Entre Tú y Yo

Chapitre 32

~ Matteo ~

Il y a des jours où j'aimerais que le soleil ne se lève plus jamais. Où j'aimerais rester endormi, dans un rêve où toutes les erreurs que j'ai pu commettre ont disparu.
Devant moi danse, perchée sur ses patins, une jeune fille au long cheveux bruns, au teint pâle et aux yeux clairs et rieurs. Elle ne patine pas mais vole littéralement au dessus du sol, joyeuse, avec allégresse, ses gestes sont fluides, précis et gracieux. Elle me fait signe de la rejoindre, souriante.
Ses mains sur ma peau, son regard, ses lèvres, la douceur de ses gestes, des rires, le vent, une vive lumière...
J'ouvre mes paupières avec difficulté, émergeant du rêve bien trop parfait dans lequel j'étais plongé.
Luna...
Mon réveil indique qu'il est dix heures passés. J'espère qu'elle a réussi à trouver le sommeil finalement... Je lui ai demandé par message comment elle allait hier soir et apparemment, ce n'était pas la grande forme. Enfin elle essayait de me faire croire le contraire mais rien qu'en lisant ses messages, je pouvais sentir que quelque chose clochait... Je devrais peut-être aller la voir aujourd'hui ?
Non.
Mauvaise idée.
On doit se laisser du temps, je lui ai promis. Je peux pas redébarquer aussi brutalement dans sa vie, vouloir la voir chaque jour, alors que c'était à peine si je me préoccupais d'elle avant tout ça...
Puis d'un autre côté, je dois me rattraper. Lui démontrer que je suis bien là. Surtout qu'elle a besoin de moi actuellement... Quoi que...
Qu'est ce qui me fait dire ça ?
Elle n'a pas eu besoin de moi pour l'aider ces derniers mois.
En même temps tu ne lui as pas laissé le choix... me souffle ma conscience.
Je rumine.
Quel beau crétin je fais... Faut que je me bouge.
Faire les choses bien.
Je jette un coup d'œil au dessus de mon épaule, et ne suis pas surpris de ne pas y trouver Eliana. Je finis par me lever, enfiler un t-shirt et un jogging avant de descendre au rez de chaussée.
Attablée dans le salon, ma fiancée, ou ce qu'il en reste, contemple le vide, les yeux rouges, humectés de larmes, une tasse de thé entre les mains. Mon cœur se fend en deux.

- Eli'?

Elle sursaute et s'essuie rapidement les yeux et le nez du revers de sa manche en reniflant.

- Matteo... Je t'ai pas entendu arriver... Tu veux ton café ?

C'est la phrase qu'elle me sort chaque matin. Et malgré son état, elle continue de le faire et de se montrer attentionnée... Je me doute bien que l'envie doit lui manquer. Elle s'apprête à se lever mais je la remercie et lui demande de se reasseoir.

- Il faut qu'on parle.commencé je, le voix chevrottante.

Elle garde les yeux rivés sur sa tasse et hoche la tête.

- Te fatigues pas... murmure-t-elle. Tu la choisis elle, pas vrai ?
- Je... Tout est différent...

Elle sert les dents, et crispe ses doigts autour de son bol pour ensuite venir planter son regard dans le mien. Colérique, attristé et déçu... Autant le dire, je n'ose pas l'affronter bien longtemps.

- Je te l'avais pourtant demandé Matteo ! Tu te souviens ? "Et si elle avait raison, si elle s'était vraiment faite violé ?" Tu te souviens de ce que tu m'avais répondu ?

Oui je m'en souviens. J'en ai honte. Elle le remarque.

- "Je n'en veux plus, peu importe, maintenant c'est toi que j'aime".m'immite-t-elle d'une voix à la fois mielleuse et emplie d'ironie. Tu as été ignoble. Avec moi autant qu'avec elle !
- Je le sais Eliana, et je m'en excuse, vraiment, je sais que ça ne suffira pas, mais je... Je voulais pas prendre le risque de te perdre. Je t'aime vraiment... Mais...
- Mais pas comme tu le devrais. Pas assez pour qu'on se marie, qu'on continue notre vie ensemble. Dans cette maison. La notre. J'aurais dû partir quand j'ai su que tu m'avais trompé... Il y avait qu'une seule issu, j'en étais consciente. Dès le début. Mais il faut croire que je voulais me voir souffrir... Une fois de plus.