Chapitre XXIV - L'entraînement

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Alors que le char continuait à monter inexorablement vers les nuages qui commençaient à apparaître dans le ciel matinal, Saint Pierre tira une énième fois sur son joint, dégageant un épais nuage de fumée. Étrangement, Simone sentait une étrange forme d'aura émaner de la fumée en question. Elle posa directement la question au chauffeur.

- Dites-moi, Monsieur... euh... Pierre. Cette fumée, c'est...?

L'intéressé tourna négligemment la tête dans sa direction, puis indiqua son joint d'un geste du menton.

- Ouaip, elle est pas normale, ça on peut le dire. Tu vois ce pét', il est composé d'ambroisie céleste, une plante qui pousse qu'au Paradis. Si quelqu'un qui possède des aptitudes surnaturelles quelconques la consomme, il les perd pendant un certain laps de temps. Ça sert notamment aux anges pour se transformer en simples humains et se mêler à la population sans être remarqués, afin de remplir diverses missions.

Martin haussa les sourcils.

- Et vous... Vous la fumez...?

St Pierre fut alors secoué d'un petit rire aux accents rauques. Il lui répondit :

- Ça, c'est ma technique perso. Déjà, fumer ça c'est le pied, mais le petit plus, c'est que le fumée est tellement épaisse qu'en la soufflant d'une certaine façon, je peux l'étaler durablement sur un périmètre donné. De cette façon, tous ceux qui sont dans la zone et respirent cette effluve voient se faire bloquer l'utilisation de leurs pouvoirs paranormaux, s'il en ont, en plus de se retrouver totalement désorientés. Bon après, c'est pas permanent non plus. La fumée se dissipe à un moment ou à un autre. Il est pas ingénieux, St Pierre ?

Ce fut au tour de Fabiola d'entrer dans la conversation.

- Donc si je comprends bien, cette espèce de brume au dessus de la forêt, c'était vous ? Ça veut dire que Sacha et Dominique  sont redevenus... de simples humains ?

- Grossièrement, c'est ça. Ça explique aussi pourquoi votre prof chevaucheuse de livre pouvait pas s'en approcher; son pouvoir pétait les plombs dès qu'elle était trop près. Après, j'vous le répète : c'est temporaire. Ils seront coincés une heure grand max. Sans oublier le philosophe et l'autre illuminé... Ah ! Regardez. On arrive.

Détournant leur regard du Saint qui tira à nouveau sur son joint, les L levèrent la tête et avisèrent le grand portail doré qui, perché sur un nuage, commençait à se dessiner dans l'horizon rougeoyant. Émerveillée, Martha susurra :

-C'est donc ça... Les portes du Paradis...

Affichant un grand sourire, Saint Pierre hocha la tête, expira un dernier nuage de fumée, puis jeta son mégot dans le vide.

- Par contre, le boss a jamais été très conciliant sur le fait que je consomme l'ambroisie céleste... de cette façon. Je compte sur votre discrétion.

Avec un clin d'oeil complice, le Saint élargit son sourire, puis avisa à son tour le portail doré, grand ouvert, qui n'était plus désormais qu'à quelques dizaines de mètres. Guidé par les deux chevaux d'ébène, le char ralentit progressivement son allure. Quelques secondes plus tard, le groupe passait les gigantesques battants dorés, découvrant le paysage tout particulier qui s'offrait à eux. À l'horizon, ils pouvaient distinguer des centaines de structures immaculées perchées au-dessus d'épais nuages, qui flottaient au-dessus d'une mer de même consistance. Saisissant leur trouble, le Saint expliqua :

- Le Paradis est un endroit hors du temps et de l'espace, vous inquiétez pas si vous avez du mal à le situer, surtout vu sa taille, c'est normal. Normalement, il est inaccessible aux mortels, étant donné que le portail leur est invisible... Mais bon, comme vous l'savez, aujourd'hui, c'est... particulier. Au fait, j'ai quelque chose à vous dire...

Histoire d'une Ascension Où les histoires vivent. Découvrez maintenant