Chapitre 43

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Matteo fixe l'image depuis un bon moment, sans prononcer un seul mot.

- Tu peux faire défiler... Il n'y a quasiment que des photos de Mae' après ça.lui indiqué je.

Il obtempère. Je remarque qu'il tremble un peu. Il s'arrête sur la suivante qui date de juste après mon accouchement. Je souriais faiblement, Mae' était contre moi avec un simple tissu blanc sur le corps.

- Elle a l'air minuscule...
- Oui...J'avais peur de la briser tellement elle me paraissait fragile.

Il esquisse furtivement un petit sourire puis continue de regarder, très lentement, comme pour s'imprégner de chaque instant, ou essayer de les vivre. Il est plutôt tendu. Et ému. Ses yeux commencent à prendre une légère teinte rougeâtre et se sont embués. Maintenant Maena assise contre moi d'une main, je tends l'autre vers celle de Matteo. Il n'hésite pas longtemps avant d'entrelacer ses doigts aux miens. Je lui lance un regard que je veux réconfortant.

- Ça va.m'assure-t-il souriant, malgré la larme qui venait de perler le long de sa joue. Je trouve ça juste fou. Elle grandit rapidement...
- Beaucoup trop !

La concernée gesticule pas mal depuis tout à l'heure. Elle finit par jeter sa peluche entre nous deux, se rend compte de son erreur et se met à crier tendant sa main vers son lapin. Matteo s'occupe de lui rendre.

- T'es un peu casse-pied sur les bords, hein chipie ?

Il lui pince le bout du nez et elle lui offre un grand sourire, secouant de nouveau sa peluche dans tous les sens. Une vrai pile électrique aujourd'hui. Mais plus elle bouge, mieux elle dormira tout à l'heure donc je la laisse volontier se défouler. Matteo a recommencé à se focaliser sur les photos.

- J'aimerais pouvoir changer les choses...chuchote-t-il.

Je crois l'avoir bien compris... Malheureusement c'est impossible. Et je donnerai beaucoup également pour que tout ce soit passé différemment. Pour éviter de replonger dans de trop sombres souvenirs pour la énième fois, je décide de lui commenter quelques photos lâchant de petites anecdotes sur Maena, histoire de détendre l'atmosphère. On finit par passer un agréable moment. Quelques rires et sourires, des regards, parfois insistants, sont échangés. On en vient à évoquer le fait qu'être maman ne m'a pas totalement changé.

- Donc la Chica Delivery est toujours aussi tête en l'air ?
- Je bats des records...marmonné je, honteuse.
- Mais comment tu as pu oublié ta fille ?! Un sac je veux bien mais...
- J'ai pas fait exprès !rigolé je en repensant à la situation et ma maladresse. Elle dormait et je ne l'ai pas laissé bien longtemps seule dans l'appartement...
- Encore heureux ! Bon mais maintenant je serai là.
- Et...?
- Bah j'assurerai mon rôle de sauveur !clame-t-il fièrement.

J'allais balancer crûment qu'il n'avait pas toujours su maintenir ce fameux rôle qu'il s'était pourtant toujours donné, mais je préfère me taire pour ne pas replomber l'ambiance. Il me redonne mon téléphone.

- Tu m'enverras quelques photos...?

Je hoche vivement la tête puis lui donne Mae' délicatement mais avec une certaine assurance pour ne pas lui laisser d'autre choix que de la prendre. Il l'attrape sans broncher, toutefois un peu confus. C'est seulement à cet instant que je lui annonce malicieusement qu'il doit aller la changer. Il lève les yeux au ciel face à ma ruse mais s'exécute.

- J'aurais ma vengeance Valente.
- Quand tu veux Balsano.

Il sort de la pièce me défiant du regard pendant que j'affiche un grand sourire. Je sors moi aussi de la chambre et descend au rez de chaussée ayant une petite faim. Ma conscience me crie d'arrêter le grignotage une bonne fois pour toute mais ça reste plus fort que moi. Et c'est un temps à en faire déprimer plus d'un dehors. Une barre chocolaté ne peut que remonter le moral !
Je me rends compte que je suis vraiment heureuse d'être là. Loin de tout ce qui pourrait me rappeler ce que j'ai pu vivre dernièrement. Je m'arrête à mi-chemin en direction de la cuisine, le regard attiré par un petit cahier à côté du transat de Maena sur la table basse. Je m'approche et y lis quelques lignes d'un texte griffonné au crayon à papier. Des mots sont raturés, et tout ce qui reste visible sont ces quelques phrases:

Entre Tú y Yo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant