Chapitre XIV - Intuition

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Lorsque les L et leur professeure quittèrent la salle, ils constatèrent qu'en dépit du temps passé dans le Labyrinthe, il ne s'était pas écoulé plus d'une heure entre leur entrée et leur sortie de ce dernier. Par conséquent, personne n'avait pu s'inquiéter de leur absence. Bien que cela fut étrange, personne ne s'en préoccupa. Ils étaient tous bien trop secoués pour réfléchir à quoi que ce soit. Magnanime, et surtout empathique, Mlle Tirso-Molinier les convia à rentrer chez eux, avant de réaliser qu'elle avait elle aussi atteint son quota d'heures de la journée, et de rentrer également.

Désormais, il ne restait que peu de temps aux L pour mener à bien leur mission, sans quoi leur ville serait anéantie. Sacha avait déjà dû commencer à raser quelques villes, et ne comptait pas s'arrêter là. Mais pour les Littéraires, la priorité se trouvait ici, dans cette ville où ils avaient tant d'attaches.

Ainsi, après une bonne nuit de sommeil, les L s'en retournèrent au lycée. Et étrangement, rien ne semblait anormal. Jusqu'à la récréation de 10h.

Son téléphone dans la main, Martha courait vers le reste du groupe, haletante.

- Vous devriez... voir ça.

Elle leur tendit alors son portable. Simone s'en saisit, et le positionna de façon à ce que tout le monde puisse lire l'article qui s'affichait sur l'écran. A priori, plusieurs enfants auraient disparu en ville et aux alentours durant la nuit, sans laisser la moindre trace. Mara prit alors la parole :

- Vous pensez que Sacha est derrière tout ça...?

Zélie, écarquillant les yeux, sembla soudain être arrivée à une conclusion.

- Mais... dans ce cas... ça voudrait dire qu'il est...

Ce fut Martha qui finit la phrase :

- Un pédophile ?!

Zélie la toisa, horrifiée.

- Mais non ! Ce que je veux dire, c'est qu'il doit être en train de préparer quelque chose. De mauvais.

Martha rougit instantanément.

- Hum. Oui, c'était... de l'humour.

Soudain, la sonnerie retentit. Les L filèrent donc en D15, curieux de rencontrer le remplaçant de feu Mme Qualach. Une fois arrivés devant la porte, un homme à la moustache fournie et à la chevelure grisâtre les accueillis avec un sourire.

- Bonjour. Je suis M. Gianemont. Je suis votre nouveau professeur d'histoire géographie.

Puis, plus bas, il ajouta :

- Je tiens d'ailleurs à vous exprimer mes plus sincères condoléances par rapport à votre ancienne enseignante. C'est horrible, ce qui est arrivé.

Tournant la tête; Martin remarqua que Simone fixait cet homme avec intensité et avec une forme de crainte dans le regard, sans qu'il sache pourquoi. Alors que tout le monde entrait dans la classe, il choisit de lui poser directement la question :

- Dis-moi, tu as un problème avec ce prof...?

Arrachée à sa transe, elle sursauta.

- Non...Non... C'est juste que j'ai la cruelle impression de l'avoir déjà vu quelque part, sans arriver à me rappeler où.

Maintenant qu'elle le disait, Martin avait lui aussi l'impression étrange de connaître cet homme, mais sans arriver à savoir comment.

Voyant qu'ils traînaient, ce dernier les pressa gentiment, et tous deux rentrèrent en classe. Si le cours se passait très bien, Simone ne semblait pas y prêter attention. Discrètement, elle sortit donc son téléphone portable et envoya un message sur le groupe des L.

"Ce prof a quelque chose d'étrange. Au point où on en est, je pense qu'on perdrait rien à le suivre à la sortie. Qui m'aime me suive."

Ainsi, la fin du cours venue, Simone n'attendait plus que la fin de la journée pour mettre son plan à exécution. Aussi, à midi, tous ses camarades l'attendaient devant les grilles du lycée, et ils prirent donc en chasse leur professeur le plus discrètement possible dès qu'il fut à plus de 10 mètres d'eux. Celui-ci ne semblait pas les avoir vus, et continuait sa route en sifflotant.

Au bout d'un kilomètre, l'homme s'arrêta devant une vielle bâtisse en pierre, inséra les clés dans la porte et y entra. D'abord hésitants, les L s'engagèrent silencieusement à sa suite, espérant découvrir quelque chose qui éclairera leur lanterne au sujet de cet homme. A peine furent-ils rentrés, que comme dans un mauvais film d'horreur, la porte se referma derrière eux. La voix de leur professeur leur parvint alors de ce qui semblait être le salon :

- Bonsoir, mes chers petits fouineurs. A peine arrivé, et déjà pisté, c'est cela ?
Approchez donc, nous pourrons discuter plus... confortablement.

Histoire d'une Ascension Où les histoires vivent. Découvrez maintenant