Chapitre 44

1.3K 58 34
                                    

Je suis réveillée par de légers frémissements, provoqués par un geste délicat de Matteo effleurant ma joue du bout des doigts. J'ai du mal à ouvrir complètement les yeux à cause de la lumière du jour et les referme donc, me recroquevillant sur moi-même dans un gémissement et serrant un peu plus la couverture qui recouvrait mon corps contre moi.

- Il est midi passé Chica Delivery...

Je prends un certains temps avant que les mots ne prennent sens dans mon cerveau.
Midi passé?!
Je me redresse brusquement en écorchant le prénom de ma fille et m'apprête à m'extirper des draps rapidement mais Matteo me freine en éclatant de rire.

- Elle va bien... Je m'en suis occupée, calme toi. Et Lucía est avec elle en ce moment même, tu n'as pas à t'en faire, c'est une pro, crois en mon expérience.

Je me laisse retomber sur le pouffe sans aucune délicatesse, décidant de lui faire confiance et essaye encore d'émerger du sommeil. Matteo me laisse faire, un sourire narquois collé aux lèvres. Son regard est quelque peu moqueur à mon égard. Mais je suis encore trop dans les vappes pour lui demander pourquoi. En fait, je ne veux surtout pas savoir ce qui l'amène à me regarder de cette façon. Mais il n'attend pas mon autorisation pour le faire.

- Sache que tu dois m'acheter un t-shirt. Tu m'as bousillé le mien en bavant dessus tout le reste de la nuit.

La nuit. C'est là que je percute que j'ai réussi à la terminer sans être embêtée par mes rêves. Quelque chose de rare ces derniers temps. Et Matteo a prit le temps de me couvrir... C'est mignon de sa part. Mais comme d'habitude, il vient gâcher l'idée que j'aurais pu me forger de ce petit instant par ces remarques, et je me sens chauffer des joues en repassant sa phrase dans ma tête. Je plisse les yeux et pour simple réponse, relève un peu la tête pour lui tirer la langue.

- Tu as du répondant ce matin. C'est impressionnant.ironise-t-il hautainement.

J'attrape un des nombreux coussins qui est présent pour lui balancer dans la figure et enlever ce petit air satisfait et suffisant sur son visage qui a vraiment le don de m'agacer. Il rigole, tout en me défiant du regard.

- Je prends ça comme une déclaration de guerre !

Il s'empare de l'oreiller et je comprends aussitôt où il veut en venir. Je n'ai aucune motivation mais ne compte pas me laisser faire pour autant. Je geins lorsque l'objet m'atterrit dessus puis attrape à mon tour un petit polochon pour le frapper aussi fort que je le peux. Les coups finissent par pleuvoir, nos rires emplissent la petite pièce. J'avoue avoir du mal à viser, balançant mon coussin de droite à gauche, parfois dans le vide, quasiment les yeux fermés par réflexe, la tête un peu en arrière pour me protéger des actions de Matteo. Subitement, celui-ci pousse un cri vraiment plaintif, ce qui me fait arrêter automatiquement tout mouvement. Il a posé une de ses mains sur son oeil faisant le moue, l'autre serrant son arme de jeu contre son corps. Je me retiens de repartir de plus belle en fou rire en lui demandant s'il va bien et m'approche un peu, voulant examiner s'il n'a rien de mal. 

- T'es vraiment une chochotte! m'exclamé je en lui tirant son coussin des mains pour ensuite me jeter de tout mon poids sur lui.

Surpris, il bouscule et termine sous mon corps alors que je maintiens fermement ses deux poignets de chaque côté de son visage, pouffant encore une fois joyeusement, plongeant mon regard dans le sien, l'air victorieuse. Ses yeux bruns m'apparaissent d'un coup beaucoup plus sombre, et joueur. Peut être un peu colérique aussi. Je jubile de le voir aussi déçu !

- J'ai gagné !clamé-je fièrement.

Il vient m'imiter grossièrement, comme un enfant, absolument dégoûté de ma petite annonce. Il n'en faut pas plus pour me plonger dans une nouvelle crise de rire. Cela lui arrache un immense sourire pendant qu'il se redresse . J'allais m'écarter, ayant calmer mon hilarité, mais il me maintient à califourchon sur ses genoux. J'étais tellement euphorique grâce à ma petite victoire que je n'avais pas remarqué à quel point la situation était ambigüe. 
La joie apparente sur mon visage s'efface progressivement sous son regard à la fois doux et désireux, ancré dans le mien et qui par instant dévie vers ma bouche. Je me mords avec ferveur la lèvre inférieur, soudain prise d'une légère bouffée de chaleur. Je ressens une certaine douleur au niveau de la poitrine. Je suis crispée. Mon coeur bat fort et je n'arrive pas à déterminer si je suis affolée, ou apeurée face à cette situation ou si ce sont simplement de vieux sentiments qui refont surface. Je me mets à chercher une distraction autour de moi, autre que sa foutue gueule d'ange.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant