Chapitre 20

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J'ouvre difficilement les yeux en entendant Maena pleurer. Je me retourne avec difficulté dans mon lit pour regarder l'heure et ronchonne en découvrant qu'il n'est que minuit. Je me redresse lentement, les membres andolories, frissonneuse, et prise de migraines. Je ferme les yeux quelques secondes, ma tête vacillant dangereusement puis me lève complètement pour me diriger vers la chambre de Mae' à petit pas, me frottant mutuellement les bras.

- C'est trop te demander de me laisser une nuit de répit hein ?gromellé je en la prenant dans mes bras, ce qui fait déjà diminuer ses pleurs.

Madame est apparemment sale. Je la change mais chacun de mes gestes me paraient être un effort insurmontable. Ma vue se trouble par instant, j'ai l'impression que mon corps n'est pas stable, ce qui m'oblige à arrêter ce que je fais pendant quelques secondes à plusieurs reprises. Maena s'impatiente et gesticule dans tous les sens ne m'aidant absolument pas dans ma tâche. J'ai l'impression que l'extrémité de mes doigts est gelée, tout comme le reste de mon corps en fait... Et mes pieds nus au contact du carrelage froid de l'appartement ne font que renforcer cette impression. Je me maudis d'avoir eu la flemme de mettre des pantoufles et de ne pas m'être enroulé dans mon plaid avant de venir m'occuper d'elle.
J'arrive enfin à refermer sa couche et son body malgré ses coups de pieds et chouinements. Ses petits cris me paraissent plus forts que ce qu'ils ne sont d'habitude et provoque des douleurs lancinantes au niveau de mes tempes.
En la reposant dans son lit, je suis prise de nausées. Maena, apparemment peu décidée à coopérer ce soir, se remet à crier une fois allongée. Mes paupières sont extrêmement lourdes et je tiens faiblement sur mes jambes. Je réussis enfin à me détacher du berceau et traîne mon corps jusqu'à ma chambre où j'attrape mon téléphone. Mae' me bousille les tympans, je lâche un soupire en me laissant tomber sur mon lit tout en utilisant mon portable, les mains tremblotantes. Les yeux embuées, je peine à voir ce que je fais. Je colle l'interphone à mon oreille après avoir retrouvé ma mère dans mes contacts. Elle décroche après de longues secondes.

- Je crois que je suis malade...fais je la bouche pâteuse. Et Maena est dans une de ses mauvaises nuits, tu pourrais venir m'aider maman ? Demain ? Je vais me débrouiller pour ce soir mais...
- J'arrive.

Et elle raccroche. J'aurais jurée entendre une voix masculine mais je suis trop fatiguée et dans le flou pour en être certaine. Ça devait être mon père.
Je me décide à me relever pour aller m'occuper de ma petite criarde mais arrivée dans le couloir, je titube dangereusement et me rattrape de justesse au mur où je reste quelques secondes appuyée, pour calmer mes répulsions et mon mal de tête.
Prenant mon courage à deux mains, rassemblant mes forces pour rester le plus lucide possible, je vais prendre ma fille dans mes bras puis me dirige dans le salon pour me laisser tomber sur le canapé, tout en essayant de réduire ses cris. J'abandonne vite, à nouveau prise de vertiges. Affaiblie, je m'allonge sur le canapé, gardant Maena prêt de moi qui continue de pleurer à chaudes larmes, tonitruante, me vrillant les oreilles, et accentuant mon mal être par la même occasion. J'ai beau avoir envie de m'en occuper, mon corps ne réagit plus. Mes yeux se ferment, je déglutis difficilement, frigorifiée. Je ne sais pas exactement combien de temps je reste dans cette position... Je m'endors par intermittence, réveiller à chaque fois pas les hurlements de ma fille. Soudain, les clés dans la serrure de ma porte se font entendre. Le soulagement que je ressens est immense. Que ce soit mon père ou ma mère, jamais je n'ai été aussi heureuse de les savoir là. On marche jusqu'à nous assez précipitamment dès que la porte est refermée.
Mon prénom est énoncé, dans un ton qui traduit une certaine inquiétude. Ce qui m'inquiète moi, c'est que ce n'est ni la voix de ma mère, ni celle de mon père que je viens d'entendre. J'essaie de me relever mais c'est peine perdu. Les yeux encore clos, je sens qu'on prend Maena pour l'amener dans sa chambre. Je retrouve une fois de plus le sommeil jusqu'à ce que je sente que l'on pose une main sur mon front. Je papillonne des yeux et essaie de me redresser. Je suis aidée quelques secondes plus tard, maintenue fermement en position assise. J'arrive enfin à distinguer clairement les traits du visage de Matteo.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant