Retour et changements

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Le mystère du Gallion occupa l'esprit de Vega tout le reste de l'été. Elle le gardait tout le temps dans sa poche, le sortait périodiquement et l'examinait sous toutes ses coutures. Elle avait tenté de le plonger dans l'eau, de le laisser au soleil, dans la noirceur, même de le mordre, mais rien à faire, rien ne changeait. Elle connaissait la série de chiffres de la pièce par cœur, à force d'y chercher des indices.

Elle avait tenté de tirer les vers du nez de Rionach, mais celle-ci ne lui disait rien de plus que Ginny. « Garde la pièce avec toi, tu verras pourquoi », et « on te dira tout au bon moment ». Vega avait de plus en plus hâte au premier septembre et à King's Cross ; elle était certaine que, face à face, Rio n'arriverait pas à lui cacher la signification de cette fichue pièce bien longtemps.

Le trente et un août au soir, Irene et Rigel appelèrent Vega dans la cuisine. Ils étaient assis côte à côte derrière la table, le visage sérieux. Perdant son sourire, Vega prit place face à eux, se demandant avec une boule au ventre si ses parents allaient lui parler de Rionach.

— Princesse, commença Irene. Demain tu retournes à Poudlard et les choses vont avoir changé. J'aurais voulu que tu ailles à Durmstrang cette année, mais ce Severus Rogue t'oblige à rester en Angleterre...

— Les choses risquent d'être très difficiles, continua Rigel. Tu en as eu un aperçu à la fin de l'année dernière, mais j'ai bien peur que ça ne soit rien comparé à ce qu'il risque de vous attendre tous cette année.

Vega avait les yeux grands ouverts et, vu le visage de sa mère, ce n'était pas la discussion à laquelle elle s'était attendue non plus.

— Ça ne servirait à rien de lui cacher la vérité, Irene, dit fermement Rigel en réponse à la pression qu'exerçait sa femme sur sa main. J'ai déjà eu affaire aux Carrow, j'ai peur de les imaginer professeurs de jeunes sorciers... Mais tu es une jeune femme intelligente, Vega. Je te fais confiance pour ne rien faire de stupide.

Rigel lui sourit et Irene lui serra la main.

— Je suis content que tu aies repris le contact avec Ginny Weasley, d'ailleurs. C'est une bonne amie à avoir, elle sait visiblement prendre soin d'elle, et je serai rassuré de vous savoir en bons termes dans le château.

— Mais Grace Nott...

Les parents de Vega échangèrent un regard gêné, puis Rigel se racla la gorge et poursuivit :

— Écoute, tu sais aussi bien que nous qui est le père de ton amie, quelles sont leurs allégeances, à son fils et à lui.

Vega serra le poing, celui que sa mère ne tenait pas, contre sa cuisse. Oh oui, ça, elle le savait.

— Loin de nous l'idée de te dicter qui devraient être tes amis, mais... méfie-toi, avec elle. Fais attention, simplement.

Vega sentit un accès d'irritation adolescente contre ses parents l'envahir. Pour qui se prenaient-ils ? Comme s'ils comprenaient ses propres amis mieux qu'elle !

Mais elle dut s'avouer qu'elle avait elle-même eu les mêmes doutes concernant Grace. Elle était même nerveuse à l'idée de la voir dans le train, le lendemain. Comment se comporterait-elle ? Aurait-elle changé autant que ses lettres le laissaient supposer ? Serait-il toujours possible pour Tory, Vega et elle d'être amies ?

Finalement, avec un sourire rassurant, Vega fit le tour de la table et passa un bras autour des épaules de chacun de ses parents, les serrant fort contre elle.

— Je serai prudente, promis, dit-elle. Je vous écrirai deux fois par mois pour tout vous raconter, et je ne ferai rien du tout pour me faire remarquer des Carrow. Je suis une Serpentard, pas une Gryffondor, c'est pas pour rien.

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