Chapitre Dix-Neuf.

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« Les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit ; quelques fois, ils ne sont que l'ombre altérée de la réalité. » Anonyme.

***

Louis.

J'ai envie de vomir. J'ai envie de vomir tant je me dégoute. Ma gorge est serrée et mon ventre se tord, mes paumes sont moites, j'ai l'impression que je vais mourir.

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai trompé Alex ou juste parce que j'ai rejeté sans rien dire le garçon qui m'a fait vivre la plus belle nuit de ma vie ; mais putain ! j'ai envie de vomir tant je me fais horreur.
Je n'étais même pas si bourré que ça. En fait, je ne l'étais quasiment pas ; j'étais pleinement conscient de ce que je faisais. J'avais l'entière conscience de mes mains sur la peau nue d'Harry, j'avais l'entière conscience des baisers humides et langoureux que nous avons échangé. J'avais conscience de tout ça putain et je me dégoûte !

Le demi croissant que j'ai avalé ce matin et le café crème qui me pesait déjà dans l'estomac me brûlent soudainement la gorge et je retiens un haut le cœur en me reculant de la table où je suis assis. J'ai mal ; je me sens mal. Je vais vomir.

Harry refuse catégoriquement de me regarder depuis que j'ai croisé l'éclat blessé de ses iris verts ce matin et ça renforce mes nausées à tel point que j'ai soudainement besoin de me précipiter aux toilettes en poussant sans délicatesse un officier qui entrait dans la salle de conférence.
Je crois qu'il m'a gueuler de ralentir mais je n'en suis pas sûr et je m'en fou.

J'ai à peine le temps de verrouiller le verrou que je m'appuie aussitôt contre le battant de bois blanc et humide des sanitaires pour enfoncer ma tête dans mes genoux. Je ne peux plus rester debout non plus, les vertiges ont pris possession de mon esprit et j'ai l'impression que le monde tangue et tournoie à toute vitesse.

Pourtant il faut que je me reprenne, je ne peux pas rester comme ça. Il faut que je me calme parce qu'il est presque midi dix et qu'on rentre à Londres dans moins d'une heure.

On a reçu les rapports d'autopsie de la nouvelle victime, les témoignages du personnel de l'hôtel et les observations faites par l'équipe locale dépêchée sur place dans la mâtinée alors plus rien ne nous retiens ici si ce n'est la panne de photocopieuse que le technicien est justement en train de réparer.

Dans moins d'une heure, je vais me retrouver seul avec lui, avec Harry, coincé dans une voiture.
Et c'est cette putain de constatation-là qui me fait vomir.

*

Le moteur démarre avant même que j'ai terminé de boucler ma ceinture et le virage qu'Harry prend au bout de dix mètres est beaucoup trop abrupt et beaucoup trop raide pour que ma tête n'heurte pas la vitre en m'octroyant un élancement cuisant au niveau de la tempe.

_Aie ! je laisse aussitôt échapper en tournant mon regard vers le conducteur.

_Fallait t'accrocher.

Sa voix est dure et froide et j'ai beau comprendre qu'il soit fâché, il n'est pas obligé de me tuer en passant !

_Je suis accroché ! Putain Harry t'as le droit de m'en vouloir mais fait attention à comment tu roules !

_Ouais.

_Je n'ai pas envie de mour -

_La ferme ! il hurle brusquement en lâchant la route du regard alors qu'il pleut à verse. La ferme Tomlinson ! Tu la fermes et tu me laisses conduire putain !

Pour le coup, j'ai un mouvement de recul et mes iris, qui se sont écarquillées de surprise et de frayeur avec son accès de colère, clignent plusieurs fois. Il ne me regarde plus, il est de nouveau concentré sur le pare-brise, mais son emprise sur le volant est tellement crispée que les jointures de ses doigts ont blanchis et que ses veines sont un peu plus visibles qu'à l'accoutumée.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant