Wotan quitta Elmin le lendemain. Il voyageait avec une petite escorte de quatre gardes des deux sexes. Il avait tenu la promesse faite à Saalyn, les trois prostituées l'accompagnaient. Tout le monde chevauchait sur un hofec nain, le fameux lézard-dragon que les stoltzt utilisaient comme monture. Les trois femmes s'étaient facilement faites à l'idée de grimper sur ces fauves et n'avaient pas tardé à les maîtriser. Il faut dire que les hofecy étaient des animaux très intelligents, ils s'étaient vite adaptés à leur cavalière. Et il n'était pas sûr que ce soit elles qui les dirigent. Il était plus vraisemblable qu'ils décidaient eux-mêmes de leur trajet, se calquant sur leurs congénères.
Tout l'équipage menait bon train en direction de l'ouest. L'objectif était de rejoindre le fleuve. À la hauteur d'Elmin, il n'y avait pas moyen de descendre jusqu'à sa rive, en tout cas Wotan n'en connaissait pas. La falaise était trop haute et trop raide. Mais elle n'était pas hors de portée des catapultes d'une frégate helarieal. À défaut de transporter le pentarque, le navire pourrait donc assurer sa protection.
Ils chevauchaient depuis moins d'une demi-journée quand un incident interrompit le voyage. Un groupe d'une dizaine d'humains barrait la route. Les voyageurs s'arrêtèrent à une distance raisonnable. Wotan attendit, imperturbable. Les gardes n'avaient pas sorti leurs armes, mais ils étaient devenus extrêmement vigilants.
Celui qui semblait être le chef s'avança.
— Nous ne vous voulons pas de mal, dit-il.
— Alors pourquoi nous avez-vous monté une embuscade ? demanda Wotan.
— Vous avez quelque chose qui nous appartient, rendez-le-moi et vous pourrez continuer votre chemin.
— Tout ce que nous transportons nous appartient.
D'un geste large de la main, le chef désigna les trois femmes. Wotan regarda dans la direction.
— Je ne comprends pas, dit Wotan, ces hofecy ne transportent rien.
— Les femmes, dit l'homme, elles sont à moi.
— Ce n'est pas vrai, s'écria Silmenare, moi je ne t'appartiens pas.
D'un geste de la main, Wotan lui intima le silence.
— Vous parliez de quelque chose, pas de quelqu'un. C'est pour ça que je ne comprenais pas.
Le chef manifesta son agacement en croisant violemment les bras. Mais quelques-uns de ses complices se sentaient mal à l'aise. Leur victime était trop désinvolte. Ils commençaient à se demander s'ils ne l'avaient pas sous-estimée.
— D'autant plus, que l'esclavage étant interdit en Yrian, continua le pentarque, les personnes ne peuvent pas appartenir à quelqu'un. Ces trois femmes ne peuvent pas être à vous.
Le chef remarqua à son tour que le ton de la dernière phrase avait changé. Il était plus dur, manifestant de l'autorité. Il ne se démonta pas pour autant.
— Il n'y a pas de représentants de la loi ici, dit-il, il n'y a que moi. Si tu refuses de me rendre les filles, je les reprendrai de force.
— Viens les prendre.
Toutefois en disant ça, les gardes avaient sorti leur arme, une lance courte mais à la pointe de pierre polie mortellement acérée.
— Si tu y arrives, compléta Wotan.
— J'y arriverai. Tu n'as que quatre gardes, nous sommes dix. Et vu le peu de marchandises que tu transportes, tu n'as pas dû choisir les meilleurs.
— Tu penses pouvoir nous tuer ? Non, seulement j'en doute. Mais si réellement tu y arrivais, tu serais pourchassé par la garde royale. Tu n'aurais nulle part où fuir.
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L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)
FantasíaSoixante ans se sont écoulés depuis la guerre qui a mis fin au règne des tyrans. Une civilisation a pu renaître sur les ruines, malgré la subsistance de poches de chaos. Mais la plus grande partie du continent reste mortelle. Vivant en limite de la...