« Une rencontre, c'est quelque chose de décisif, une porte, une fracture, un instant qui marque le temps et crée un avant et un après. » Eric-Emmanuel Schmitt.
***
Louis.
Je sais que je suis en retard quand je passe les portes du commissariat ce lundi matin et ça me fou la rage parce que c’est de la faute d’Alex. Il a encore prit tout son temps pour prendre sa douche et moi j’ai du attendre comme un con devant la porte en lui jurant qu’il allait prendre cher ce soir. Il s’est juste contenté de rire quand je l’ai ensuite poussé pour prendre ma chemise de travail et m’a envoyé un baiser volant avant de franchir la porte pour partir au boulot – à l’heure, lui.
Je cours donc pour essayer de limiter le massacre mais le destin n’est visiblement pas de mon côté parce que la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvre pile quand je passe et quelqu’un me rentre dedans. Littéralement.
_Putain ! je crie au garçon sans même m’arrêter. On ne t’a jamais appris à toquer abruti ?
Je continu ma course folle mais c’est moi qui me sens abruti maintenant parce que ma réflexion était minable : c’est moi qui était en tord ; on ne toque pas pour sortir d’une pièce.
Bien joué Louis.Au moment où j’arrive dans les bureaux, j’ai à peine le temps de m’installer que James arrive déjà vers moi avec un regard désespéré et accusateur.
_C’est la sixième fois ce mois-ci Tomlinson, je ne vais pas te couvrir auprès du chef tout le temps.
_Désolé, je soupire. Alex ne comprends pas vraiment le sens des mots « dépêche-toi ».
Et c’est vrai. J’ai l’impression que, de toute manière, plus je lui les répète, plus il prend un malin plaisir à ralentir. Seulement moi ça m’exaspère parce qu’avant de le rencontrer, je ne supportais pas le retard. Mais personne n’est parfait puisque ça fait cinq ans que j’essaye de le faire changer sans grandes améliorations alors… il faut croire que l’amour nous fait faire des concessions.
_Tu as épuisé ton quota, reprends James d’un ton las mais amical, tu arrives à l’heure maintenant parce que je pense que le chef va trouver ça étrange que tu sois toujours aux toilettes ou à la machine à café dès huit heures le matin.
_Je vais essayer.
Je me laisse aussitôt tomber dans mon siège et ferme les yeux un moment. Ça risque d’être une longue journée.*
Il est dix-huit heures sur l’horloge numérique de l’ordinateur quand je me rends compte que ça fait déjà une trois quarts d’heure que j’aurais pu partir. Mon téléphone vient de vibrer dans ma poche et je me mords la lèvre : Alex doit s’inquiéter.
Nouveau sms d’Alex :
18:01 ✉ Lou, tu vas bien ? Tu ne rentres jamais après moi d’habitude.
18:01 ✉ Oh, et j’ai acheté de quoi faire des pâtes à la bolognaises !Je souris comme un idiot devant le dernier message parce qu’il sait bien que c’est mon plat préféré alors c’est sa façon à lui de se faire pardonner pour ce matin.
Nouveau sms pour Alex :
18:03 ✉ Je n’avais pas vraiment vu l’heure, j’étais en train d’archiver des dossiers ; je pars dans pas longtemps. Oh ! Et je suis devenu végétarien.Je pose mon cellulaire sur le bureau et termine rapidement de taper les derniers numéros sur mon tableau Excel mais Alex n’a visiblement pas envie de me laisser tranquille parce qu’il vibre de nouveau.
_Lieutenant Tomlinson ? appelle alors la voix grave de mon chef.
Merde.
_Oui ?
J’enlève mes lunettes et me lève de ma chaise, remarquant qu’il n’est pas seul et qu’un garçon avec des boucles brunes l’accompagne.
_Lieutenant Tomlinson, je vous présente le Capitaine Styles. Il est arrivé à Londres hier soir pour reprendre le dossier 318.
_Err, bonjour ? je tente misérablement en me sentant bête.
Mais qu’est-ce que je pouvais dire d’autre de toute façon ?« Agréable météo en ce moment ne trouvez-vous pas Capitaine ? J’espère que le soleil va rester avec nous encore quelques jours car j’ai prévu d’aller camper ce week-end. »
Minable.Il ne me répond pas mais je vois un sourire amusé traverser ses lèvres, comme si ma tentative pitoyable pour être civilisé lui donnait envie de se rouler par terre.
_Le Capitaine Styles aura besoin d’un suppléent pour s’acquitter de l’enquête et j’ai pensé que vous pourriez être celui dont il a besoin, continu mon chef sans remarquer quoi que ce soit.
_Euh, bien sûr.
La situation est ridicule, j’en ai conscience, j’ai la répartie et l’assurance d’un gamin de neuf ans et ça me révolte parce qu’en vrai j’en ai vingt-cinq et que je ne devrais pas agir comme ça. Seulement je n’y peux rien, je n’arrive pas à refouler l’élan d’intimidation qui me prend quand je suis prêt du Commandant.
_Bien, vous commencerez donc demain à huit heures.
Il semble hésiter à ajouter quelque chose, puis me lance finalement :
_Soyez à l’heure Tomlinson ; pas de détour par les toilettes où par la machine à café cette fois-ci.
Le rouge me monte aux joues aussi rapidement que si j’avais été frappé par la foudre et j’ai envie de disparaitre. Littéralement. J’ai envie de m’enfoncer sous la terre, de creuser un trou jusqu'à toucher les abysses et de continuer encore à creuser pour mourir.Visiblement inconscient de la gêne dans laquelle je suis, il hoche la tête et fait demi tour, me laissant planté comme une tomate face au dénommé Styles – qui lui, à l’air de trouver la situation hilarante.
_Il n’y a pas de quoi rire, je marmonne pour moi-même en me tournant le temps de ranger mes affaires.
_Techniquement si.
_Pardon ?
Je relève vers lui des yeux surpris et il me fixe avec un sourire à la limite de l’insolence. Non mais il va peut-être devoir se calmer bouclette hein.
_Tu ne me reconnais pas ?
_A tout hasard je dirais… capitaine Styles ?
_Je suis l’abruti qui doit toquer avant d’ouvrir une porte, rétorque-t-il sans même relever.
Et merde.
Ma bouche devient sèche et j’ai soudainement envie de m’assommer avec la pelle qui m’a aidé à creuser ma tombe tout à l’heure. Je ne ferais décidément jamais rien de bien.
Mon téléphone vibre de nouveau sur le bureau et je sursaute, me rappelant qu’Alex m’attend à la maison et que je ne lui ai pas encore répondu. J’attrape alors ma veste en détournant mon regard et récupère mon téléphone en minaudant un léger « Désolé. »
Je lui passe devant et l’entends essayer de masquer son rire jusqu’à ce que la porte se referme derrière moi et que je me dirige vers l’accueil du commissariat.Nouveau sms d’Alex :
18:05 ✉ Quel dommage ; j’avais aussi pensé à prendre de la viande pour les hamburgers de demain soir. Tant pis, je mangerais tout.
18:28 ✉ Tu es passé par Dublin pour rentré Lou ?Je passe la porte vitrée et me retrouve sur le parking, jetant un léger coup d’œil aux alentours avant de rejoindre ma voiture et de grimper à l’intérieur.
Nouveau sms pour Alex :
18:35 ✉ Je t’aime.----------------------------------------------------
Hello there !
Vous vous souvenez de moi ? Au pire c'est pas grave. Voilà, ma nouvelle fiction, 318 Case.
Je ne vais pas vous mentir, elle est dans un registre totalement différent de "Silent Memories"; la preuve en est : j'écris au présent et j'ai eu envie de tenter le point de vue interne. - D'ailleurs, il n'y aura pas que le POV de Louis, ne vous inquiétez pas. -Bon, inutile de vous précisez que j'aimerais vraiment avoir vos avis et vos impressions, ça me ferais très plaisir.
Gros bisous sur vos joulies joues ! ♥
- Cam. xxPS: Remerciez AndJ60 pour la publication ; elle n'aurait surement pas été publiée avant un moment sans elle. ♥
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318 Case.
FanfictionVoltaire a dit un jour que chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés. Ce que l'on nous a appris à l'école de police, c'est que le vice des forces de l'ordre était l'alcool ; le danger, se faire tuer. On a tous cru et appris bêt...