318 Case.

« Vous avez un message en attente. »

« Hey, ici le répondeur de Louis ; si je ne réponds pas, c'est que je suis surement occupé, alors laissez-moi un message ; je vous rappellerais. »

Biiiip.

« _Le répondeur, super. Je ne pouvais pas me faire rejeter plus violemment, je crois. Tant pis, on fait avec ce qu'on a, hein ? Salut Louis, c'est Sty - Harry. C'est Harry.
Tu ne réponds pas alors ce n'est pas grave, je vais te laisser un message. Vocal. Ouais, c'est ça, un message vocal, au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué.
Putain, c'est trop nul, y'a pas un bouton effacé ? Que je le recommence ? Parce qu'il est vraiment merdique mon message en fait. Non ?

...

Non. Bon, tant pis. Je vais continuer, fait comme si tu n'avais rien entendu, d'accord ?

Je viens de recevoir ton SMS et je ne le comprends pas ; pourquoi tu es désolé ? C'est pour m'avoir traité de connard ? Pour m'avoir rendu mon baiser alors que tu ne ressens rien ? Putain faudrait te décider, faudrait que tu sois clair. Ne m'embrasse pas si ça ne rime à rien pour toi. T'es tordu comme gars, tu sais ? Tu devrais apprendre à parler sans utiliser de charades, franchement, ça te faciliterait la vie. Je peux même t'apprendre si tu - non. Oublies ce que je viens de dire. Va voir un psy plutôt. Putain non, je débloque, ce n'est pas du tout pour ça que je t'appelle.

Enfin si, si je t'appelle, c'est pour te dire de décrocher, c'est pratique de temps en temps, tu devrais essayer, il paraît que c'est la fonction première d'un cellulaire.

...

Merde, je raconte n'importe quoi, désolé, c'est dur de te parler alors que t'es pas en face de moi. J'arrive pas à savoir comment tu vas réagir et là, la seule chose que j'arrive à faire, c'est me ridiculiser. Mais c'était pas mon but premier.
Putain, ta gueule Harry.
Bref, j'appelle pour te demander de m'excuser. Moi aussi.

Premièrement parce que je n'aurais pas du te retirer de la mission comme je l'ai fait ce matin. C'était..... Méchant. Et injuste.
Je sais que tu en étais parfaitement capable, crois-moi. Et si je le sais, c'est parce que je t'observe, depuis plusieurs jours, plusieurs semaines... Depuis que je suis arrivé et que tu m'es rentré dedans en courant dans un couloir du commissariat en fait.

J'ai menti et je m'en veux, t'es un flic doué Louis, un putain de flic doué.

C'était pas... Je ne voulais pas te rabaisser, vraiment, mais tu ne m'as pas donné le choix. Enfin, non, ce n'est pas ce que je veux dire ; je ne te jette pas la pierre. Je sais que j'aurais du te prendre à part pour t'en parler, j'aurais du être franc ; mais il y avait tout ce monde, et... Et je pense que ça m'a fait peur. Peur qu'on découvre ce que je ressens pour toi peut-être ; et que du coup, on... je ne sais même pas ce qu'on aurait dit ou fait, parce que tu as un copain. Tu as un copain Louis Tomlinson ; et dieu sait à quel point il est chanceux.

Enfin bref, si j'ai pu te blesser, je suis désolé. C'est juste parce que je ne veux pas que tu y ailles. Ce n'est pas que tu vas foirer la couverture, je sais que tu ne le feras pas ; c'est juste que tu me fais peur.

Parce que je te l'aies déjà dis, que je te l'ai déjà prouvé et que je risque de me répéter, mais j'ai l'impression que t'écoute pas et que tu t'en fou : je tiens à toi bordel Louis. Je tiens à toi, t'entends ?

Mais je ne tiens pas à toi comme on tient à son meilleur ami, je ne tiens pas à toi comme un père tient à son fils ; je tiens à toi comme dans le genre, beaucoup, beaucoup. Comme un Harry tient à un Louis.

C'est con hein ? Putain je viens de perdre ma virilité. Ris pas, s'il te plait.
Faut que j'arrête de jurer aussi.

...

Au final, tout ça, c'est seulement pour te dire que je ne voulais pas te faire risquer quoi que ce soit ce soir, parce que, voilà, je ne vais pas te le redire hein ; tu sais pourquoi maintenant :
Je préfèrerais cent fois prendre une balle à ta place si c'est la seule façon de te garder en vie.

...

Quand tu recevras ce message, tu me rappelleras, y'a des choses dont j'aimerais parler avec toi. Des choses importantes.

...

Je veux juste ajouter, avant de finir cet appel pourri qui te fera bien rire ; Louis, j'ai beau être plus jeune, je suis tout autant responsable que tu l'es. Je sais discerner le bien du mal. Je sais qu'on a fait des mauvaises choses ensemble. Et si on a dérapé sur la mauvaise pente, c'est en partie ma faute. Car j'avais trop bu et j'ai été con à Cardiff. Mais j'en avais envie, vraiment. L'action était sous l'influence de l'alcool ; pas l'intention.

Et puis, tu ne peux pas passer ta vie à me haïr alors que tu ne le veux pas : c'est toi qui est revenu cette nuit-là, non ? T'es revenu et tu m'as fait vivre la plus belle première fois de ma vie. Tu ne m'as pas volé mon innocence Louis, tu n'as rien à te reprocher. Je voulais que ce soit toi et...

Enfin...

Tu sais, avec ma maman et sa maladie, je me suis toujours dis que je n'avais pas de place pour quelqu'un d'autre dans mon quotidien surchargé, parce qu'à s'attacher, on fini forcément par souffrir. Et j'ai déjà assez mal comme ça. J'ai même hésité à mettre ma carrière entre parenthèse pour elle, pour m'occuper d'elle. Mais c'est Gem - Gem c'est ma sœur, elle s'appelle Gemma - c'est elle qui m'a poussé à continuer quand même, et à accepter l'affaire 318, alors qu'elle se déroulait sur le sol anglais.

Et finalement, tu sais quoi ? Finalement elle avait raison, et tu m'énerve pour lui avoir donné cette opportunité d'être une fois de plus dans le vrai.
Elle avait raison parce que ça m'a amené à te rencontrer.

Alors ce que je veux que tu saches Tomlinson, c'est que si tu as peur, pense à moi. Je serais là. Toujours.

...

Voilà, je vais te laisser, faut que j'aille au commissariat de toute façon. Pour ce soir. Alors au revoir.

...

Oh ! Et Louis ? ... M'oublies pas hein, rappelle-moi. »

Sa voix s'éteint lorsque le bip sonore qui signifie la fin du message vocal retenti, et les larmes roulent le long de mes joues, comme les cascades. Elles roulent, sans s'arrêter, sans cesser de me bruler les yeux et de tâcher mes vêtements.
Elles roulent, en inondant mon regard, mon monde, mon univers.

Il m'avait laissé un message. Sur mon répondeur téléphonique. Avant de partir.

« Rappelle-moi. »