Chapitre Vingt-et-Un.

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« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez, et votre âme se rendra malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. » Oscar Wilde.

***

Louis.

Lorsque j'arrive au commissariat le lendemain matin, j'ai les yeux rouges, la gorge enflée, et j'ai toujours envie de vomir.

L'air est froid dans les bureaux déserts et je suis pratiquement sûr que c'est parce que le staff a judicieusement laissé la climatisation tourner toute la nuit ; génial, je me disais justement que mon cœur n'était pas encore assez gelé.

Je ferme donc au passage une fenêtre qui ne me vaut rien d'autre qu'un frisson, et je me dirige vers mon ordinateur et mes dossiers, que je sais qu'il faut que je termine de classer avant la fin de la semaine.

Seulement au moment où je tire ma chaise en arrière pour me laisser tomber dessus lamentablement et enfouir ma tête dans mes bras, je remarque que quelqu'un est déjà passé avant moi.

Et cette personne a laissé un café crème juste devant mon clavier.

Mes yeux s'ouvrent aussitôt grands comme des ballons et mes jambes se mettent à trembler. Il fait chaud, il fait diablement chaud et je sens, sans pour autant comprendre pourquoi, que la pointe acérée et tranchante de la colère me lacère l'estomac.

Ce n'est pas possible, il n'a pas fait ça.

J'ose à peine bouger pourtant elle est là, elle est réelle, et putain il a même déposé deux pierres de sucres dans la coupelle, ce con !

_Putain ! je hurle soudain en reculant d'un pas. Putain de merde Styles !

Et c'est comme s'il avait campé derrière la porte des bureaux en attendant que je l'appelle parce que j'ai à peine finit ma phrase qu'il pousse le battant et entre dans la pièce comme la rosée du matin, un bandana rouge dans les cheveux.

Ma colère se transforme immédiatement en fureur et je jette ma sacoche sur le sol dans un vacarme assourdissant : elle a entraîné dans sa chute une pile de bouquins qui était dangereusement posée sur les étagères dans mon dos.

_Wow, il sursaute aussitôt. Je ne savais pas que tu -

_Arrête Harry, je le coupe violement. Tu savais très bien que j'étais là.

Je ne sais pas pourquoi j'ai cette réaction, elle n'est pas normale, pas logique, et je me fais flipper tout seul : Putain elle n'est pas rationnelle ma réaction, bon sang !

Ses pas se sont stoppés net dès que j'ai haussé le ton et il me regarde, choqué.

_Louis, tu -

_Tait-toi Harry ! Putain mais tu ne peux pas faire ça ! Tu n'as pas le droit !

Si je continue à crier ainsi, je vais ameuter toute l'équipe, mais je m'en fou. Ma vie est un véritable capharnaüm, un bazar total, un fouillis mélangé de je-ne-sais-quoi et de je-ne-sais-plus qui s'embrouille un peu plus chaque jour avec les secondes qui passent.

_Louis -

_Merde ! Même pas tu me parles, même plus tu me regardes !

Je fais un tour sur moi-même et passe deux mains dans mes cheveux en soufflant bruyamment.

_Louis...

_Ta gueule !

Aussitôt, dans un geste désespéré et impulsif, j'attrape la tasse remplie que je jette contre le mur le plus proche. La porcelaine se fracasse et s'éclate contre le crépi blanc.

318 Case.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant