Entre Tú y Yo

Chapitre 7

Il se fige un instant avant de se tourner vers moi lentement. Il me lance alors un regard interloqué et présomptueux.

- Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.marmonne-t-il sévèrement.
- C'est vrai que j'aurais grand intérêt à plaisanter avec ce genre de chose.répliqué je, ironique.
- Je ne te crois pas. Et quand bien même tu aurais une fille, je pourrais parier ce que tu veux qu'elle ne serait pas de moi.argumente-t-il sans ciller.

Je m'approche de la barrière de la piste tout en le défiant du regard, pour lui faire comprendre à quel point son hypothèse est grotesque, et éhonté.

- Dans ce cas, tu peux considérer que j'ai déjà gagné. Pas la peine d'être un génie pour le savoir. Tu m'as écouté ? Elle a trois mois. Fait un simple calcul et tu découvriras que j'étais enceinte alors que nous étions encore en couple...

Mes paroles semblent enfin l'impacter. Il détourne son regard quelques secondes et passe une main dans ses cheveux, dévoilant une certaine nervosité. Quand ses yeux bruns se lient à nouveaux aux miens, ils sont devenus plus ombrageux. Il allait parler, paraissant encore soupçonneux, mais Simon fait son apparition pour l'inciter à revenir avec l'équipe, précisant qu'il était attendu.
Le patineur ajuste la bretelle du sac de son ami sur son épaule et soulève le sien.

- J'arrive. Je commence à être à bout ici... Ça me calmera.

Que devrais dire de mon côté ? Il est gonflé !

- Pardon ?répliqué je, irascible.
- On reparlera plus tard...maugrée-t-il en tournant les talons.
- Et quand Matteo ?l'arrêté je, à mon tour au bord de la crise de nerf. Ça fait des mois que j'essaie de te contacter sans succès. Et...

Il me refait face brusquement.

- Un, tu as cherché ce silence. Et deux, si tu as pu survivre tout ce temps sans me parler, une semaine de plus ne devrait pas te tuer. J'ai besoin de temps pour penser à cette gamine qui serait soi-disant la mienne. Et mes amis m'attendent, tu es loin d'être une de mes priorités.

Sans me laisser répondre il quitte l'endroit en bousculant légèrement Simon, qui venait d'assister à notre petite altercation, mal à l'aise. Ses yeux se posent sur moi, emplis de pitié.

- Je suis désolé de vous avoir interrompu...
- T'en fais pas pour ça... Ça allait tourner au vinaigre de toute façon.bougonné je.

Un léger silence s'installe entre nous avant qu'il ne reprenne:

- Je sais que c'était un effort considérable pour toi de revenir ici aujourd'hui et d'affronter les autres et Matteo...commence Simon. Mais... Tu veux savoir ? Je trouves que tu t'en es très bien sortie...
- À merveille !ironisé je en quittant la piste pour me diriger vers les casiers.
- Luna...soupire le guitariste en me talonnant. Peut être que tu as été déçu de la réaction de Matteo mais... Tu devrais lui laisser un peu de temps. Et d'ailleurs, tu devrais t'en laisser à toi aussi... D'ici quelques semaines, tu te seras adapté à ta nouvelle place au sein du groupe. Et Matteo se fera aussi à son nouveau statut de père, j'en suis certain.

J'ose espérer qu'il a raison. Je me tâte encore beaucoup à rester avec eux. Je reprends mes affaires et m'assois pour enlever mes patins et mettre mes chaussures.

- Au fait, je pensais que tu allais nous suivre, mais comme tu ne l'as pas fait, je t'annonce que tu es aussi invitée à prendre un verre ! Même si tu as l'air d'avoir du mal à l'intégrer, tu refais parti de notre bande alors...
- C'est gentil.l'arrêté-je. Je vois que tu fais des efforts pour que les choses se déroulent au mieux et vraiment, c'est adorable. Mais je ne me sens pas prête à partager ce genre de moment avec vous. Pas encore. Pour l'instant, je suis là pour travailler et rien de plus. Je vais juste rentrer à la maison. Maena doit m'attendre en plus...