Chapitre Dix-Huit.

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« Hélas, en amour, le temps où l'on réfléchit avant de s'engager, n'arrive bien souvent que trop tard. » Madeleine de Puisieux.

***

Harry.

Ses lèvres sur les miennes, ses doigts sur ma peau, j'ai encore l'impression de flotter quelque part entre deux mondes malgré le fait que plus rien n'est réel. Ce n'est plus que le fruit de mon imagination, ce ne sont plus que mes souvenirs embués, sublimés par la nuit magique que j'ai passé, mais j'ai l'intime conviction qu'il est encore là, qu'il est encore sur moi, partout sur moi, qu'il est encore prêt de moi.

Alors je souris comme un idiot, les yeux fermés, et je me tourne dans mon lit redevenu inconfortable tandis que les premiers rayons du soleil éclairent mon visage encore endormi.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais il est surement tôt puisque mon réveil n'a pas encore sonné. Seulement mes paupières battent faiblement ; je n'ai plus envie de rêver.

Et c'est dangereux.
Parce que si je n'ai plus envie de rêver, c'est que la perspective du monde réel me paraît plus attrayant encore que des chimères. Et ça veut aussi dire que je suis heureux.

Et être heureux, ça me fait un peu peur.

Mais le souvenir des baisers de Louis rejouent sur chaque centimètre de ma peau et des frissons de plaisir me parcourent en entier quand je me rappelle de la manière dont il m'a aimé. Parce qu'il m'a aimé. Vraiment.

Il m'a aimé plus que jamais personne avant lui ne m'avait aimé.

Et ça ne veut pas rien dire, pas pour moi.

Pourtant, quand mes paupières battent doucement pour espérer pouvoir espionner en catimini les traits paisibles et endormis de celui qui m'a fait vivre le plus beau rêve éveillé au monde, je n'attrape que le vide.

Mon lit est vide.

Je suis seul.

Mais je ne veux pas être seul alors je fais ce que j'ai toujours détester faire : je me berce d'illusions. J'essaye de me dire qu'il est juste parti aux toilettes.

Mais la lumière de la salle de bain est éteinte.

Alors je me dis qu'il est juste descendu en bas pour aller chercher le petit déjeuner.

Mais les minutes défilent et il ne revient pas ; puis il est trop tôt pour penser à manger ; et il aurait définitivement pu appeler le service d'étage.

Peut-être qu'il est parti récupérer quelque chose dans sa chambre alors ?

Mais c'est idiot et je le sais.

Alors mon rêve tout entier s'écroule. Je savais que ce n'était pas réel, que ce n'était qu'éphémère et que je n'étais jamais né sous une bonne étoile. Pourtant j'y ai cru putain. J'y ai cru. Et je m'en veux d'avoir pensé naïvement que ce moment allait compter.

Parce qu'au final, il ne comptait pas.

Pas pour Louis.

Parce que Louis a un copain qu'il aime et qu'il était saoul.

Et ça ce n'est plus un rêve, c'est la réalité ; la réalité froide, dure et tranchante : Louis est parti, et avec la réalisation de ce départ, il a tout emporté.

Toute la magie, toutes les paillettes ; et il m'a juste laissé là, comme un con, comme un idiot, comme ce que j'ai toujours été : seul.

*

Il est sept heures trente quand je débarque dans le commissariat de Cardiff. J'ai finalement été frapper à la porte de la chambre de Louis mais la femme de ménage qui passait dans le couloir m'a informé qu'il avait rendu les clefs à la réception il y a une heure déjà.

Alors me voilà, débarquant comme une fleur dans le service de criminalité que j'ai quitté hier comme une tornade, trainé par un Louis qui voulait me faire « manger un morceau ».

Et il est là, ce lieutenant châtain clair qui m'a retourné la tête la nuit dernière, dos à moi, appuyé contre un bureau en observant le tableau de preuves qui lui fait face.

_Capitaine, me salue un des officiers local en me voyant entrer.

J'hoche juste la tête mais ne quitte pas des yeux la silhouette qui s'est brusquement tendue. Parce qu'il sait que je suis là maintenant.

Je rends encore plusieurs sourires compatissants dû au succès littéral de l'opération d'hier ; ironie, quand tu nous tiens ; et je m'arrête au niveau de la pile de fax qu'on a reçu dans la nuit.

C'est à ce moment-là que Louis se retourne, doucement, mécaniquement.

Puis je sais. Je sais au moment où ses yeux océans croisent les miens que j'avais raison ; ça n'a pas compté, ça ne voulait rien dire. Il n'y a aucune émotion dans le bleu glace de ses iris.

Il secoue négativement la tête, juste un peu, légèrement, imperceptiblement.

Et j'ai aussitôt l'impression d'être trainé sur des kilomètres de boue visqueuse.

Je n'ai même plus l'impression d'être son chef au final puisqu'il m'a eut ; je ne suis plus rien.

Je n'ai plus aucune hiérarchie, plus aucune autorité.

Je l'aime.

Et ça fausse tout.

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Hello there. :) 
Ne me détester pas, moi je vous aime. J'ai rien à ajouter, hormis le fait que j'ai posté une nouvelle petite histoire pour l'anniversaire d'une amie. (Elle ne comportera pas plus d'environ sept chapitres et je pense qu'ils seront postés rapidement). Donc si vous êtes en panne de lecture, pensez à moi. 
Smack. ♥

- Cam. xx

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant