chapitre vingt-et-un

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Il fait sombre.
Aurélien dort paisiblement dans son lit.
Tous leurs amis sont partis, y compris Antoine que le petit chatain a pris le temps de saluer d'une longue éteinte qui n'a pas échappé à Guillaume.

Celui ne dort pas. Il tourne dans son lit dans l'espoir de trouver une position adéquate afin de s'endormir mais il ne cesse de penser à ce qu'Antoine lui a dit la veille.

D'un bond, il se lève et se dirige machinalement vers la chambre d'Aurélien.
Il ne prend pas la peine de tiquer et ouvre la porte, découvrant son ami qui dormait sur le côté, ses cheveux devant les yeux et la bouche légèrement entrouverte.
Le brun s'approche du lit avant de d'asseoir près d'Aurélien.
Il le regarde longuement en se mordant la lèvre et commence à lui caresser les cheveux.

Guillaume a mal, mal en se disant qu'il ne pourra jamais embrasser ses douces lèvres, ses yeux dévient du visage de son précieux Aurélien pour tomber sur une feuille et un stylo.
Sa curiosité remporte soudain que sa raison et il se saisit du papier où Aurélien a écrit de sa plus belle écriture, les mots suivants.

Seules les expressions concrètes demeurent vraiment,
les sentiments se sont noyés, fléaux des humains négligés.
Et l'âme ne suit plus, la mer est houleuse,
mais je la sens si douce. Je n'ai plus peur.
Mais tout ramène l'amer décision, de ne plus vivre comme on l'entend.
La décision du maintenant ou du après.

Je ne saurais distinguer la douleur, mais j'accepterai les erreurs, les aléas de la vie comme elles viennent.
Puis-je accepté ma propre nature, quand elle est plus horrible que dans mes cauchemars?
La plus mauvaise part de chacun réside dans ce qu'il ne sait pas, dans ce qu'il repousse inconsciemment tout au fond de son être.
Mais parfois, elle ressort sans crier garde, avec aucune intention de faire le bien, de faire preuve d'empathie ou de te laisser une chance de te rattraper,
seulement la destruction du corps et de l'esprit, sur les autres comme sur soi.

J'apprendrai à connaître ma mauvaise part, la personnalité que je renie depuis plus d'une dizaine d'années et que j'apprends à dénigrer sagement comme un humain qui ne saurait être empathique qu'envers soi-même.
Aujourd'hui, c'est le spleen qui coule au bout de mes doigts sans pouvoir le serrer dans mes bras et l'enfance se dégrade chaque fois que je tourne la page sur mon innocence.
J'aurais aimé écrire des poèmes qui se réalise soudain, dans un nuage de pétales de roses.
J'aurais voulu argumenter devant lui, pour apprendre le poids de mon âme, maintenant qu'elle lui appartient autant que mon coeur.

Il l'a lu à voix haute, et cela lui semble encore plus puissant, mais toujours pas assez clair.
Aurélien l'aime, mais l'aime-t-il de la même façon?
Guillaume essuie les larmes qui avaient coulé le long de ses joues avant de sortir de la chambre, aussi perdu que lorsqu'il y est entré.

Quand la porte claque doucement, Aurélien ouvre les yeux et pleure silencieusement.
Il a tout entendu. Le fait que Guillaume aie lu son texte changera-t-il quelque chose?
Il l'ignore, et ça ne le rassure pas du tout.

Il fait beau [orelxgringe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant