Chapitre 46

1K 46 11
                                    

La maladie de Parkinson. C'est ce que les médecins ont délivré comme diagnostique, et qu'ils pensent être le plus probable. Nous nous en doutions tous plus ou moins je suppose. Mais aucun n'avait forcément osé le dire à voix haute ou même y penser trop fort comme si cela aurait pu changer les choses. Mais ses pertes d'équilibre, ses douleurs musculaires et crampes qui l'empêchait bien souvent d'arriver à effectuer des gestes fluides et précis, ses tremblements... Il y avait tant de symptômes qui se manifestait de plus en plus fréquemment, d'autres qui commençaient à apparaître... De fil en aiguilles, je crois qu'arriver à cette conclusion était le plus censé. Pour le moment, il est encore relativement bien, mais comme pour toute maladie dégénérative telle que celle-ci, on va devoir se préparer mentalement à ce que rien ne s'améliore jamais. On peut juste en freiner l'évolution et espérer pour que tout ne soit pas trop rapide. Grand-père était bouleversé à son retour de l'hôpital et j'ai voulu passer du temps avec lui, mais il a prétexté être fatigué et est tout de suite allé dans sa chambre. Toute cette fin de semaine, il a voulu s'isoler un peu. Le voir dans cet état m'a profondément touchée et attristée. Ma mère m'a répété de lui laisser du temps. Mais je me suis sentie plus qu'inutile. Désormais, la villa accueille plusieurs specialistes et un infirmier qui viennent aider et faire travailler Alfredo. Dès qu'il est avec nous, pour les repas notamment, il essaie de se montrer joviale mais on voit qu'il n'est pas lui-même. Pas complètement. Mais on ne peut absolument pas lui en vouloir. Apprendre que nous sommes voués à subir les effets d'une maladie sans qu'il n'y ait de réel remède, ça ne peut que nous mettre le moral au plus bas. Je voudrais changer les choses. Et c'est techniquement impossible. L'impuissance, c'est ce à quoi nous serons plus ou moins confronté chaque jour à partir de maintenant face à cette maladie. Mais je me suis promise de rester à ses côtés et lui remonter le moral comme je le pourrais et quoi qu'il en coûte. Certes son état physique sera continuellement en déclin mais je compte bien faire en sorte que son moral soit au top. Jusqu'à aujourd'hui je le laissais en paix, parce qu'il en avait besoin... Mais je ne compte pas le laisser vivre ainsi sa vie seul, enfermé presque à longueur de journée dans sa chambre.
C'est ainsi qu'après avoir préparé un petit plateau rempli de bonnes choses, même de certaines ne lui étant pas vraiment conseillé, je monte à l'étage et toque à la porte de sa chambre. Dès que je l'entends me permettre d'entrer, je pousse la porte. La chambre est vide à première vue mais je l'aperçois ensuite assis sur sa petite terrasse et vais donc le rejoindre. Lorsqu'il voit que ce n'est que moi, il me sourit, et ce sourire s'aggrandit à la vue de la nourriture.

- Tu sais comment me rendre heureux toi !s'exclame-t-il alors que je pose le plateau et tire la deuxième et unique chaise pour m'affaler dessus.
- Oui. Dis pas à maman que je t'ai servi tes cookies, elle va me tuer.pouffé je.

Il me le promet en me faisant un petit clin d'oeil avant de croquer dans un biscuit. Il soupire de bien-être tout en prenant ma main dans celle qui lui restait de libre, observant la vue qu'il a sur le jardin.

- Tu as peur ?me questionne-t-il soudain.

Je le regarde avec incompréhension. Face à mon manque de réaction, il développe :

- Demain... C'est le jour du procès, non ?

Je me tend. En effet. Et rester concentrée durant mes derniers rendez-vous chez mon avocate s'était révélée être une épreuve bien compliquée. Je n'ai pas vraiment hâte.

- Oui... Et je crois que je suis un peu anxieuse, c'est vrai. Tu viendras ?

Il sert plus fortement ma main et pose sur moi un doux regard.

- Évidemment ma belle... Et tu n'as pas à être inquiète, ou avoir peur de quoi que ce soit, encore moins de lui désormais. On sera tous là, avec toi.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant