Chapitre 18

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Face à la franchise d'Eliana, je ne me vois pas lui mentir. Elle a dû prendre sur elle pour m'avouer cette triste vérité. Je n'aurais jamais cru que Matteo puisse encore ressentir quelque chose pour moi. Surtout quand je repense à la façon dont il m'a poussé dans les bras de Logan quelques minutes plus tôt. Mais dans les yeux de sa fiancé, je peux voir à quel point ses mots sont vrais. Elle en souffre et malgré cette jalousie qui ne cesse de me hanter, j'ai de la peine pour elle.

- Oui, je l'aime encore.avoué je. Matteo est le père de Maena et nous avons vécu une relation importante. Mais comme tu as pu le voir, notre passé, cette histoire... Il n'y aura plus jamais rien entre nous. Matteo est trop en colère et j'ai trop souffert de ce manque de confiance. Comme tu le dis, tu es capable de le faire passer à autre chose. Fais le, vis ton histoire avec lui. La seule chose que je te demande c'est de ne pas l'éloigner de sa fille.

Pourquoi se mentir plus longtemps ? Mes crises de colère quand on me demande si je l'aime, mes douleurs dans la poitrine quand je l'imagine avec Eliana. J'aurais beau dire ou faire ce que je veux, Matteo restera celui que j'ai le plus aimé et je ne peux pas oublier ces sentiments aussi facilement. Eliana me remercie pour ma sincérité quand un cri emprunt de dégoût se fait entendre à l'autre bout de la pièce.
Matteo tient Maena loin de lui, répugné. Je sais déjà ce qui s'est produit avant même de m'être approché.
Eliana rigole en arrivant à hauteur de son futur époux.

- C'est loin d'être drôle Eli' ! Elle vient de vomir tout son repas sur ma chemise !
- Oh n'exagères pas! rouspète-t-elle en attrapant doucement Maena après m'avoir demandé la permission. Elle t'a juste un peu régurgité dessus...

Il se lève du canapé, raidi et grimaçant. Moi et Eliana échangeons un regard amusé.

- Où est ta salle de bain Luna ?demande-t-il paraissant être au bout de sa vie.
- Accompagne le.soupire la jeune femme. Je m'occupe de cette petite princesse.
- Princesse qui vient de me tâcher une de mes chemises préférées !

Je fais signe à Matteo de me suivre sans pouvoir garder mon sérieux.

- Bienvenue dans le monde merveilleux de la paternité !me moqué je. Elle t'a baptisé et adopté, c'est officiel comme ça...

Matteo est loin de sourire et me lance un regard meurtrier.
Il se plante directement devant le lavabo et commence à passer de l'eau sur sa chemise.

- Ça pue...constate-t-il, l'air révulsé.

Cette fois, je ne me retiens pas et éclate de rire.

- C'est rien comparé à l'odeur qu'elle dégage quand elle fait ses grosses commissions !précisé je, en attrapant un chiffon dans une des armoires. T'as encore beaucoup à apprendre et énormément d'épreuves à surmonter... C'est que le début.

Il fait mine de chouiner, boudeur. Je mouille mon tissu alors que Matteo s'écarte du lavabo et commence enlever un à un les boutons de sa chemise.
Dites moi que rêve... Il ne va pas vraiment faire ça ?
Mais si.
Sans gêne, il retire son vêtement, dévoilant son torse. Et j'ai bien l'impression qu'il a gagné en musculature... Je détourne rapidement les yeux lorsqu'il s'approche pour mettre directement le bout de sa chemise tâchée sous l'eau.
Ma respiration s'est bloquée et je suis prise de bouffées de chaleur. Je lui tends le chiffon.

- Je vais voir comment Eliana s'en sort. T'en as dans les cheveux aussi...essayé je d'articuler distinctement.
- Eliana doit très bien s'en sortir ! Aide moi Luna à me retirer cette odeur répugnante, je vais vraiment rendre l'âme sinon !se plaint-il en frottant rigoureusement sa chemise sous l'eau.

Je m'approche doucement de lui, et me résout à faire ce qu'il me demande, ma raison me hurlant pourtant de faire demi-tour. Mais prenant pitié de sa situation et touché par son air paniqué, je me mets au travail, compatissante. Combien de fois me suis je retrouvée à sa place ? Je ne compte plus...
Je déglutis difficilement en silence et passe délicatement et à plusieurs reprises le tissu humide sur la base de son cou, tentant difficilement de garder mes esprits. Matteo, lui, essaie tant bien que mal d'enlever le peu de lait qui commence à coller sur sa chevelure, tout en continuant à râler. Mon regard finit par se détacher de ce que je fais pour longer les courbes de son dos. Je pense enfin à expirer. C'est si dur de le sentir si proche, d'humer son parfum, de le toucher... Dur de continuer à l'aimer, le désirer, en sachant qu'on s'est mutuellement perdu. Je continue mon geste, alors même que son épaule est redevenu propre. Conscient de la situation, Matteo se racle soudainement la gorge, me faisant revenir à moi. Il me regarde droit dans les yeux.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant