« La bouche sourit mal quand les yeux sont en pleurs. » Evariste de Parny.
***
Harry.
J'ai les yeux éclatés et encore rouges lorsque je rentre dans le commissariat mais je m'en fou totalement. Je m'en fou mon dieu, je m'en fou. Je crois d'ailleurs que je ne m'en suis jamais autant foutu de ma vie. Le ciel peut nous tomber sur la tête ou devenir brusquement rouge sang, je n'en ai rien à foutre. Rien. A. Foutre. Putain.
_Styles, tu -
_Non, désolé, je coupe Vanessa qui écarquille les iris en remarquant mon teint minable.
Ma voix à ressemblé à un croassement pitoyable et rauque et je n'ai le temps de faire que quelques pas dans le couloir avant qu'elle ne m'attrape le bras. Et mon corps entier se fige sur place.
_Harry, tu vas bien ?
Je secoue la tête et me dégage. Je n'ai juste pas envie d'en parler. A la place, j'ouvre la première porte que je trouve et m'engouffre à l'intérieur sans même vérifier ce qu'elle renferme.
C'est comme ça que je me retrouve caché dans un placard à balai, à six heures cinquante huit, un mercredi matin.
J'ai la tête qui bourdonne, les mains qui tremblent et des sueurs froides qui me coulent le long de la nuque. J'ai la respiration qui s'entrechoque et le cœur qui bat un rythme effréné en ratant une pulsation sur trois. Je crois que c'est ce que l'on appelle une crise de tétanie mais je n'en suis pas sûr parce que je n'en ai jamais fait avant. Mes muscles se contractent tous un par un et mes jambes me font tellement mal que je suis obligé de me laisser glisser sur le sol misérablement.
J'essaye de respirer mais je n'y arrive pas, les mots de l'infirmière rejouent dans mon esprit et j'ai envie de crier. J'ai envie d'hurler mais je ne peux pas : ma gorge est sèche et étouffée de sanglots. L'obscurité est totale dans ce placard minuscule et mon pouls s'emballe un peu plus à cette constatation parce que j'ai peur du noir. Même à vingt-trois ans, j'ai peur du noir.
Et j'ai chaud. J'ai chaud. J'ai chaud putain, et je manque d'air.
Puis là, d'un coup, la porte du placard s'ouvre. Je ne sais pas qui l'a ouverte parce que je suis concentré sur le sol et que je me balance d'avant en arrière de manière fœtale. J'ai surement l'air d'un dément.
Mais je m'en fou.
Et d'un coup, la lumière disparait et mon cœur saute un battement ; la porte s'est refermée. Ma respiration devient bruyante quand je me rends compte que je suis de nouveau totalement seul. J'aurais du relever la tête. J'aurais du demander qu'on me sorte d'ici parce que maintenant j'en suis incapable.
Un haut le cœur me prend et les articulations de mes mains se bloquent. Le bourdonnement dans mes oreilles est devenu aussi strident qu'un sifflement aigu et je suis à deux doigts de me fracasser la tête contre une des parois du mur pour tout arrêter.
Je veux tout arrêter.
Les paroles, les mots qu'elle a employés me reviennent à nouveau et je laisse le premier petit geignement minable m'échapper.
C'est à ce moment précis que je prends conscience que finalement je me suis trompé, je ne suis plus seul. Il y a quelqu'un avec moi, je le sais parce que cette personne s'est accroupie à côté de moi et qu'au moment où je suis sur le point d'hurler, je la sens se rapprocher et poser une main sur mon dos.
Instantanément, une étrange chaleur m'envahi et les tremblements qui me secouent se stoppent.
Ma respiration ressemble toujours à un désastre ambulant et je transpire toujours autant mais j'ai arrêté de tressaillir. Maintenant j'ai juste l'air d'un bouffon qui halète et qui swingue d'avant en arrière comme s'il était schizophrénique.
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318 Case.
FanfictionVoltaire a dit un jour que chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés. Ce que l'on nous a appris à l'école de police, c'est que le vice des forces de l'ordre était l'alcool ; le danger, se faire tuer. On a tous cru et appris bêt...