Chapitre 8

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Maena dans mes bras, j'entame une promenade matinale improvisée dans les rues de Buenos Aires. Pour un mois de juin, les températures sont particulièrement basses et le ciel reste chargé depuis plusieurs jours... Ça m'étonne qu'on ne se soit pas encore prit une averse. L'hiver est en train de pointer son nez en avance apparemment... Et ça me rend d'humeur exécrable. Je réajuste le bonnet de Mae' qui elle, n'a pas l'air le moins du monde ennuyée par le mauvais temps. Elle adore ce genre de promenade. Intéressée par tout ce qui bouge _et ce qui ne bouge pas_, elle gesticule, gazouille, sourit et me fait regretter d'avoir eu la paresse de déplier sa poussette et de l'y installer. Heureusement, je suis bientôt de retour à l'appartement ! La demoiselle est bien chauffée mais j'avoue, de mon côté, ne pas avoir enfilé trop d'épaisseur. Je vois enfin se profiler à l'horizon l'escalier menant jusqu'à l'entrée de mon habitat: la délivrance. Évidemment, arrivée devant celui ci, il faut que mes clefs soient introuvables... Maena, ne voyant apparemment plus rien de captivant, s'impatiente et agite ses petits bras comme pour attirer mon attention, la mine boudeuse et les yeux larmoyants. Je rêve... Quelle exigence ! Je mets enfin la main sur l'objet tant désiré, qui se trouvait au fin fond de mon sac à main et m'occupe de parler et faire quelques grimaces et chatouilles à Mae' pour éviter une crise imminente de larmes. Je m'apprête enfin à entrer dans le halle...

- Luna ?

... Et m'arrête net. J'ose à peine regarder derrière moi, ayant parfaitement reconnu cette voix. J'inspire profondément.

- Entre Matteo.fais je, sans même me retourner.

Je traverse le halle d'entrée de l'immeuble et appelle l'ascenseur pendant que la porte en bois massive se referme lourdement derrière nous, dans un bruit qui me paraît d'un coup oppressant. Matteo apparaît à mes côtés, mains dans les poches, mal à l'aise. Je me décide enfin à le détailler du coin de l'œil. Son regard, inexpressif, est centré sur Maena. Ma fille le fixe aussi étrangement, soudain beaucoup plus silencieuse, ce qui n'arrange pas l'atmosphère pesante environnante. Jusqu'à l'arrivée au premier étage et l'entrée dans mon petit Havre de Paix, ce mutisme perdure, et me rend juste incroyablement nerveuse.

- Bienvenue chez nous...tenté je une approche tout en enlevant en douceur les vêtements chauds de bébé. Tu peux t'installer. Je suppose que tu es ici pour parler de Maena...
- Oui... J'en ai pas pour longtemps...me prévient-t-il en restant debout, près de l'entrée. Je suis désolé d'être passé à l'improviste. Simon m'a donné ton adresse... J'étais chez le couturier en bas de ta rue et...
- Le couturier ?sourié je, amusée. Depuis quand tu vas chez...
- Oui, pour mon mariage.

Mon sourire disparaît lentement, presque aussi vite qu'il est apparu. J'avais oublié. Son mariage.
Qu'il le prononce me flanque un coup au cœur plus puissant et blessant que ce qu'il ne faudrait.
Je vais placer Maena dans son transat, prêt de la table à manger, pour cacher mon mal être. Je lui donne quelques jouets traînant aux alentours pour l'occuper.

- C'est vrai, ton mariage !me forcé je à m'exclamer en enlevant ma veste et allant la ranger pour me donner contenance, gardant un air naturel et détaché. C'est pour quand ?
- Octobre.répond-t-il brièvement. Passons, par rapport à...
- Maena.complété je en revenant vers lui, me décidant enfin à l'affronter.
- Oui. Je veux faire un test de paternité.

Je me fige à cette déclaration, complètement ahuri.

- Tu n'es pas sérieux ?questionné je, indignée, les bras ballants. Tu as vraiment des doutes sur ses origines ? Matteo, nous étions encore ensemble quand...
- Je sais. Mais rien ne me dit que tu ne me trompais pas déjà.

Mon cœur, qui peine à se reconstruire, s'effrite un peu plus encore sous ses pupilles sombres et transperçante. Ma gorge se noue jusqu'à la douleur. J'ai la bouche desséchée. Je ravale les sanglots qui s'annoncent en serrant les poings. Mes ongles s'enfoncent dans ma peau.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant