Chapitre 34

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Je me fige et le regarde par dessus mon épaule, restant à l'entrée de la chambre, main sur l'encadrement de la porte.

- Désolée, je voulais pas te réveiller...

Il ne me répond pas tout de suite, émergeant encore du sommeil dans lequel il était plongé.

- Reste...murmure-t-il simplement.
- Matteo, je...

Je pense à mon plat qui est dans le four depuis une vingtaine de minutes maintenant. Si je ne veux pas le rater, comme ses congénères, je ne peux pas me permettre de rester ici juste pour ses beaux yeux. Et puis, vu l'état de santé dans lequel il se trouve, un repas ne lui ferait pas de mal.

- Je peux pas, il faut que...
- S'il te plaît Luna.

Son regard rempli de douleur me perce le coeur. Après tout, le minuteur n'a pas encore sonné, je peux bien lui accorder quelques minutes. Je m'avance vers lui, puis m'arrête à bonne distance de sa personne. Matteo se redresse légèrement pour venir ensuite s'appuyer au dossier du lit.

- Tu es nerveuse... J'ai du mal à cerner pourquoi.

Peut être parce que la dernière fois qu'on s'est retrouvé trop proche chez moi, on a fini par jouer aux cartes ?

Je me mords l'intérieur de la joue en essayant de faire taire ma conscience.

- Qu'est ce qui te fait dire ça ? Je le suis pas.

Je prends sur moi pour m'exprimer clairement, sans bégayer, ou accélérer mon débit de paroles.

- Alors pourquoi tu te tiens aussi loin de moi ?

Ma mâchoire se crispe. Comme pour lui prouver qu'il a tort, je m'assois avec assurance juste à ses côtés mais me refuse le droit de le regarder, préférant fixer mes genoux. Une de ses mains entrent dans mon champs de vision.

- Quand tu es nerveuse, tu sers et dessers les poings parce que tu commences à avoir les mains moites et tu détestes ça...

Mon rythme cardiaque paraît ralentir alors qu'il a prit ma main dans la sienne et de son pouce caresse délicatement l'intérieur de celle-ci, m'obligeant à l'ouvrir davantage et la tourner légèrement vers lui. Le pire étant que je ne me dégage absolument pas, comme hypnotisée. Cela me ramène à nos nombreuses soirées en tête à tête, où il passait des heures à me faire des papouilles. Je finissais toujours par m'endormir sur lui.

- Tu es beaucoup trop tendue... Tu fuis mon regard...

A peine l'a-t-il dit que mes yeux vont lentement à la rencontre des siens. Ou plutôt du seul qui lui reste et est encore visible.

- Contrairement à toi, je n'ai oublié aucune de tes « manies », pour reprendre tes mots...

Et il est fier.
Je déglutis difficilement, ferme les yeux et essaie de reprendre mes esprits, tout en retirant ma main de la sienne.

- Peut être bien que je le suis.abandonné je en reprenant mon souffle le plus discrètement possible.
- Très bien, pourquoi dans ce cas ?insiste-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

- Si je te dis que c'est parce que je te déteste, tu me lâcheras ?questionné je en essayant de prendre un air hautain.
- Peut être, même si je sais que c'est faux.
- Comment peux tu en être si sûr ?
- Parce que toi même ne crois pas en ce que tu dis.

Il me défie du regard. S'il n'était pas déjà défiguré, j'aurais vite fait disparaître le petit sourire satisfait qu'il a sur ses lèvres. Se soutenant à l'aide de son bras, il s'est un peu plus approché de mon visage. Mon regard s'attarde sur sa bouche.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant