Chapitre 4

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Entourés d'outils en tout genre, nous essayons tant bien que mal de comprendre comment se construit la table à langer de Maena.

- Tapisser la chambre était une partie de plaisir à côté de ça...remarque Sam'.

Je pouffe de rire en approuvant complètement ce qu'elle vient de dire. Nous y avons passé deux jours entiers, mais, quand j'y repense, ça avait été plutôt drôle à faire. Et j'en suis réellement fière. Deux pans de murs sont restés blancs tandis que les deux autres sont désormais d'un vert très pâle, apportant à la pièce une plus grande luminosité.
Le berceau a été monté assez rapidement ce matin.
Mais pour ce qui est de l'assemblage de ce meuble, nous sommes très mal partis.

- Sam', essaie de me trouver le sachet de vis numéro trois, s'il te plaît.demande Simon, apparemment plus concentré que nous.

Mon père s'est absenté en fin de matinée, nous laissant seule, moi et Samantha, avec le fameux patineur du Jam and Roller...
À vrai dire, il nous a bien aidé. Ça me fait bizarre de le voir là, avec moi, comme si rien ne s'était passé. Néanmoins, et jusqu'à maintenant, nos dialogues ont été très brefs et bien que peu remarquable, une certaine tension règne entre nous.
Je suis contente que Samantha soit là...

- Bon, vu comme c'est parti, tu pourras continuer à changer Princesita sur ton lit, ou sur la commode de la salle de bain.plaisante mon amie, sarcastique.
- Merci pour ton optimisme Samantha. barbote Simon, tout en utilisant son tournevis avec précaution.

Il finit par se redresser et lâcher fièrement ce qu'il a normalement fixé, mais comme si nous nous trouvions dans un mauvais film comique, les deux parties retombent au sol dans un bruit sourd, faisant pleurer Maena et éclater de rire l'adolescente. Pour ma part, je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire moqueur face à la mine affligée du guitariste.

- J'en ai marre. J'ai besoin d'une pause.se lamente-t-il alors que je prend Maena dans mes bras pour la bercer.
- On a qu'à s'arrêter et prendre le goûter... proposé je.
- Qu'est ce que je t'aime quand tu dis des trucs comme ça !rit Sam' en sautillant sur place.

Elle est la première à la sortir de la chambre. Simon la regarde faire, amusé tout en enjambant notre chantier.

- J'aurais aimé t'aider plus, commencé je, mais...
- Tu as deux mains gauches, je suis au courant.minaude-t-il, les yeux rieurs.

Je lui donne une tape sur l'épaule puis sort de la chambre, prenant un air offusqué. Lorsque nous débarquons dans le salon, Samantha a déjà la tête fourrée dans mon frigo, et nous questionne sur ce que nous voulons boire et manger. Après avoir pris en compte nos réponses, elle empile trois verres, et apporte joyeusement le tout. Je la gratifie d'un regard tout en m'installant confortablement, calant correctement Maena dans mes bras. Celle ci, pas encore complètement remise du choc que lui a causé le bruit soudain et très traumatisant de tout à l'heure, se blottit contre mon ventre, attrapant d'une main un pan de mon gilet. Elle hoquète encore péniblement, les joues humectées de larmes.
Ma pauvre crevette... C'est que sa vie est bien difficile au milieu de tous ces fous furieux qui s'amuse à lui faire peur de cette façon !
Je frôle délicatement sa joue pour y enlever une larme.

- Je n'arrive toujours pas à croire que ce soit ta fille...murmure Simon, qui nous observait silencieusement.
- Pourtant ça l'est, j'étais là quand elle a perdu les eaux, j'étais même seule avec elle ! Ma mère et la sienne étaient allées faire les boutiques et mon dieu, j'ai complètement paniqué... Et pas du tout assuré.explique Sam' en me lançant un regard désolé, honteuse à l'évocation de ce souvenir.

Je lui souris tendrement. Elle est du genre à vite perdre ses moyens... Et ce jour là, ça s'est particulièrement remarqué. Mais je ne lui en veux clairement pas. Elle m'a tout de même bien soutenu jusqu'à l'arrivée de ma mère pour me conduire à l'hôpital. Si j'avais été seule, le temps m'aurait paru long...

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant