Chapitre Onze.

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« Le plus souvent, on se querelle pour vivre, pour se prouver qu'on existe. » Yvon Paré.

***

Louis.

Lorsque je me réveille le lendemain matin, mon réveil n'a pas encore sonné. Seulement ce n'est pas ça qui me perturbe le plus parce que je me réveille de plus en plus tôt en ce moment, même quand je suis en manque cruel de sommeil.

Nan, ce qui me choc, là, actuellement, c'est que je suis tout seul dans le lit.

Alex ne se lève jamais avant moi normalement, alors il n'y a que deux solutions possibles : mon réveil à sonné et je ne l'ai pas entendu (et dieu, si c'est ça, je vais me faire détracter pour arriver en retard au boulot !) ou bien, il est juste parti aux toilettes.

Puis la délivrance arrive : la chasse d'eau s'actionne et je me laisse retomber sur les coussins en jetant un coup d'œil au plafond pour vérifier l'heure ; ce que j'aurais plus faire plus tôt assurément au lieu de stresser pour rien, mais je n'avais visiblement pas assez de jugeote pour.

Il est six heures huit. Mon alarme va s'enclencher dans deux minutes.

J'attends donc qu'Alex réapparaisse mais les secondes défilent et rien ne se passe.

Puis le flash revient et je soupire.

L'engueulade.

C'est vrai qu'après quelques heures de sommeil rattrapées, la perte de mon sang-froid comme c'est arrivé hier me parait dérisoire et horriblement déplacé. Génial, j'avais justement besoin d'un peu de culpabilité dans ma vie. J'étais trop clean comme mec.

Putain Tomlinson, je jure pour moi-même en me frappant intérieurement et en balançant la couette à l'autre bout de la pièce pour me lever.

Alex est là, dans la cuisine, et à en juger par ses yeux rouges et fatigués, il n'a pas bien dormi. Peut-être même pas du tout. Il a pleuré aussi.

Et la vague de culpabilité et de honte me submerge une fois de plus parce qu'après qu'il ait éteint hier soir, j'ai personnellement écrasé comme une masse.

Mais pas lui ; lui il a été trop chamboulé par notre dispute pour fermer l'œil.

Il ne me regarde pas non plus, et je crois que c'est ça qui me fend le plus le cœur. Je l'ai vraiment blessé.

Il fait couler le café et me tourne carrément le dos pour mettre des toasts dans le grille-pain. Il sait que je suis là ; je ne suis pas vraiment d'une discrétion hors pair le matin et puis je viens juste de buter dans la chaise de bar de toute façon. Mais il ne se retourne pas.

_Coucou, je tente minablement parce que c'est tout ce à quoi je peux penser.

Et autant avouer tout de suite : je me fais l'effet d'un véritable crétin.

_Bonjour.

Sa voix essaye d'être dure et plate mais j'arrive à y percevoir la fatigue et le tremblement.

_Alex...

_Ça va Louis, il secoue la tête de manière lasse, j'ai compris, on en parlera un autre jour. Quand tu auras le temps et la patience nécessaire.

Et ça, c'est le coup de pieu en plein cœur. Parce qu'il ne fait rien d'autre que de répéter ce que je lui ai balancé au visage hier.

_C'est pas ça, je suis -

_En retard, je sais. Je t'ai fait couler un café et ton pain est en train de griller. Je vais me préparer. Bonne journée Louis.

Et il part comme ça. Il s'enferme dans la salle de bain et je sais que je ne le verrais pas avant ce soir parce qu'il attendra que je ferme la porte d'entrée à clef pour ressortir.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant