Chapitre Dernier.

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« Ce qui arrive à la fin, ce n'est pas l'inévitable ; mais l'imprévisible. » - John Maynard Keynes.

***

Louis.

« Aïe ! »
Je ne sais pas exactement combien de temps j'ai perdu connaissance avec la force de l'impact. Dix secondes ? Trente ? Une minute peut-être bien. Je n'arrive plus vraiment à reprendre la notion du temps que j'ai perdu quand mes yeux se sont fermés.

J'ai juste mal.

J'ai juste mal parce que bordel, je ne pensais pas que se prendre une balle en plein thorax, même avec la protection d'un gilet pare-balle, ça pouvait être aussi douloureux. Pourtant c'est le cas. J'ai horriblement mal ; mal comme si l'on m'avait pris pour le punching-ball de Mike Tyson.

Et c'est pas agréable. Pas du tout.

Mon oreillette a éclaté quand ma tête a heurté le sol et je n'entends désormais plus rien d'autre qu'un sifflement aigu de mon côté gauche. Je suis peut-être bien devenu sourd, je suis peut-être bien mort aussi.
Mais si je suis mort, alors on nous a vendu du rêve et des conneries quand on nous a conté le paradis parfait avec des licornes volantes et des arc-en-ciels colorés. Parce que c'est tout sauf ça hein ; mon paradis à moi, il est noir, froid et douloureux.

Je ne vois rien.

Mais si je ne vois rien, ce n'est pas parce que je suis aveugle, c'est juste parce que mes yeux refusent de s'ouvrir : ils refusent de s'ouvrir parce que j'ai peur.

Un peu du moins. Un peu beaucoup même.

Et ce qui me sort de cette terreur presque aussi instantanément que lorsque l'on m'y a plongé, c'est une voix. Une seule voix. Une seule voix parmi les cris et le bruit de verre brisé.

La voix d'Harry.

Je ne sais pas comment il est arrivé là, je ne sais toujours pas combien de temps je suis resté inconscient, mais je sais que mes paupières se sont ouvertes à l'instant même où je l'ai entendu : ce timbre rauque et grave, ce timbre parfait et chaud, rassurant.

Enfin. D'habitude.

Parce qu'actuellement, son ton rauque et grave à disparu, actuellement, son ton parfait, chaud et rassurant n'est plus là. Sa voix tremble, elle vacille, elle se brise. Et il a peur lui aussi.

Je l'entends.

Je l'entends.

Lorsque ma vue se stabilise enfin après quelques instants de flou total, il y a quelqu'un d'autre à terre, sur ma droite, et je n'arrive pas à identifier qui que ce soit parce que la personne est de dos et qu'elle a un bonnet.
Ce n'est pas une fille.

Mais ce n'est pas Harry non plus.

Parce qu'Harry, il est debout, devant moi, et il fait face à un homme, en noir, un peu plus loin.

Il est face à Drack.

Il joue la barrière, entre lui et moi. Il est là, encore, pour me protéger, pour m'éloigner du danger.

Et je fais un effort surhumain pour me redresser légèrement, discrètement. Je ne dois pas faire de bruit, pas encore ; je ne veux pas déconcentrer le capitaine devant moi.

Parce que c'est avec un seul faux pas que tout dérape.

Alors j'attrape mon arme, toujours dans mon dos, que je n'ai pas eu le temps de sortir tout à l'heure avant de m'écrouler. Je l'attrape mais je la tiens bien fermement dans ma main cette fois, mon index pressé contre la gâchette, et je la dirige vers Drack, qui n'a pas encore remarqué que je m'étais relevé.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant