t-il en se déchirant à l'attente de ce surnom qui sonne si bien dans la bouche de son Gringe.

-Pourtant, tes sentiments et ta maîtrise ne volent pas plus haut que tes amourettes de la quinzaine.

- Je regrette.

-Quoi?, réplique alors le brun, se brisant.

- Je regrette de ne pas te rendre heureux, de ne pas pouvoir faire de ce que mon coeur veut réellement.

- Et qu'est-ce que ton coeur veut réellement?

Aurélien soupire, passe une main dans ses cheveux, il a beaucoup à perdre, c'est vrai, mais au fond, il a aussi tellement à gagner.
Il s'avance vers Guillaume, qui n'était pas si loin de lui. Il est d'ailleurs surpris que le brun ne recule pas, peut-être que lui aussi en a envie dans le fond.
La main d'Aurélien se pose sur la nuque de Guillaume.
Et il l'embrasse.
Et ce n'est pas un test.
C'est de l'amour.

Il fait beau [orelxgringe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant