Chapitre 1

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Je sors du cabinet médical et me dirige d'un air absent jusqu'à ma voiture, tapotant nerveusement de mes ongles l'enveloppe que je tiens entre mes mains. Je prends lourdement place du côté conducteur, puis finis par sortir les feuilles de leur protection, d'une main flageolante.
Les photographies de ma première échographie s'offre à moi. Du bout des doigts, je suis la courbe du visage de bébé alors que mes yeux recommencent à s'embuer. J'observe longuement chaque cliché, avec toujours autant de surprise et d'émotion que lorsque que j'étais dans la salle d'examen.
Avant ce rendez-vous, je ne réalisais pas ce qu'il m'arrivait. On m'avait annoncé que j'attendais un enfant et je ne voulais simplement pas que tout ça soit réel, j'étais décidé à quitter le pays pour pouvoir me faire avorter le plus rapidement possible. Mais pour cela, je devais tout de même passer certaines analyses que ma gynécologue s'étaient empressées de me faire, tout en me posant diverses questions auquel j'ai répondu sans grand enthousiasme.
Une seule idée m'obsédait : prendre un avion et me faire retirer cet enfant. Ça me faisait et me fait tellement peur de me dire que je pourrais être maman. Ce n'est clairement pas le bon moment.
Peu avant l'échographie, je m'attendais vraiment à voir une sorte de « larve », tout au plus... Je pensais être en début de grossesse. Mais je me suis retrouvée avec un vrai bébé sous les yeux, qui gigotait ses petits bras et ses petites jambes. À cet instant, j'ai commencé à sentir les larmes me monter aux yeux. Je pensais me trouver devant un film pré-enregistré tellement tout cela m'étonnait. Je le voyais s'agiter, et pourtant, ne sentais absolument rien. C'est lorsque j'ai entendu son coeur battre que je me suis bien faite à l'idée qu'il était là. Je me suis alors mise à pleurer sans aucune retenu, sous le regard ému et bienveillant de celle qui nous auscultait.
Elle a poursuivit l'examen en essayant de me faire retrouver le sourire. Apprenant que je faisais du patin à niveau élevé, elle m'a informé que ce bébé tenait vraiment à naître pour être encore là : que je n'ai pas fait de fausse couche tenait presque du miracle selon la jeune femme. L'enfant était en parfaite santé et très énergique.
Sur le moment, je ne savais pas si je devais m'en estimer heureuse.
Il bougeait tellement qu'elle avait eu du mal à prendre les mesures pour estimer la date de conception. Après plusieurs vérifications, elle m'a annoncé que j'étais à vingt-deux semaines d'aménorrhée et sans certitude, que c'était un petit garçon. Il gesticulait bien trop pour affirmer quoi que ce soit.
J'ai dû vider toute la boite à mouchoir présente dans la salle...
Face aux photos, je me mords la lèvre inférieur pour m'empêcher de sangloter.
Maintenant, l'idée de faire cesser ces battements de coeur me désole. Je ne peux pas me résoudre à faire ça... Mais je ne veux pas le garder non plus. Je ne serai pas à la hauteur. Et supporter les derniers mois d'une grossesse n'est pas ce don j'ai actuellement besoin.
Ça va me rendre malade...
Je balance les images sur le siège passager et vient croiser mes bras sur le volant de ma voiture pour pouvoir y poser mon front dans un gémissement. Je suis complètement perdue. Cette nouvelle m'a achevé.
Il y a encore deux semaines, je patinais avec mes amies, sans me soucier de rien, de tout ce qui allait me tomber dessus. Nous avions pour seul objectif et ambition de faire connaître notre équipe au monde entier, de partager notre joie et passion pour le roller... Tout ça me semble si loin.
Je me redresse lentement, essayant de reprendre mes esprits, et inspirant profondément. Après avoir hésité quelques secondes, j'attrape mon portable dans la poche arrière de mon jean et sans me laisser le temps de trop réfléchir, appuie sur mes contacts et descends jusqu'à celui de Matteo que je finis par appeler.
Les sonneries défilent. Crispée, je joue nerveusement avec le tissu de ma chemise que j'ai noué autour de ma taille, priant pour qu'il me réponde. Mais je tombe encore sur sa messagerie...

- Matteo, c'est encore moi. Ça doit bien être le vingtième message que je te laisse. J'aurais vraiment besoin de te parler, c'est... C'est assez urgent. Je sais que tu ne veux pas me voir. Mais rappelle moi au moins, je t'en prie... Tu me man'...

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant