Chapitre Deux.

13.9K 1K 237
                                    

« Ferme les yeux et tu verras. » Joseph Joubert.

***

Louis.

Pour la première fois depuis environ cinq ans, j'arrive en avance au boulot ce matin et c'est un exploit.

Je m'en rends compte parce que la secrétaire de l'accueil n'est pas encore arrivée quand je passe les portes vitrées et que de toute façon, c'est moi qui suis parti le premier de l'appartement.

C'est une sorte de consécration en soi parce que j'avais programmé mon réveil à six heures pour ne pas être en retard et qu'Alex à failli m'étouffer avec mon oreiller pour l'avoir mis aussi tôt. Mais je m'en fiche maintenant, je jubile, je me mets à sourire comme un idiot et ...

... je tombe nez à nez avec l'abruti qui doit toquer avant d'ouvrir une porte.

_Bonjour Tomlinson, sourit-il en retenant une remarque surement désobligeante à propos de ma bonne humeur précoce.

_Capitaine.

Je baisse rapidement les yeux parce qu'il a deux orbes aussi verts que l'émeraude et que ça me perturbe légèrement. Il a deux tasses de café dans les mains et je lève un sourcil quand je vois qu'il m'en tend une.

_C'est pour t'éviter de passer par la cafétéria ; tu ne voudrais pas être en retard dans la salle de conférence le premier jour n'est-ce pas ?

Je sens le rouge me monter aux joues parce qu'évidemment, il fallait qu'il remette ça sur le tapis.

_Vous venez d'Amérique hein ? j'attaque quand même sans daigner répondre à sa question purement rhétorique.

Bouclette est peut-être plus gradé que moi mais je pense que je suis le plus vieux de nous deux alors il ne va pas commencer à m'enquiquiner la vie.

_D'Atlanta.

_Vous n'avez pas l'accent américain.

Ce petit sourire amusé qu'il porte régulièrement depuis hier refait surface et je lève les yeux au ciel.

_C'est parce que je ne le suis pas ; je suis né dans le Cheshire.

Je ne réponds rien et me contente d'avaler une gorgée de café chaud en le regardant. Il a toujours ces boucles brunes qui lui retombent de manière irrégulière sur le front et ça lui donne plus un air de gamin qu'un air de capitaine. Ses yeux verts me fixent aussi et d'une certaine manière, le poids de son regard me gêne.

Sa bouche s'ouvre pour dire quelque chose mais il est coupé par un autre lieutenant qui sort du couloir.

_Capitaine Styles ? Tous les membres de l'équipe sont ici, ils vous attendent.

Il hoche la tête et me fais signe de le suivre pendant qu'il traverse la pièce à grandes enjambées et s'engouffre dans la salle de conférence.

Je m'installe le plus discrètement possible sur un des fauteuils autour de la table, mets mes lunettes, et reporte mon attention sur le tableau blanc devant nous. Styles est debout, près de l'ordinateur, et tape rapidement sur les touches avant de se tourner vers nous.

_Bonjour à tous, dit-il enfin. Je suis le Capitaine Styles et je serais votre supérieur durant le temps de cette enquête. Sachez que, ne connaissant personne ici, vous m'avez tous été vivement recommandé par le Commandant lui-même alors j'attends de votre part de l'efficacité, de la précision et de la clairvoyance.

Personne ne répond mais tout le monde hoche la tête avec sérieux et détermination ; j'imagine que c'est ce qu'il attendait parce que cet éternel sourire satisfait recouvre brusquement ses lèvres.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant