Chapitre Vingt-Trois.

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« Le temps viendra où vous croirez que tout est fini. C'est alors que tout commencera. » Louis L'Amour.

***

Harry.

Je l'ai entendu partir.

Je ne dormais pas ; pas vraiment. C'est comme ça que j'ai senti la caresse de son pouce chaud contre mon front et la douceur de ses doigts dans mes cheveux. C'est comme ça que j'ai perçu chaque souffle de sa respiration calme et tiède contre ma peau.

J'ai aussi senti le lit grincer lorsqu'il s'est levé.

J'ai entendu le froissement de son jeans lorsqu'il l'a enfilé. Et j'ai entendu la porte se refermer quand il est parti.

Je n'ai pas protesté parce qu'au fond je le savais, je savais qu'il allait partir. Alors j'ai simplement gardé mes yeux fermés et je n'ai pas bougé. Pour uniquement profiter du temps imparti qu'il me laissait savourer.

Maintenant, je suis allongé, dans le lit, comme tout à l'heure, et je ne cesse de me demander si ça a un sens pour lui, si ça veut dire quelque chose, tout ça, tout ce que nous faisons. Est-ce qu'il pense à moi comme moi je pense à lui ? Est-ce qu'il fait ça pour simplement s'évader de la morosité du quotidien ? Ou est-ce que ces gestes sont réels ?

Et au final, j'en sais rien. J'en sais foutrement rien parce qu'il ne parle pas en fait.

« Tu es une tornade Harry. »

Ou pas beaucoup.

Sa phrase joue dans mon esprit comme le refrain d'une chanson en mode accéléré et je roule sur le côté en enfouissant mon visage dans l'oreiller qui porte encore un peu de son odeur : citron et patchouli.

Puis elle me frappe, cette vérité, comme la foudre heurte un arbre en plein orage : il est parti parce qu'il aime son copain. Et son copain l'aime.

Voilà.

Alors je me redresse et attrape mon téléphone portable, posé sur la table de chevet près du réveil. Mais ce n'est pas pour jouer au snake ou à Candy Crush Saga ; oh ça non.

Nouveau SMS pour Louis :
16:03✉L'amour est un ennemi que l'on ne peut pas vaincre corps à corps ; on le vainc seulement par la fuite.
16:03✉Désolé d'avoir foutu un tel bordel dans ta vie Louis Tomlinson.

*

Le lendemain matin, je suis le premier à arriver au commissariat parce que pour être parfaitement honnête, je n'ai pas dormi de la nuit ; je n'ai pas réussi.

Alors j'ai appelé aux Etats-Unis à la place, j'ai appelé Mia et ma maman. Et je crois que ça m'a fait du bien ; ça m'a apaisé, un peu. Même si elles sont loin et qu'elle ne se souvenait pas de moi. C'était sa voix, juste sa voix, comme quand j'étais petit, comme quand elle me chantait des chansons et me racontait des histoires pour que je parvienne à trouver le sommeil.

Et je suis heureux que malgré tout ce qui la frappe, son timbre chantant et clair ait toujours cet éternel pouvoir de béatitude sur moi.

Vanessa débarque soudainement dans la salle de conférence avec une mine grave et je comprends immédiatement que quelque chose s'est produit durant mon absence. Quelque chose d'important, sinon un sourire joyeux serait placardé sur ses lèvres, et ses mèches de cheveux rouges ne seraient pas si ternes.

Alors aussitôt, des tonnes de scénarios tous plus farfelus les uns que les autres jouent dans ma tête et mon estomac se tord :

Une nouvelle victime ? Une demande de rançon ? Une menace ? Un accident ? Putain un accident. Louis a eut un accident en rentrant chez lui hier soir et c'est pour ça que je n'ai reçu aucune réponse de sa part !

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant