Entre Tú y Yo

Chapitre 10

- Il n'y a aucun blessé. Nous sommes trois, dont une enfant en bas-âge. précise Matteo presque collé à l'interphone.
- Bien, une collègue s'est chargée d'appeler notre technicien. Jusqu'à son arrivée, restez calme, n'essayez surtout pas d'ouvrir les portes et attendez patiemment. Tout va bien se passer, nous rassure notre interlocutrice. Nous restons en contact. Au moindre problème, n'hésitez pas à appeler.

Enfin, tout redevient silencieux. Matteo a laissé la lumière de son portable allumée dans la nacelle, histoire que nous ne soyons pas dans le noir complet. Maena, que j'ai prise dans mes bras hoquette encore sous des sanglots devenus plus silencieux, à mon grand soulagement.

- Il ne manquait plus que ça...grimace Matteo. Je savais que je n'aurais pas dû venir.

Je lève les yeux au ciel et ignore sa remarque, préférant focaliser mon attention sur ma fille. Cela me permet aussi de ne pas céder à la panique... Bon après tout, nous ne sommes pas en danger de mort... C'est juste une panne... Ça reste tout de même angoissant d'être coincé dans un aussi petit espace...
Je finis par reposer ma fille dans sa poussette tout en décalant le portable de son père.

- J'avais pas que ça à faire ce matin... continue de grommeler Matteo.
- Cette situation est autant indésirable pour toi qu'elle l'est pour moi.grogné je à mon tour. On est là, c'est comme ça, et si on doit y rester assez longtemps, j'aimerai autant que tu arrêtes de te plaindre !

Il soupire en venant s'appuyer contre la paroi et, pour mon plus grand plaisir, ne trouve rien à redire. Les minutes défilent dans un silence de plomb. Je danse d'un pied sur l'autre, commençant à fatiguer de rester debout derrière la poussette.
Matteo m'attrape soudain l'avant bras pour me traîner sur le côté gauche du landau qu'il vient doucement pousser contre le mur opposé au notre. Enfin, il s'assoie dos aux portes et je me poste juste en face de lui, appuyée au miroir qui orne la petite cage dont nous sommes prisonniers. L'espace est juste assez grand pour nous permettre cette position.

- Ça va faire quinze minutes...remarqué je, un peu plus inquiète.
- Ouai... J'ai déjà vu une émission sur ces engins... Libérer des personnes dans notre situation peut prendre assez de temps en fonction de l'importance de la panne. Mais pas moins de vingt minutes. À mon avis, on va encore devoir attendre la livreuse... marmonne-t-il en jouant avec les lacets de ses chaussures, penché au dessus de ses genoux.

"La livreuse". Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ce surnom sortir de sa bouche... Matteo ne semble même pas s'être rendu compte de son utilisation.

- Je vois que tu étais très occupé durant la tournée pour regarder des vidéos sur des sujets aussi passionnant...plaisanté je pour briser le calme plat qui régnait dans la cabine, et qui m'agaçait profondément.
- On avait des moments de pose aussi tu sais ?explique-t-il, rictus au coin des lèvres.
- Oui... Que tu occupais à regarder des vidéos... C'est génial ! ironisé je à nouveau, en riant doucement. Pourquoi n'es tu pas sorti visiter ou...
- Je l'ai fait. Avec Eliana.précise-t-il en me scrutant, vigilant à la moindre de mes réactions. La meilleure des visites s'est déroulée à Paris. Il s'agissait de la dernière ville où nous nous sommes rendus avant notre retour à L.A. C'est devant la tour Eiffel que je lui ai fait sa demande en mariage, avant de l'annoncer à tout le monde en live pendant un concert...

Je déglutis avec difficulté, et inspire profondément. Ah oui, ce fameux concert et sa chanson inédite... Je ne soulève pas ce point pour éviter les problèmes, et qu'il pense que je me suis intéressée à sa vie. Et puis ça m'importe peu. Il raconte ce qu'il veut à la presse.
Elle en a de la chance en tout cas...
J'affiche un petit sourire plus ou moins moqueur.

- Ça dû être une belle expérience...Vous vous êtes connus quand exactement ?tenté je de maintenir la discussion en me tortillant légèrement.
- Environ trois semaines après que j'ai rompu avec toi...