« Le destin le plus triste et le sort le plus beau, trouvent l'égalité sur le bord du tombeau. » Louis Belmontet.
***
Louis.
Lorsque je pose le dernier cadre dans le carton, je sais que je vais craquer. J'ai réussi à me retenir pendant que j'emballais les dernières affaires qui restaient sur son bureau, j'ai même réussi à me retenir quand sa sœur à fait un discours à l'église et que j'ai du m'assoir sur un banc pour ne pas m'écrouler sur le carrelage livide et froid. Mais là je vais craquer. Je sens déjà les larmes me bruler les yeux, je sens déjà mes jambes me lâcher, et la porte des bureaux claque derrière moi.
_Je savais que je te trouverais là, annonce la voix douce de Vanessa qui s'approche.
J'hoche la tête parce que je sais que je vais pleurer si je parle. Il y a eu trop de pression, trop de douleur, trop de blessures aux cours de ces derniers jours. Je ne peux plus en parler, je ne veux pas en parler ; car même si je n'en ai pas véritablement vu la manière, je sais que c'est une balle qui l'a tué. Une balle tirée par Drack.
_Tu as besoin d'aide ? elle demande doucement, mais je secoue mes cheveux de droite à gauche en me mordant la lèvre.
Je n'ai pas besoin d'aide. J'avais terminé de toute façon. Et il faut que je rentre à la maison.
Seulement au moment où je souffle bruyamment pour me donner contenance, je lâche prise, et je m'ouvre :_On n'était pas vraiment proches au final, tu sais ? j'arrive, par je ne sais quel moyen, à articuler de manière désordonnée.
Elle attrape une pochette cartonnée que j'ai oubliée sur le côté sans rien répliquer d'autre qu'un hochement de tête parce qu'elle est sur le point de s'effondrer elle aussi et plusieurs perles d'eau salée m'échappent. Seulement à ce rythme-là, je m'en fiche, royalement ; puisqu'elle m'a déjà vu en bien pire état, quand j'ai fait ma crise de panique dans la chambre 318.
_C'était... Putain mais c'était pas son heure bordel, je lâche de nouveau, misérablement.
Je n'ai pas pu m'en empêcher, les mots sont sortis tout seul, et ma voix s'est cassée.
_Le Destin est un bâtard.
Je passe alors une main rageuse sur mes joues et ferme le carton d'un coup sec. Sur ce point là pourtant, je ne suis pas d'accord avec elle ; je n'en voudrais jamais au Destin, à l'Univers, ou au fatum, appelez ça comme vous le voulez ; c'est exclu. Je ne lui en voudrais plus jamais.
_Tu es obligé de partir ? elle murmure alors en hoquetant. L'enterrement, c'était il y a deux semaines seulement, ça ne fait pas longtemps, ça va finir par aller mieux, non ?
Je secoue la tête et soupire.
_Ce n'est pas pour ça que je déménage Nessa.
Elle se mord la lèvre et cherche à capter mon regard. Mais je le fui.
_Et Alex ?
J'hausse les épaules avec un élan de remord. Alex, j'ai gardé son numéro, parce que je ne vais pas le rayer de ma vie, non plus. Il est une part de moi, il compte. Mais... Rien ne sera jamais plus comme avant entre nous, on n'est plus ensemble.
_Ce n'était pas le bon ; c'est tout...
Ma voix est devenue un murmure à peine audible et je me fais violence pour terminer :
_Si tu savais ce que je m'en veux d'avoir mis tant de temps à le comprendre putain...
Elle secoue la tête et me prend aussitôt dans ses bras en me serrant du plus fort qu'elle le peut, comme si elle voulait aspirer toute ma peine en une étreinte. Ou alors, c'est pour se consoler elle-même qu'elle cherche à me rompre les os. Mais les deux me vont de toute façon, on est tous les deux bouleversés.
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318 Case.
FanfictionVoltaire a dit un jour que chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés. Ce que l'on nous a appris à l'école de police, c'est que le vice des forces de l'ordre était l'alcool ; le danger, se faire tuer. On a tous cru et appris bêt...