Chapitre 24

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Le téléphone en main, j'appuie nerveusement sur le numéro de la résidence. À cette heure, maman doit être rentrée du marché et j'espère vraiment pouvoir lui parler. Quelque peu tremblante, j'attends patiemment derrière le combiné. Chaque sonnerie me semble une éternité, c'est au bout de la troisième, alors même que je suis prête à raccrocher, qu'une petite voix se fait entendre.

- Résidence Benson, bonjour ?

Cette voix, je la reconnais très bien. Elle a été le fruit de mes cauchemars pendants des années ainsi qu'une de mes plus belles rencontres. Qu'est ce que je l'ai aimé.

- Am-Ambre ? bredouillé-je un peu étonnée de la savoir encore à la maison.
- Oh Luna...

Je vois qu'on est aussi surprise l'une que l'autre.

- Il y a un problème ?finit-elle par me questionner.
- Oui... Enfin non pas vraiment. Est ce que mes parents sont là ?
- Non, ta mère est encore au marché, Abuelo a tenu à l'accompagner, du coup ton père s'est porté volontaire pour servir de chauffeur. Tu veux que je leur laisse un message ?
- Non c'est gentil, je rappellerai plus tard...

Le silence s'installe pendant plusieurs longues secondes, avant que je ne me décide à le rompre.

- Bon bah... Je vais te laisser.
- Attend Luna, m'arrête-t-elle brutalement. J'ai... Enfin Simon m'a dit que vous aviez discuté, il ne m'a pas tout raconté en détails mais je sais qu'il se sent coupable pour tout ce qui s'est passé et il n'est pas le seul.

Ses paroles ont fusé très rapidement, comme si elle avait eu peur que je la coupe. Je prends quelques secondes pour assimiler tout ce qu'elle vient de me dire.

- Enfin tout ça pour te dire que je suis désolée aussi.finit elle, dans un soupir. On en avait déjà parlé rapidement il y a quelques semaines de ça mais...
- Merci Ambre, j'apprécie. l'interrompis je.
- On pourrait peut être se retrouver pour en parler...propose-t-elle.

Je note que le ton de sa voie est hésitant. Chose plutôt rare chez elle.

- Tu as quelque chose de prévu ?
- Aujourd'hui ? la questionné-je à mon tour, légèrement embarrassée et stupéfaite.
- Euh.. Oui.
- Non. Pas vraiment.... Maena est très fatiguée en ce moment donc je ne sais pas si...
- Je pourrais peut être passer à ton appartement ?lâche-t-elle. Je n'ai jamais eu la chance de le visiter. Ça serait l'occasion. Si tu le veux bien sûr...
- Euh... Oui... Oui. Pas de problème.
- Ok ! s'exclame t-elle. Je serais là dans une heure environ. À tout de suite !
- D'accord. ''

Abasourdie, je laisse mon téléphone coller contre mon oreille. La tonalité m'indique qu'elle a bel et bien raccroché. Ambre va venir à la maison.

Une heure.

Je regarde autour de moi et constate avec effroi qu'une pagaille monstre, que je m'étais promise de ranger il y a bien des jours pourtant, y reigne encore. Je pose mon téléphone et me laisse aller contre le dossier du canapé, entre les affaires de Maena. En ce moment je n'ai plus aucune motivation pour rien. Pourtant, il va bien falloir que j'en trouve. C'est seulement ma cousine... Mais tout de même. Je pense que l'ambiance va déjà être un peu lourde. Alors autant l'accueillir dans un endroit un minimum propre, où elle pourra se sentir plus à l'aise qu'au milieu de jouets, habits et ustensiles infantiles en tout genre qu'elle n'osera pas bouger ou toucher, ne serait ce que pour s'asseoir...
M'aidant de toute la force possible qu'il me restait, et chassant les désillusions auquel je suis confrontées et qui m'assomment un peu trop ces derniers temps, je me décide enfin à m'activer.

***

Ambre observe curieusement les alentours, d'un pas aléatoire et hésitant, pendant que je m'occupe de finir de changer Maena. Comme prévu, l'ambiance reste plutôt lourde. Nous n' avons échanger que deux ou trois mots depuis son arrivé, avant que ma fille ne se réveille en criant, venant briser un instant qui aurait pu être gênant pour chacune de nous. J'étais presque soulagée que Mae' se soit décidé à pleurer. M'occuper d'elle permet une justification à mon silence. Je ne sais pas quoi dire, quel sujet aborder. Et ce n'est pas faute d'essayer d'en trouver un. Je me sens juste extrêmement mal à l'aise jusqu'à présent. Et la voir déambuler dans mon appartement me parait pour l'instant plutôt étrange. Ça faisait bien trop longtemps que nous ne nous étions pas retrouvées seules toutes les deux. Evidemment que ma cousine m'avait manqué. Sa présence et son soutien n'aurait pas été de trop ses derniers mois... À vrai dire, elle continue de me manquer. Notre relation n'est plus du tout celle qu'elle était. Et je veux bien faire des efforts et j'aimerai vraiment que l'on tente de retrouver notre complicité, mais si actuellement sortir deux mots m'est impossible, cela risque d'être compliqué. Elle s'approche de moi alors que j'installe Maena dans son transat, lui même posé sur la table.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant