Je rentre chez moi après une petite promenade avec Maena et je remarque tout de suite que la voiture que je vois ici régulièrement depuis près d'une semaine et qui avait disparu hier soir, vient de refaire son apparition. Elle a pris exactement la même place. En face de l'entrée de mon immeuble.
J'ai la boule au ventre en enfonçant mes clés dans la serrure de la porte et regarde aux alentours, peu rassurée, serrant un peu plus ma fille contre moi. Plusieurs personnes passent dans la rue. Mais je ne discerne pas le visage que je cherche. Et cela me rend bien heureuse.
Une fois dans l'appartement, j'enlève le manteau que porte mon petit ange et l'amène jusqu'à son tapis de jeu, que je viens d'acheter. Je l'y allonge et me place à ses côtés avant de lui tendre un jouet.- C'était notre dernière balade ensemble cocotte.murmuré je en passant délicatement ma main sur son front pour rabattre ses jolies boucles brunes vers l'arrière. Tu le sais hein ? Tu me verras pas pendant deux longs jours après...
Un silence de plomb me répond. Je remarque qu'elle a le nez qui coule. Foutu temps... Un coup il fait chaud, l'autre froid... Comment ne pas tomber malade ? Je me redresse pour aller chercher la seringue permettant de lui déboucher le nez. Elle déteste quand je lui fais ça mais vu ses difficultés à respirer actuellement, c'est un mal pour un bien. Il faudra que je prévienne Matteo et lui demande de le faire régulièrement...
Mae' gesticule à n'en plus finir pour m'empêcher d'agir et se met à pleurer à chaudes larmes. Ça me fend toujours un peu le cœur d'utiliser cet instrument. Même moi je le trouve plutôt barbare, mais bien pratique aussi. Si ça peut lui permettre d'aller mieux, je me battrais indéfiniment contre elle pour réussir à l'utiliser. J'espère que son père fera de même et ne la laissera pas gagner. Dans moins d'une heure, il viendra la chercher... Je ne suis absolument pas prête.
Une fois ce moment de torture terminé, et Mae' ayant arrêté de pleurer mais me regardant toujours avec des yeux noirs et larmoyants, je me réinstalle près d'elle.
Les jours de la semaine se sont écoulés avec lenteur. D'un côté, je m'en estime heureuse. Parce que l'idée de laisser Maena à son père me rend excessivement anxieuse. Je suis loin de vouloir la laisser partir et j'essaie de trouver des combines pour qu'elle puisse rester avec moi. Mais je sais qu'aucune d'entre elles ne fonctionnera...
Je la contemple, mémorisant chaque trait de son visage en détails, alors qu'elle observe sous tous les angles son hochet, le tenant au dessus d'elle et se remettant de ses émotions grâce à ça. Par instant, elle le secoue, affiche un petit sourire à l'écoute du son qu'il produit puis se tourne vers moi, l'air de me dire " T'as entendu ?!". Je ne peux alors m'empêcher de lui rendre son sourire.
À son poignet est désormais attachée un petit bracelet. J'ai le même. Je les ai acheté durant notre sortie... Ça reste symbolique mais ça me donne l'impression qu'au moins comme ça, une part de moi sera toujours avec elle, et une part d'elle sera toujours avec moi...
Comment je vais faire ce week-end sans elle ? Elle va tellement me manquer... Je sais que de son côté, tout se passera bien mais c'est moi qui ne suis pas prête à la laisser partir. Matteo a dû le comprendre. Et comme il n'en a plus rien à faire de ce que je peux ressentir, sa décision était peut-être prémédité pour me faire du mal, vu que je lui pourris la vie. J'ai dit oui pour ce week-end, parce que je sais que c'est la meilleure des solutions. Je ne peux pas faire marche arrière. Matteo est bien décidé à la prendre, il me l'a encore confirmé ce matin, durant l'entraînement collectif.
Toute cette semaine, il a été exécrable avec moi. J'ai beaucoup pris sur moi pour ne pas entrer dans son jeu, et me montrer plus intelligente. Je veux réussir à exécuter cette chorégraphie. Que lui et moi ayons des différents ou non.
Ma vie est un vrai fiasco sur le plan personnel et sentimental en ce moment. J'aimerai au moins réussir sur le plan professionnel. Mes efforts ont d'ailleurs payé. Juliana aussi l'a remarqué. Je m'améliore. Même si mon coéquipier ne m'aide aucunement. Je n'ai pourtant pas fait d'heures supplémentaires, je voulais absolument profiter de ma fille. J'ai l'impression qu'on me demande le bout du monde. Mais il faut me comprendre. Ça va bientôt faire quatre mois que je vis à son rythme. Qu'elle me fait pleurer et m'énerve pour cause d'insomnie répétitive mais aussi m'amuse et me fait rire aux éclats. Je me suis habituée à notre quotidien. On a même commencé à avoir certains rituels. Et je ne veux pas les voir cesser, même pour seulement deux jours... Je pourrais me dire que ça me soulagera. Mais pour l'instant je suis juste tendue à cette idée. Mae' lâche le jouet qu'elle tenait pour tendre difficilement la main vers son doudou, que je ne laisse jamais très loin d'elle. Je l'attrape et lui donne. Aussitôt, elle le serre contre elle, et ferme doucement les yeux. Si elle décide de s'endormir maintenant, Matteo va passer une nuit exécrable. Et ça me fait jubiler. J'affiche un sourire en coin et lui chante une chanson en venant caresser lentement son avant bras jusqu'à lui prendre sa main libre. Elle attrape doucement mon index et me dévisage, les yeux mi-clos, alors que j'entame le refrain de "la vida es un sueño". Elle adore m'écouter chanter. Ça a tendance à l'apaiser. Et moi, je suis aussi fan de ces moments. Elle est mon public préféré. Mon seul public depuis quatre mois à vrai dire. Simon m'a invité à chanter avec lui et Pedro il y a peu mais ça ne me dis rien. J'ai beaucoup perdu confiance en moi depuis que tous ces incidents se sont produits et je ne me sens plus de monter sur scène. Pas pour le moment. D'ailleurs, je devrais réaliser un vrai travail sur moi même durant notre représentation dans deux semaines...
On toque à la porte, nous faisant sursauter moi et Maena. Je fronce les sourcils et regarde l'heure avec appréhension. Il est en avance...
Je soupire et finis par me lever, Matteo se faisant plus insistant.
J'ouvre la porte.
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Entre Tú y Yo
FanfictionTu as cru à une erreur de ma part. Une erreur qui m'a coûté ta confiance et ton amour, pourtant inconsidérable. Je n'ai pas su te retenir. Je n'ai pas su te prouver que tu avais tort. Je n'ai pas pu. À tes yeux, je n'étais plus moi. Juste celle qui...