Chapitre 5

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Les pleurs de Maena me forcent à me réveiller. Je sors la tête de mon oreiller pour regarder l'heure et replonge instantanément dans mon coussin en gémissant, le serrant de mes deux mains. Elle commence à élever la voix et je m'oblige à sortir de mes couvertures le plus rapidement possible pour m'en occuper. En chemin, je me prend la bordure de mon lit dans le tibia, m'arrachant une douleur sans conséquent et un cri. Je boîte jusqu'au berceau en jurant mentalement contre ce meuble et toutes les forces du mal pouvant exister.

J'arrive enfin à destination et prend avec précaution ma fille, qui ne s'arrête plus de geindre. J'essaie de la calmer oralement en allant la poser dans le canapé, en vain, puis m'active à la préparation de son biberon, allumant la lumière. Chacun de mes gestes sont loin d'être précis. J'essaie juste d'aller vite pour éviter que Mae' ne réveille pas tout le voisinage... Ce qui, en outre, est peine perdue puisqu'elle s'égosille, rouge de colère, et frustrée de ne pas être nourri sur le champ...
À vouloir trop me précipiter, je renverse le biberon au sol en le secouant. L'ayant mal refermé, ma cuisine et moi même nous retrouvons aspergées de lait maternité. C'est avec une envie récalcitrante de me tuer que je recommence la préparation, prenant un autre biberon déjà propre et stérilisé.
Moi qui pensait qu'être mère m'aiderait à être plus attentive à mes gestes et donc, m'améliorer sur mon habilité en éradiquant au moins légèrement ma maladresse, je me suis juste lourdement trompée. Mes deux mains gauches sont toujours bel et bien présentes et mon étourderie se remarque encore plus...
Une fois le second prêt, je prend bien le temps de resserrer le couvercle et me dirige presque en courant vers Maena, manquant de glisser sur le lait que j'avais renversé. Je me rattrape de justesse au plan de travail avant de rejoindre mon alarme vivante.
Quel bonheur pour mes oreilles lorsque le biberon atterrit dans sa bouche et qu'enfin, les pleurs cessent. Elle avale avidement le contenu de son récipient. Je soupire de soulagement, renversant la tête en arrière profitant de cette instant de calme pour fermer un peu les yeux. Je suis collante, sale, sans parler de mes cheveux, imbibé de lait et de l'odeur répugnante que ce liquide dégage, mais je suis bien trop épuisée pour m'en préoccuper pour le moment. M'endormir comme ça ne me dérangerait pas.
J'atteins des niveaux de fatigue que je pensais improbable... Il est huit heures du matin, et j'ai dû dormir à tout casser quatre heures cette nuit. Maena a été particulièrement désagréable. Entre deux changements de couche et deux biberons, elle s'est mise à pleurer juste pour que je la prenne dans mes bras, me faisant gaspiller un contenu entier de nourriture, auquel est venu se rajouter celui de ce matin. Ces heures de sommeil perdues se font de plus en plus sentir dans mon comportement... Je suis irritable et je sors facilement de mes gonds.
À trois mois pourtant, on m'avait assuré qu'elle devrait commencer à faire ses nuits... J'attends toujours.
Malgré cette fatigue, il faudra que je me bouge : je dois me rendre chez mes parents, où ma mère s'est mise en tête d'aider une de ces amies pour sa fête d'anniversaire. Lupe devant passer des examens médicaux, c'est à moi qu'elle a demandé de l'aide...
Je m'efforce de me lever lorsque je remarque que ma fille vient de finir son lait et me motive un minimum pour cette journée.
Je me frotte les yeux et tente de me rassurer mentalement en me disant que le sommeil de Mae' sera bientôt intégral. J'en suis certaine. Doucement mais sûrement, on y arrivera...
Je m'occupe en priorité de ma petite princesse, la lave et l'habille d'un ensemble rose et blanc, au t-shirt imprimé de macarons kawaii tout souriant. Son haut commence à être un peu petit... Elle a prit du ventre apparemment. Avec tout ce qu'elle ingurgite, ça ne m'étonne pas.
Je la coiffe, profitant que sa masse de bouclettes brunes soit mouillée pour les discipliner. Je rigole en remarquant que cela lui donne un air sage et de petite intellectuelle. Ses grands yeux verts me détaillent fixement. Je lui fais une légère grimace et celle ci réagit presque au quart de tour affichant un grand sourire, et m'apportant un réconfort inconsidérable. C'est dans ses moments que je me dis que ma grossesse et mon accouchement, moment de souffrance intense et invraisemblable, valaient la peine d'être vécu. Je l'aime cette crapule, même si elle me pousse à l'insomnie... Comment ne pas tomber sous le charme de cette crevette de toute façon ? Ma fille est beaucoup trop belle, et je suis particulièrement fière de me dire que je suis à l'origine de cette petite majesté ! Elle reste calme pendant que je termine de m'occuper d'elle. A partir du moment où elle est propre, a sa tétine, son ourson, le ventre plein, et toute mon attention, j'imagine que rien ne peut aller mal pour elle.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant