Chapitre 45

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Rien n'est simple et acquis. On peut se sentir parfaitement bien un jour et complètement vide le lendemain, sans forcément qu'il y ait une raison apparente à cela. Enfin, pas plus de raisons que d'habitude. Je suis actuellement dans un jour sans. Cela fait une semaine que nous sommes rentrés de notre petite escapade. Et je n'ai jamais été autant instable émotionnellement depuis la semaine où Diego a abusé de moi. Je suppose que c'est parce que le procès approche,  que j'ai vu mon avocat, ce qui insinue que tout se concrétise et que ce que j'essayais de fuire avec Matteo en partant en vacances va se produire très prochainement. Je ne voulais vraiment ne plus rien avoir à faire avec Diego, bien que je sache pertinemment qu'il mérite de payer pour absolument tout ce qu'il a pu me faire. C'est seulement dur. Parce que je veux oublier. Passer à autre chose. Mais je ne peux pour l'instant pas, étant donné qu'on me demande de me souvenir du mieux que je le peux de tout ce qui a pu se produire. J'ai juste hâte que cette période passe et en même temps, le stresse et la peur de me retrouver de nouveau dans la même pièce que mon agresseur durant le procès me noue l'estomac.
Allongée sur mon lit, je reste enroulée dans ma couverture, en fixant de façon impassible le mur en face de moi. Je suis retournée chez mes parents quelques jours après que ma mère ait insisté. Je me sens moins seule, il y a toujours de l'animation, Ambre et Simon sont venus assez souvent pour essayer de me changer les idées, et Maena est gardée à tour de rôle par tous les occupants de la maison depuis que nous y avons réélu domicile, ce qui aide à me soulager un peu. Quant à Matteo, il vient absolument tous les jours. Il a dû essayer de se remettre à composer mais je le vois plus ici à dorloter sa fille et constamment s'assurer que je vais bien, que pencher sur ses partitions. Et malgré des sentiments évident envers lui et une attente apparente de ce dernier, j'ai décidé de garder ces émotions bien enfouies. Nous avons pu passer plusieurs après-midi ensemble, et sans Mae, que nous avions faite garder par Lucia. Il a tenté de se rapprocher de moi, me faire sous-entendre qu'il souhaiterai reconstruire toute sa vie à mes côtés et celle de sa fille dès que je me sentirai prête. Mais entre le procès, mes cauchemars, Maena et tous les tracas quotidiens qui ne cessent de me tomber dessus, rajouter une histoire d'amour à l'équation est vraiment une mauvaise idée...
Ma mère entre dans ma chambre, Mae' dans ces bras. Je me redresse lentement en lui souriant et tend les bras vers elle pour avoir ma fille.

- Tu as réussi à te reposer un peu ?

J'attrape Mae qui me rend aussitôt mon sourire en m'apercevant et se blottit contre moi dès qu'elle a la possibilité de le faire.
J'opine pour répondre à ma mère. Elle me jauge avec insistance et lâche un petit soupire, comprenant que je lui mens. Néanmoins elle ne me fait aucune remarque...  Elle sait que ça ne changera rien et que ça va prendre peut-être un peu de temps avant que la fatigue et l'anxiété arrêtent de se lire sur chacun des traits de mon visage.

- On va amener Alfredo passer de nouveaux tests dans un instant. Vu que tu n'as pas encore mangé, il y a tout ce qu'il faut dans le frigo, je compte sur toi pour ne pas mettre ma cuisine hors d'état.me taquine-t-elle en pinçant gentiment ma joue.
- D'accord...tenté je d'esquisser un énième sourire, bien que l'état de mon grand-père m'inquiète de plus en plus également.

Mon père débarque pile à ce moment en interpellant sa femme, voulant savoir si elle était prête. Pour toute réponse, elle le rejoint m'envoyant un bisou volant. Avant de quitter la pièce, papa me détaille de la tête au pied. Observant mon air préoccupé, il avale la distance qui nous sépare en deux grandes enjambées et pose un baiser délicat sur le haut de mon front en m'assurant que tout allait finir par aller mieux. Il embrasse sa petite-fille avant de s'éclipser, déclarant qu'il nous aimait fort. De quoi me mettre un tout petit peu de baume au coeur. Cela paraît anodin, mais seulement pour ce genre de petites attentions au quotidien, je suis contente d'être revenue ici. 
Maena me ramène à la réalité en tirant sur mes cheveux et poussant un cri pour attirer mon attention. Je lui souris presque aussitôt et la soulève dans les airs et lui chatouille le ventre du bout de mon nez ce qui la fait pouffer de rire de la plus adorable des façons. 
Je me décide par la suite à aller me faire à manger. Lupe est dans la cuisine et était en train de passer le balai mais elle arrête son activité dès qu'elle m'aperçoit, me proposant gentiment de garder un oeil sur Maena, le temps que je fasse mon repas qui ne sera en fait qu'un sandwich. Je n'ai pas grand appétit en ce moment. Mon amie me fait d'ailleurs remarquer que j'ai de plus en plus mauvaise mine et qu'elle s'inquiète pour moi. Je lui assure que je vais bien et qu'elle n'a pas de soucis à se faire avant de faire dévier le sujet de conversation sur sa propre fille, dont je n'avais plus beaucoup de nouvelles. Il faut dire qu'avec tout ce qui s'était produit dernièrement, je n'avais pas pensé à la contacter. Lupe rit légèrement en m'annonçant que Sam était tombée amoureuse et que sa vie chez son père et ses études se passaient à merveille, de quoi me redonner le sourire. J'essaie d'avoir le plus de détails possible sur sa relation amoureuse mais je n'obtiens pas grand chose, juste qu'il s'appelle Ale, qu'il est un peu plus âgé qu'elle et qu'il est "plutôt pas mal" selon les mots de la maman. Il faudra vraiment que je pense à la contacter pour en savoir plus. Lupe profite que l'on soit lancé sur le sujet des amours pour me questionner sur ma relation avec Matteo. Et comme si celui-ci avait pu entendre son prénom, on l'entendit tout d'abord frapper à la porte puis l'ouvrir et on le vit enfin débarquer rapidement dans le salon.

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant