Chapitre Vingt.

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« C'est fascinant, la connerie d'un mec amoureux. » Bertrand Blier.

***

Louis.

Il ne s'est rien passé.

Il m'a juste regardé, je l'ai juste regardé. Puis je suis sorti de la voiture comme il voulait que je le fasse au début.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai rien répondu, je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai pas essayé de lui expliquer, essayé de dire quelque chose. Parce que dieu seul sait que j'avais des choses à dire.

Mais je n'ai rien dit.

Je suis juste sorti.

Et j'ai marché. Droit devant moi. J'ai monté les marches jusqu'à la porte du hall de l'immeuble et je ne me suis pas retourné ; pas même lorsque j'ai entendu la voiture débrayer. J'ai fermé le battant derrière moi, et c'est là que j'ai craqué :

J'ai fait volteface juste à temps pour voir les feux de la carrosserie noire s'éloigner à l'horizon et j'ai frappé contre le carreau opaque.
Puis je suis tombé sur le sol en tremblant.

C'est là que je suis maintenant, recroquevillé sur moi-même sur le carrelage à carreaux gris et blanc du vestibule de mon immeuble. Je n'arrive pas à retrouver assez de courage pour me relever et pourtant je sais qu'il faut que je le fasse, parce que je suis seul désormais et que personne ne viendra m'aider.

Des sanglots secs secouent ma gorge pourtant je ne pleure pas ; je n'en ai pas le droit. Je tremble de la tête aux pieds, je tremble comme jamais je n'ai tremblé. Et à travers mon break down, il y a une phrase qui passe en continu le seuil de mes lèvres :

« Tout est de ma faute. »
« Tout est de ma faute. »

« Tout est de ma faute. »

Il faut que je me relève. Partiellement parce qu'il est trois heures quinze de l'après-midi et que je ne veux pas que quelqu'un me trouve dans cette position ; mais surtout parce qu'il est temps que j'affronte la réalité. Que je fasse face aux conséquences de mes actes comme un homme plutôt que de fuir et pleurer comme un gamin.

Alors je me relève, je passe la main sur mes joues sans larmes et me dirige vers la cage d'escalier. Je compte les marches une à une, de la première à la quarante deuxième, et une fois arrivé en haut, je souffle. Alex n'est pas encore à la maison, il rentrera vers dix-sept heures dix, et je crois que c'est encore pire.

J'ai mal au cœur et j'ai envie de vomir.

*

J'ai essayé de boire un thé, de classer les livres de la bibliothèque par ordre alphabétique et même de faire le ménage ; mais après avoir cassé deux verres en faisant la vaisselle et failli briser la lampe de chevet, je me suis arrêté et j'ai allumé la télé.

Ça n'a pas aidé, pas même un peu, mais au moins, ça m'a préservé de commettre d'autres dégâts dans l'appartement.

Il est dix-sept douze quand j'entends la clef tourner dans la serrure de la porte. Mon cœur se stoppe immédiatement et je saute sur mes jambes en fixant anxieusement l'entrée.

Il est là. Putain, Alex est là.

Et au moment où le battant s'entrouvre et que je vois la silhouette de mon homme faire un pas dans l'entrée, la nausée me reprend comme la foudre frappe le sol et je détale comme un lapin jusqu'à la salle de bain pour ne vomir rien d'autre que de la bile.

_Il y a quelqu'un ? j'entends l'intonation surprise d'Alex dans le salon. Louis ? C'est toi ?

Un haut le cœur me comprime le ventre et je ne peux pas répondre parce que mon estomac se retourne en m'obligeant à cracher de nouveau.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant